Ce mêlange est le plaisir le plus recherché du théatre, & le seul pour bien de gens, qui n’écoutent pas même la piece, & ne s’occupent que des femmes qu’ils y voient. […] Mais il est vrai que quelque infinie qu’en soit la disproportion, on se sert de l’image des plaisirs de la terre pour peindre les délices du ciel. […] Leur plus grand plaisir est d’admirer, de louer, d’embellir leurs graces naissantes par mille ornemens puériles, les inities dans ces sublimes mysteres, & leur en donner le goût exquis. […] Célibataire dans le mariage, on se dédommage par le crime du plaisir légitime qu’on s’interdit. […] Nos Actrices se verroient avec plaisir dans le portrait de leur beauté, de leur magnificence ; mais voudront-elles se reconnoître dans celui de leur misere & de leur laideur ?
Mes Parents s’en apperçurent avec peine : mais mon inclination plus forte que leurs scrupules me peignait le Théâtre comme une profession si aimable que je ne perdis jamais l’occasion de m’essayer dans des parties de plaisir, sur le talent que je voulais exercer un jour. […] Ce n’est pas cependant que je croie qu’on ne puisse faire mieux ; si vous vous sentiez la force nécessaire pour employer tous vos loisirs envers Dieu, vous pécheriez mortellement de ne pas vous livrer à ses saintes inspirations ; mais si vos passions sont trop tumulteuses, et qu’il n’y a qu’un plaisir innocent qui puisse vous en distraire, je vous conseille de le prendre. […] Quel plaisir pour le Public de lui prodiguer cette satisfaction ! Quel plaisir pour le Public de pouvoir faire une allusion flatteuse de l’Héroïsme représenté à des Héros actuellement présents. […] A Dieu ne plaise que je croie que cet amour propre sait condamnable, il est au contraire très naturel de penser que Dieu a attaché du plaisir à bien faire et à faire mieux que les autres, tout ce qu’on fait.
C’est ainsi que les grands hommes font de petites fautes pour en tirer de nouveaux charmes ; tant il est vrai que le génie est au-dessus des regles ; mais il ne doit se permettre de les sacrifier qu’à nos plaisirs. […] En vain on a sous les yeux l’exemple des Maîtres, à qui cette partie si essentielle à échappé dans leurs premiers Ouvrages, faute des connoissances suffisantes ; on ne peut se déterminer à s’en munir, pour atteindre à une perfection inutile aux plaisirs de son siécle.
Vous avez trop de piété, Monsieur, pour vouloir en dédire Saint Augustin : mais s’il m’était permis de me citer, profane que je suis, après une autorité sacrée, j’oserais vous rappeler une tirade de ma Satire, où j’ai fait voir qu’on ne va point à la Comédie pour se rendre plus vertueux ; qu’on y va seulement dans la vue d’un délassement agréable ; qu’au contraire notre orgueil se rend quelquefois plus fier par le plaisir malin que nous sentons à détourner sur le prochain la peinture des vices qui sont représentés dans les Comédies ; qu’enfin tout le fruit qu’on en retire, c’est d’apprendre le secret d’être vicieux, sans passer pour ridicule. […] Regardez, Monsieur, mes objections comme les doutes d’un homme, qui cherche à s’instruire, et qui sait que vous aimez qu’on se défende, afin de vous faire mieux goûter le plaisir de la victoire.
Vos yeux ne sont point souillés d’un plaisir infâme, mais le plaisir que vous donnez aux autres, vous souille vous-même.
Comme l’amour du spectacle fait partie des goûts de la jeunesse, elle va aujourd’hui porter ailleurs ce qu’elle peut sacrifier à ce genre de plaisir. […] Tel qui n’a pas deux francs vingt centimes pour s’enivrer du plaisir de voir Lasond faisant le rôle d’Achille, Talma dans les fureurs d’Oreste, Raucourt dans Clytemnestre, Fleury dans Andromaque, Iphigénie ou Chimène, va badauder pour rien sous les tréteaux en plein air de Paillasse et de Polichinelle ; ou voir, pour douze sols, les Rois et les Reines du théâtre Sans Prétention.
J’ai lu jusqu’ici vos Lettres avec assez d’indifférence, quelquefois avec plaisir, quelquefois avec dégoût, selon qu’elles me semblaient bien ou mal écrites. […] Mais Saint Augustin s’accuse aussi d’avoir pris trop de plaisir aux chants de l’Égliseg.
