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123. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Philosophes du jour, âmes superbes et vaines ! […] C’est une consolation bien douce à son âme sensible de rappeler à la sainteté de ses engagements, un époux chagrin ou bizarre, que n’avaient pu désarmer les grâces d’un sexe dont la douceur et la beauté sont si souvent le moindre apanage. […] S’il a de l’âme et du sentiment, c’est là qu’il en doit montrer toute la chaleur et l’énergie ; c’est là que dans un vaste champ, il peut appeler à son secours le Dieu même de l’éloquence. […] une voix fulminante A leur âme de fer imprimait l’épouvante : Tout tremblait sous sa main : le méchant consterné D’un ténébreux abîme était environné. […] Il est impossible que l’avocat chargé de porter la parole devant des hommes aussi vénérables, ne se sente pas l’âme agrandie, et ne s’élève pas au ton de respect et de dignité que leur aspect inspire naturellement.

124. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Mais, pour les rendre plus expressives, il faut qu’elles lui reviennent avec tous leurs agréments empoisonnés et toutes leurs grâces trompeuses » : il faut même qu’il les excite en lui-même, que son âme se les imprime pour pouvoir les exprimer extérieurement par les gestes et par les paroles. […] « C’est au milieu de cet imposant appareil, si propre à élever et remuer l’âme, que les acteurs, animés du même zèle, partageaient, selon leurs talents, les honneurs rendus aux vainqueurs des jeux, souvent aux premiers hommes de la nation. […] J’adjure tout homme sincère s’il ne sent pas au fond de son âme qu’il y a dans ce trafic de soi-même quelque chose de servile et de bas.

125. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Les agréables accords de la Musique transportent son âme ; ils lui peignent la divine harmonie des productions du Souverain Etre, & le remettent à l’unisson avec tout lui-même : la Danse ajoute à l’agréable sensation que produit la Musique ; ce dernier art est une émanation du premier : il réalise aux yeux, ce que les sons font percevoir à l’oreille ; une joie délicieuse, redoublée se glisse par deux sens à la fois dans son âme ravie. […] Loin de-là, je soutiens que si, d’un côté, ces deux objets peuvent être dangereux sur la Scène ; de l’autre, l’expression honnête & délicate du plus doux sentiment de notre âme, est ce qui peut donner aux Pièces tragiques ou comiques, un plus grand degré d’utilité ; & que la présence, le jeu des femmes sera précisément, lors de la Réforme proposée, ce qui rendra le Spectacle national plus réservé, plus digne de notre respect & de notre vénération. […] Le jeune-homme qui vient d’être ému, troublé, transporté hors de lui-même, s’est mis à la place de l’Amant ; il a cru voir dans celle qui représentait l’Amante, l’objet qui doit faire sa félicité ; son âme abusée ; s’est élancée vers l’Actrice ; la personne a fait oublier le rôle : dès le lendemain, il court revoir son enchanteresse, & dans la bouche de cette femme, les maximes saines, salutaires ne font plus que parer des charmes de la vertu l’idole de la volupté. […] Si d’un côté, vous ôtez aux Comédiens actuels la considération, l’estime publique, les honneurs, en un mot, tout ce qui a du pouvoir sur l’âme des honnêtes-gens ; & que de l’autre vous accumuliez les obligations, les devoirs ; que voulez-vous qui les soutienne, & comment la balance gardera-t-elle l’équilibre ?

126. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXIII.  »

Ainsi le besoin que l'on a de se délasser quelquefois, ne peut pas excuser ceux qui prennent la Comédie pour divertissement; puisqu'elle imprime, comme nous avons dit, des qualités venimeuses dans l'esprit, qu'elle excite les passions, et dérègle toute l'âme.

127. (1675) Traité de la comédie « XXIII.  » p. 311

Ainsi le besoin que l'on a de se délasser quelquefois, ne peut pas excuser ceux qui prennent la Comédie pour un divertissement, puisqu'elle imprime, comme nous avons déjà dit, de mauvaises qualités dans l'esprit, qu'elle excite les passions, et dérègle toute l'âme.