Cyprien, de perdre quelque chose des intérêts & des plaisirs du siécle, quelque ignorant qu’on soit, on est toujours assez habile à trouver des raisons pour s’en deffendre.
des Théâtres, il ne parle que de la compassion qu'il avait pour les misérables que l'on représentait dans les Tragédies, et de laquelle il faisait lors son plaisir, disant qu'il était fâché lors qu'il en sortait sans être ému de douleur, et qu'il entrait dans les interdits des Amants, étant bien aise quand ils obtenaient ce qu'ils avaient désiré.
La reine, mère de Louis XIV, le cardinal Mazarin et le chancelier Séguier, se faisaient un plaisir d’exercer l’esprit de cet enfant.
L’Esculape ès Processions Païennes était un Dragon en bosse de toile peinte, qui ouvrait et fermait la gueule, et montrait une langue fendue et noire, par les cordes de poil de cheval que celui qui la portait serrait et desserrait à son plaisir.
Caractere de l’indiscrétion pour les plaisirs, 34. […] Sa réflexion sur l’excès des plaisirs publics, 455 Militaires. […] Trahison des plaisirs, 488 Montazet (de), Archevêque de Lyon. […] Ses Réflexions sur les Spectacles, b, 198 Plaisirs. […] Dangereux & condamnables par l’objet du plaisir qu’on y éprouve, 32.
Verroit-on avec plaisir le Maréchal de Saxe, le Vicomte de Turenne, le Prince de Condé, Louis XIV, Louis XV, entre les mains des histrions ? […] Tout leur mérite consiste dans un petit nombre de bons mots & de traits de bonté de ce Prince, qu’on entend répéter avec plaisir, parce qu’on aime ce caractere de franchise, de cordialité, de familiarité, inconnu dans les Cours. […] Il y est encore fait mention de plusieurs Seigneurs dont les familles subsistent : elles ont vu avec plaisir parler de leurs ancêtres, & ont protégé le panégyriste. […] Ceux qui ont eu le plaisir d’y rire ou d’y pleurer en sont la preuve. […] Tout fut sacrifié au plaisir de se séparer de sa femme que lui procura Brulard, qu’il crut ne pouvoir jamais trop récompenser.
Cette offre, qui présente des plaisirs en échangent d’une aumône, a été accueillie (& affichée à tous les carrefours). […] C’est dommage pour les spectateurs : mais c’est l’avantage des acteurs, & si la distribution se fait autrement, le plaisir du spectateur peut faire à un jeune acteur un tort irréparable . […] Ainsi si les spectateurs doivent entrer dans les mêmes sentimens, pour bien goûter les plaisirs du spectacle, & se rendre mauvais pendant tout le temps qu’il dure, le même danger doit les faire trembler. […] Moliere se trouvant chez ce prélat, je ne fait par quel hasard, car ces deux hommes étoient peu faits l’un pour l’autre, les courtisans présenterent des truffes à Son Excellence, qui en étoit fort friande, & pour lui faire plaisir s’écrierent avec transport, des Truffes, Monseigneur, des Truffes ! […] Ce petit conte est fait à plaisir, pour lancer un trait malin contre les gens d’église.
Et peuvent-ils n’y point avoir accès, puisqu’ils sont écoutés avec plaisir ?
Laissons la s’agiter de rage, & trouver à redire jusques dans nos plaisirs.
En un mot, ce n’est qu’au dénouement qu’on voit avec plaisir un grand nombre d’Acteurs occuper la Scène ; l’art veut même alors qu’on fasse paraître généralement tous ceux qui ont agis dans le cours de la Pièce ; ainsi que je l’ai recommandé plus haut.
me voila ma Rivale : on est devenu d’un froid… Mais quels plaisirs j’éprouve !
Comment permettrait-elle les spectacles dans ce temps qu'elle appelle un temps favorable, et des jours de Salut, puisqu'elle en a banni les plaisirs permis en d'autres temps, et qu'elle a même retranché de ses offices toutes les démonstrations d'une sainte réjouissance, principalement pendant le carême qui est un temps consacré à la mémoire de la Passion de Jésus-Christ.
Secondement lorsqu’il parle dans cet endroit du plaisir que ces histrions donnaient au peuple « en paroles et en actions », il ne sort point de l’idée des discours facétieux accompagnés de gestes plaisants : ce qui est encore bien éloigné de la comédie.
Rien n’est plus funeste à l’intégrité des mœurs que les jeux du théâtre : là, le vice s’insinue avec le plaisir dans l’âme, parmi la fascination des yeux et l’enchantement des oreilles41.
Ils ont reconnu des Harpagons dans tous les degrés de l’avarice, et même dans une sage économie : tel fils a insulté et volé son père, parce qu’il lui refusait les choses nécessaires à la vie ; tel autre a manqué au sien, parce qu’il ne voulait rien y ajouter ; celui-ci, adonné aux jeux, aux plaisirs, aux dépenses folles, s’est élevé insolemment contre son père prudent, en qui il voyait un autre Harpagon, parce qu’il lui refusait de l’argent, ne voulant pas contribuer à ses excès : celle-là s’est comportée de même envers sa mère qui, ayant ou prévoyant des besoins plus urgents, lui refusait le prix d’une parure dont elle pouvait se passer, etc. […] Et après cette clémence, plus que divine, comme l’auteur, par une autre contradiction, le montre lui-même dans son Festin de Pierre, où Dieu engloutit un méchant, recommandée dans le Misantrope envers les agents de tous les désordres de la société, des plus grands maux qui accablent les hommes ; si vous vous rappelez les coups sensibles et redoublés qui ont été portés aux femmes les plus innocentes des malheurs du monde ; si vous réfléchissez à l’extrême rigueur avec laquelle ont été punies par le même auteur dans deux autres pièces fameuses des fautes de grammaire, ou des ridicules, quelques travers à l’égard desquels ses préceptes d’indulgence étaient excellents et obligés ; si vous remarquez encore qu’après avoir ridiculisé les délassements et les plaisirs honnêtes des sociétés les plus décentes de son temps, et avoir renvoyé durement à leurs aiguilles et à leur pot au feu des femmes plus opulentes et plus distinguées que la Dlle de Sotenville, personnage de l’Ecole des Femmes, il donne pour exemple cette dernière qui a des goûts et tient une conduite tout-à-fait opposés à celle qu’il prescrit aux autres ; car c’est bien la proposer de fait pour exemple contraire que de la rendre le personnage aimable de la pièce, et de lui donner raison, la faire applaudir en public lorsqu’elle rejète les remontrances de son époux, qui lui rappelle des préceptes appropriés à celui des aiguilles et du pot au feu, et refuse de se consacrer à son ménage et à sa famille, en déclarant qu’elle ne veut pas s’enterrer, qu’elle n’entend pas renoncer aux plaisirs du monde, qu’elle se moque de ce que disent les maris, qu’elle veut jouir indépendamment d’eux des beaux jours de sa jeunesse, s’entendre dire des douceurs, en un mot voir le monde ; tel est le langage de la maîtresse de cette école (Ariste que Molière rend exemplaire aussi dans l’École des maris est parfaitement de l’avis de donner toutes ces libertés aux femmes ; elles en ont bien joui depuis ces inspirations ; quand on les leur a refusées, elles les ont prises) ; si on fait ces rapprochements ou remarques, dis-je, sans prévention, il est impossible, à la vue de tant de contradictions incontestables et de cette variation de principes et de conduite de ce fameux poète comique, de ne pas soupçonner au moins que son désir d’améliorer les mœurs était aveuglé et dirigé par une verve impérieuse et désordonnée qui le portait à appréhender et fronder à tort et à travers telles classes, telles professions et réunions, ou telles personnes, et de faire rire le public à leurs dépens, et au profit de sa manie et de sa renommée. […] Les femmes n’avaient rien de plus précieux que les prérogatives de leur sexe ; elles préféraient à de plus doux plaisirs les jouissances de leur propre estime et de l’estime des autres. […] … On pourrait alors, sans craindre d’exciter le courroux de personne et de s’attirer d’amers reproches, ou des réfutations passionnées et aveuglément injurieuses, dire des ouvrages ou des tableaux pleins de vérités qui n’étaient pas bonnes à jouer de ce peintre incomparable, que c’est en effet leur malice, leur esprit ou leur gaîté, qui fait plaisir et qu’on applaudit, que c’est leur bon effet de faire rire qui empêche aujourd’hui d’en voir les mauvais, comme il a empêché autrefois de les prévoir.
Pour ajouter aux charmes de la lecture une partie de l’illusion que fait la scene, & le plaisir des yeux à celui de l’esprit, on a réuni tout ce que la beauté de l’impression, des desseins, de la gravure, peut avoir de plus séduisant ; choix des artistes, dépense pour avoir de beaux desseins, frais d’impression, du beau papier (superfin), beau caractere, rien n’a été negligé, nous avons engagé M. […] Le plaisir est interrompu & trop borné quand il ne voit qu’une scene en grand, & le reste en mignature ; comme si on fait jouer la fin de la piece par des hommes ordinaires & le reste par des nains. […] La dépense, il est vrai, seroit plus grande, & le livre plus gros ; qu’importe, peut-on trop faire pour le grand Moliere, le grand Voltaire, le grand Marmontel, & pour procurer au genre humain le plaisir essentiel du théatre, sa propre à réformer les mœurs ? […] Ira-t-on chercher au loin un plaisir, qu’on peut sans frais, sans embarras, sans risque, goûter quand on veut dans son fauteuil ? […] Les Actrices la joueroient avec plaisir & d’original.
« Je me rends, dit le Chapelain, je cesserais au milieu d’un Sermon pour vous faire plaisir. […] Ce plaisir-là n’est guère digne d’un Protestant et ne fait pas beaucoup d’honneur à la Réformation. […] Mais ce n’était pas le dessein de ces Poètes de se donner à la postérité pour des prévaricateurs et pour des sibilotsaf, uniquement afin de goûter le plaisir de mal faire. […] L’Athée qui se borne à soi-même, et qui ne se soucie pas d’un avenir qu’il ne croit point, n’a d’autre attention qu’à tirer tous les avantages possibles du présent : son intérêt et son plaisir sont ses Dieux, auxquels il n’hésitera pas de sacrifier tout. […] D’un autre côté, quelle espèce de plaisir découvre-t-on dans ce composé de mauvais sens et d’abus ?
L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise. […] Un homme fastueux y étale la magnificence, un homme modeste y répand la simplicité ; les couleurs sombres ou des couleurs vives, décelent la gayeté ou la mélancolie ; un homme de bonne chere voudroit de grotesques, des figures bachiques, qui présentent des plaisirs à la table. […] Les songes, il est vrai, ne sont pas des actions libres, puisque l’homme est alors plongé dans le sommeil, & par conséquent ils ne sont pas des péchés par eux-mêmes ; mais comme l’esprit s’occupe ordinairement dans le sommeil, des mêmes objets dont il s’occupoit pendant le jour ; les songes sont communément le portrait du cœur, & le fruit des passions, ils les entretiennent même, & il n’est pas rare qu’on se les rappelle pendant le jour, & qu’on se plaise dans l’impression voluptueuse qu’ils ont pu faire ; ils peuvent donc être volontaires dans leur principe, quand on s’est volontairement occupé de l’objet criminel qui les a produit, ou dans leurs suites, lorsqu’on se rappelle volontairement, pour goûter encore les plaisirs criminels qu’ils ont fait goûter en dormant, les songes font alors un très-grand mal ; les rêves sont des peintres qui copient les originaux, les multiplient, les embellissent, les rendent plus piquants ; source féconde de péché, que la peinture & la sculpture ouvrent sans cesse.
Si l’on m’instruit plus qu’il n’est nécessaire, je vois d’un œil indifférent des événemens que j’ai prévu ; si l’on ne m’instruit pas assez, l’attention fatigante que je suis contraint de donner à ce qui se passe sous mes yeux, afin de tâcher d’y comprendre quelque chose, me rebute bientôt, & me rend une peine ce qui devrait être un plaisir. […] Le commencement des Pièces ne doit être jamais froid, & particulierement celui des Poèmes chantans : un Duo, ou bien une Ariette s’y voient toujours avec plaisir, sur-tout quand l’on n’a rien d’interessant à dire aux Spectateurs, & que les personnages ont quelque sujet d’agitation. […] On sçait bien qu’une Pièce ne peut pas durer toujours ; mais on ignore par quels moyens elle sera terminée ; & le Dénouement, quoiqu’attendu, n’en fait pas moins de plaisir.
Elle en regarde le commencement, la suite et le dénouement, si les passions y sont traitées avec délicatesse, ou avec force et véhémence selon leur nature, ou selon leur degré, si les caractères et les mœurs des nations, des âges, des conditions, des sexes et des personnes y sont gardées: si l'action, le temps, et le lieu sont conformes aux règles que les Poètes se sont prescrites pour faire que l'esprit de l'Auditeur n'étant point partagé soit plus susceptible du plaisir, ou de l'instruction qu'on prétend lui donner: si la versification en est belle et pure, et si les vers aident, par leur tour, par leur justesse, par leur son, par leur gravité, par leur douceur, par leur richesse et leur magnificence, par leur agrément, par leur langueur ou par leur vitesse, à la fidélité de la peinture que les pensées qu'ils expriment, doivent faire dans les esprits, ou à l'émotion du cœur qui doit être excité par les sentiments qu'ils représentent. […] Le désir de plaire est ce qui conduit le premier, et le second est conduit par le plaisir d'y voir peintes des passions semblables aux siennes: car notre amour-propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi bien que ceux de nos personnes. […] Mais les Comédiens font céder toutes ces considérations à leur avarice, et les mauvais Chrétiens à leur plaisir.
Ajoûtez la disposition ordinaire, qu’on apporte à la comedie, où l’on ne va, que pour recevoir avec plaisir & douceur tous les charmes du theatre. […] La vertu la plus severe ne s’en pourroit presque pas garantir, & vous voulez, que des gens, qui ne respirent que les plaisirs des sens, puissent être avec innocence parmi tant de dangereux apas, où ils se jettent encore, & se plaisent ?
c’est un acte de générosité : ne doit-on rien à ceux qui s’immolent au préjugé, pour nous faire passer des momens délicieux, & tempérer, par d’utiles plaisirs, l’amertume de la vie ? […] Quel plaisir de tout pardonner à ce que l’on aime !
Le Conistra était le parterre : le Bouleuticon, la place des Magistrats : les Diazoma, des corridors ; les Gradins, de petits escaliers, pour monter d’un rang à l’autre ; le Cercys, l’endroit le plus élevé, destiné pour les femmes ; l’Ephébicon, l’endroit où se plaçaient tous les Citoyens dès qu’ils avaient atteint dix-neuf ans : les Echæa, étaient des vases d’airain soutenus dans de petites cellules par des coins de fer, sans toucher à la muraille, & disposés de sorte, que la voix sortant de la bouche des Acteurs comme d’un centre, se portait circulairement vers les corridors ou paliers, & venait frapper la concavité des vaisseaux, qui renvoyaient le son plus fort & plus clair : il y avait jusqu’à trois rangs de 26 Echœa dans les grands Théâtres : l’Orquestre était destiné aux Danses chez les Grecs, aux Spectateurs qualifiés chez les Romains ; l’Hyposcénion (Sous-Scène) était un réduit pratiqué dans l’Orquestre, pour la commodité des Joueurs d’instrumens & des Personnages du Logéon, qui s’y tenaient, jusqu’à ce que l’exécution de leurs Rôles les obligeât à monter sur le Logéon, ou lieu de la Scène : l’Agyéus était un Autel consacré à Apollon ; car, dans les anciennes Religions, les Dieux présidaient à tous les plaisirs des hommes ; doctrine admirable… L’Odéon était le lieu de la Musique ; le Podion, la balustrade qui séparait le Proscénion de la Scène du Théâtre Romain ; l’Episcénion n’était autre chose que le plus haut rang de colonnes, lorsqu’il y en avait trois l’un sur l’autre : le Sciadion se nommait Umbella chez les Romains : c’est notre Parasol. […] Alors le Philosophe Socrate & le Savetier Mycicle, allaient également jouir des plaisirs innocens de la Scène.
En effet, Messieurs, quand vous raisonnerez de la sorte, nous n’aurons rien à répondre, il faudra se rendre, car de me demander comme vous faites, si je crois la Comédie une chose sainte, si je la crois propre à faire mourir le vieil homme, je dirai que non, mais je vous dirai en même temps, qu’il y a des choses qui ne sont pas saintes, et qui sont pourtant innocentes : je vous demanderai si la Chasse, la Musique, le plaisir de faire des Sabots, et quelques autres plaisirs que vous ne vous refusez pas à vous-mêmes, sont fort propres à faire mourir le vieil homme, s’il faut renoncer à tout ce qui divertit, s’il faut pleurer à toute heure ?
Voilà me semble la principale raison qui a élevé les Comédiens sur les débris de la fortune des Auteurs, qui, dans le droit, sont les seuls créateurs des plaisirs que le Théâtre procure.
Le motif qui me fait écrire n’est pas celui de contrarier par partie de plaisir : cette soif méprisable ne m’a point guidé : je me suis consulté avant d’entrer dans cette carrière dangéreuse où tant d’autres ont échoué … J’en vois plus d’un étendu sur l’arène.