128. (1675) Traité de la comédie « XXXIV.  » p. 330

Un des premiers effets de la lumière de la grâce est de découvrir à l'âme le vide, le néant, et l'instabilité de toutes les choses du monde, qui s'écoulent et s'évanouissent comme des fantômes; et de lui faire voir en même temps la grandeur et la solidité des biens éternels.

129. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Mais jetons un coup d’œil rapide sur les ministres d’une religion austère, sur ceux mêmes qui en suivent extérieurement les préceptes, sur tous ceux qui la font servir à leurs lâches projets, soit pour satisfaire leur envie, soit pour protéger leur ambition, et nous trouverons comme compagnes inséparables de leurs caractères : l’insatiabilité, qui les rend avides de richesses, d’honneurs et de vénération servile ; l’égoïsme, qui les porte à tout faire pour eux-mêmes et à ne rien rapporter aux autres ; insensibilité, qui, après avoir endurci leurs cœurs à la vue des maux qui accablent l’humanité, à l’aspect des souffrances qui précèdent la mort, et que, dans leurs exercices, ils sont appelés à contempler, rend leur âme inaccessible aux douces impressions de la vertu et aux charmes de la sociabilité ; la cupidité, qui les rend sévères pour ceux dont la misère réclame des soins qu’elle ne peut assez récompenser, adulateurs et serviles auprès de ceux à qui les richesses et le faste permettent de faire de nombreux sacrifices. […] [NDE] Le nuit de sa mort, Pier Soderini se présenta à la porte de l’Enfer ; mais Pluton lui cria, Comment, l’Enfer, âme stupide ?

130. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Si les comédies ont fait une leçon, les farces font un jeu des impuretés ; les rapts et les adultères y passent pour des galanteries, on les représente avec quelques rencontres lascives qui gagnent l’attention, et qui font passer l’effronterie pour une subtilité : l’esprit se fait insensiblement des habitudes du mal, par ces pernicieux exemples, et la grande compagnie qui les regarde avec plaisir, fortifie les âmes encore timides, contre les sentiments de la honte. […] Ouvrir son âme aux cruelles, ou aux lascives idées de ce qui se joue sur les théâtres ; c’est la fermer aux inspirations de la grâce ; c’est perdre l’intégrité qui nous donne la vue de Dieu ; c’est n’avoir plus la confiance de nous approcher de son trône, de demander son secours, de recevoir ses lumières, et ses consolations comme ses enfants.

131. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXIX.  » p. 490

 » Si l'âme n'est fortifiée et affermie dans la vie intérieure par la grâce, elle se refroidit beaucoup dans les occupations terrestres et séculières.

132. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

On pourra nier cette conséquence et dire qu’il y avait un milieu entre s’acquitter de tous les devoirs que la religion et les autres vertus prescrivent, et s’abandonner aux désordres de la dernière école, se vautrer dans la fange du vice ; qu’il était possible de garder la pureté de son âme, de rester attaché de cœur aux principes, à la sagesse, à la piété, aux mœurs ; qu’il suffisait, pour éviter la persécution, de s’abstenir des vertus pratiques, en s’isolant des deux partis, en fuyant également les disciples des écoles qui étaient aux prises, et leurs errements, ou leurs exercices et habitudes, etc. Cela voudrait dire qu’on pouvait et qu’il fallait plutôt se faire misantrope ; à quoi je répondrais que cette résolution, la plus digne assurément d’un honnête homme vaincu dans ce combat, résolution que plusieurs ont prise alors, que beaucoup d’autres sans doute auraient désiré pouvoir prendre, était impraticable pour le plus grand nombre ; soit à cause des diverses relations sociales, ou des raisons trop puissantes d’intérêts particuliers ; soit par le genre ou la dépendance des états ; soit enfin par la disposition actuelle des âmes. […] La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées. […] On a dit dès lors à peu près comme on dit aujourd’hui en leur faveur, que les ouvrages dramatiques sont la plus précieuse, la plus salutaire, la plus substantielle nourriture qu’on puisse donner à notre âme et à notre esprit ; qu’on trouve dans leur recueil un cours complet de morale, les tableaux touchants des plus sublimes vertus, la peinture fidèle des mœurs, les observations les plus profondes sur les faiblesses humaines, les travers et les vices combattus avec l’arme du ridicule par des satires sanglantes ; les grands hommes ressuscités avec leur caractère, et leurs formes imposantes.

133. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « Sonnet à la Seignore Isabelle, sur son voyage à Monceaux »

Je n’eusse sans mourir quitté leur douce flamme, Si le Ciel n’eût permis que je vive en deux lieux, Et que gardant le corps, tout ce que j’ai de mieux Demeure, en vous laissant le gage de mon âme.

134. (1675) Traité de la comédie « XXIX.  » p. 323

 » « Si l'âme n'est fortifiée et affermie dans la vie intérieure par la grâce, elle se refroidit beaucoup dans les occupations terrestres et séculières.

135. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Il s’est si bien imaginé que c’est une charité des plus chrétiennes de diffamer un homme pour l’obliger à vivre saintement, que si cette manière de corriger les hommes pouvait avoir un jour l’approbation des docteurs et qu’il fût permis de juger de la bonté d’une âme par le nombre des auteurs que sa plume aurait décriés, je réponds, de l’humeur dont je le connais, qu’on n’attendrait point après sa mort pour le canoniser. […] Nous devons croire qu’il est juste et non point vindicatif : il punit une âme égarée qui persévère dans ses emportements, mais il oublie le passé quand elle s’est remise dans le bon chemin. […] On aurait inféré de là que vous aviez l’âme si tendre que vous n’aviez pu souffrir sans compassion que son maître, qu’on traînait je ne sais où, fût chargé, outre tant d’abominations, d’une dette qui pouvait elle seule le priver de la présence béatifique, jusqu’à ce que ses héritiers l’en eussent délivré.

136. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Plusieurs excès qui excluent du Ciel y sont transformés en vertus, la passion de vengeance qui a si longtemps entretenu la fureur brutale des duels s’y voit non seulement justifiée, mais louée, la patience qui ferait souffrir une injure sans la repousser, serait traitée de lâcheté, de bassesse d’âme et d’infamie, des sentiments impies ou dénaturés qui ne seraient capables que d’inspirer de l’horreur s’ils étaient représentés tels qu’ils sont, produisent un effet tout contraire, et attirent l’affection plutôt que l’indignation par le tour ingénieux de l’auteur et par le moyen du fard dont il les peint. […] Ces choses portent leur condamnation avec elles, c’est contre cette dissipation, cette perte de temps prodigieuse, tout ce jeu de passions qui en produisent de pareilles, à ces larmes arrachées par leur vive image, cette impression contagieuse de nos maladies, ces parures, ces chants efféminés, ces yeux pleins d’adultères, cet enchantement du spectacle, cette agitation violente d’un cœur qui doit être le sanctuaire de sa paix, ces éclats de rire si peu convenables à des Chrétiens qui sont captifs sur le bord des fleuves de Babylone, et doivent attendre à tout moment la décision de leur sort éternel, en un mot tout cet amas de périls que les théâtres réunissent dont un seul est suffisant pour perdre une âme dans l’état de faiblesse où le péché de notre premier Père nous a réduits. […] Pour ceux qui ont un besoin réel et effectif de quelque divertissement, qu’ils en cherchent de convenables à la profession Chrétienne et à leur état particulier, car comme le besoin que nous avons de nourriture pour réparer ce que la chaleur naturelle consume et ce qui dépérit à tout moment, ne nous donne pas droit d’user de quelque aliment qui aurait des qualités malignes, et qui ne manquerait pas d’altérer nôtre tempérament, parce qu’il produirait un effet contraire à la fin que nous nous proposons, aussi la nécessité prétendue de se divertir n’autorisera jamais ces pernicieux passe-temps qui causent plus de ravages dans une âme, qu’une viande empoisonnée dans un corps, divertissez-vous à la bonne heure, mais comme des Saints, vous regardant en la présence de Dieu, lui offrant vos recréations, et les rapportant à sa gloire.

137. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

N’empoisonne pas ta joie ; qu’elle soit pure comme ton âme sensible… Il te dira ce qui se passe ici. […] L’usage des plaisirs des honnêtes-gens leur élève l’âme, & leur fait acquérir cette urbanité que le séjour de la Ville ne donne pas seul : les Pièces de Théâtre ébauchent, ce que la conversation de quelques personnes éclairées, qui suivent nos Spectacles, achève à leur égard.

138. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

Le premier est qu’ils rendent l’âme esclave des sens, ou, pour mieux dire, qu’ils augmentent considérablement le pouvoir que ces facultés ont naturellement sur notre âme, et le rendent plus absolu, et plus tyrannique qu’il n’étoit de lui-même.

139. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

[NDA] C’est ainsi qu’arrivent les réminiscences, les rêves, et tous ces mouvements communicatifs à l’âme, où les plaisirs et les peines sont bien réels. […] [NDA] Si une position ne convient pas plus à l’essence d’une chose qu’une autre ; si une disposition de nos organes n’est pas plus convenable qu’une autre aux fonctions de notre âme ; si un mouvement quelconque des rayons solaires n’est pas plus propre qu’un autre à représenter dans nos yeux l’image des choses que nous voyons, comment pourrons-nous nous décider, lorsque les différentes positions d’un objet, les diverses dispositions de nos organes, et la variété des mouvements de ce fluide subtil, qui fait la lumière, nous feront voir, toucher et goûter différemment un même objet ?

140. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Je crois que le but digne de la Tragédie, est d’élever notre âme par des vertus mâles, de la rendre amoureuse du beau, de lui donner de l’émulation par des exemples d’un aimable héroïsme, et de la tirer enfin d’un certain engourdissement qui n’est à présent que trop général ; je voudrais qu’une Pièce de Théâtre engageât par amour-propre chaque Auditeur à être aussi honnête homme que Scipion, à être aussi constant qu’Hannibal. […] Il est bon, magnanime, capable des plus grandes choses dans une belle âme ; il n’est dangereux que dans un cœur criminel.

141. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

La solitude calme l’âme, et apaise les passions que le désordre du monde à fait naître. […] Les maux du corps épuisent l’âme : à force de souffrir, elle perd son ressort.

142. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Le spectateur est peu touché des sauts, des entre-chats ; il n’est nullement charmé des mouvemens variés d’une foule de Danseurs, si tout cela n’a un but, & ne satisfait notre âme en peignant des passions. […] Il est certain qu’en se couvrant de la sorte le visage, ils oublient que tout leur corps doit èxprimer des passions, & que le visage sur-tout doit être le fidèle miroir de ce qui agite l’âme. […] Une musique délicieuse, les accords les plus parfaits, & des voix qui ne savent que trop émouvoir notre âme, achèvent de charmer le Spectateur. […] Il me semble que le possible-vraisemblable est l’âme de l’Opéra-Héroïque de même que la vraisemblance est le fondement de la Comédie & de la Tragédie. […] Tout ce qui se passe dans les Poèmes lyriques qui portent le titre de Tragédies, doit être digne de la majesté de Melpomène ; le chant èxprime la douleur, le trouble de l’âme ; & les danses mêmes en sont l’èxpression.

143. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VI. De ceux qui dansent avec quelque danger de tomber en péché. » pp. 28-29

Celui qui se rend aux assemblées où l’on danse avec danger de commettre quelque péché mortel, devient sans doute coupable de péché mortel en hasardant ainsi son salut ; et en s’exposant à perdre la vie de son âme, qui est inestimable.

144. (1675) Traité de la comédie « XXXV.  » p. 331

Et la grâce du Christianisme, en ouvrant les yeux de l'âme pour les choses de Dieu, les ferme pour les choses séculières, par un aveuglement beaucoup plus heureux que cette vue misérable que le péché nous a procurée.

145. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Es premières, la modération est requise, pource que tout excès est vicieux ; Quant aux autres, il les faut rejeter et fuir, pource que si on ne s’en garde, elles prennent le dessus, sur toutes les parties du corps et de l’âme, énervent les vertus, et renversent la plus élevée forteresse de l’âme, qui est l’entendement, le précipitant en toutes sortes de vices. […] puisque les yeux et les oreilles servent à l’âme ; et si les serviteurs sont pollus ; le maître ne pourra pas être net ». […] Et vous savez que de telles choses est fréquente la renommée avec louange, pource que, comme il est écrit, le Pécheur est loué ès désirs de son âme, et celui qui commet des iniquités est béni. […] Tous autres crimes prennent presque chacun leur part en nous ; comme les sales pensées, l’âme ; les regards impudiques, les yeux ; les mauvaises paroles, saisissent les oreilles : tellement que s’il y a de l’erreur en l’une de ces parties, les autres peuvent être sans péché : Mais ès Théâtres, il n’y en a pas une innocente ; pource que l’âme y est souillée de convoitises, et les oreilles de ce qu’elles oient, et les yeux, de ce qu’ils regardent. […] Par quoi en ces images de sales amours et paillardises, tous les assistants paillardent en leur âme.

146. (1675) Traité de la comédie « XIII.  » p. 293

Plus ils colorent ces vices d'une image de grandeur et de générosité, plus ils les rendent dangereux et capables d'entrer dans les âmes les mieux nées ; et l'imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corruption excite en même temps un mouvement tout semblable, qui nous transforme en quelque sorte, et nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.

147. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre »

) Et qui que vous soyez, vous perdez le temps qui est si cher qu’il ne se recouvre jamais, temps qui vous est accordé pour faire votre salut, temps que vous devriez acheter bien précieusement, temps dont un petit quart d’heure serait beaucoup estimé et utilement employé par tant de pauvres âmes qui sont en enfer ou en purgatoire.

148. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIII.  » p. 468

Plus il colore ces vices d'une image de grandeur et de générosité, plus il les rend dangereux et capables d'entrer dans les âmes les mieux nées ; et l'imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corruption excite en même temps un mouvement semblable, qui nous transforme en quelque sorte, et nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.

149. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

Si cela avait lieu, les borgnes, les bossus, les boiteux, et généralement toutes les personnes difformes seraient bien misérables, puisque leurs corps ne pourraient pas loger une belle âme. […] », et ne s’émanciper pas si aisément et au préjudice de la charité, de juger même du fond des âmes et des consciences, qui ne sont connues qu’à Dieu, puisque le même apôtre ditf qu’il n’y a que lui qui soit le « scrutateur des cœurs ». […] Mais ce qui regarde la religion perçant jusques à l’âme, il n’est pas permis d’en parler, ni d’accuser si publiquement son prochain.

150. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

, il est dit et déclaré pourquoi Dieu nous a ordonné les fêtes : savoir est, pour la réjouissance bonne de nos âmes, réduisant en mémoire la nativité de notre Seigneur faite par nous, semblablement sa Passion et Résurrection, et ainsi des autres. […] commandait qu’on s’abstînt de tout œuvre servile, c’est-à-dire de toute avarice qui se fait par négociation, et tout affaire terrien : ainsg admonestait qu’on fît les œuvres de l’âme qui s’y font par sentences et bons propos, pour aide et édification de ceux qui sont proches. […] Je ne veux point de vos néoméniesi, de votre Sabbat, ni de toutes vos autres fêtes : vos assemblées sont iniques, mon âme hait vos Calandes et vos solemnités, elles m’ont été fâcheuses et ennuyeuses, j’ai travaillé à les endurer.

151. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXI.  » p. 480

Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui indispose l'âme davantage, non seulement aux principales actions chrétiennes, comme la prière; mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures.

152. (1675) Traité de la comédie « XXI.  » p. 309

Or tant s'en faut que la Comédie y puisse servir, qu'il n'y a rien qui rende l'âme plus mal disposée, non seulement aux principales occupations Chrétiennes, comme la prière, mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu'on les veut faire dans un esprit de Chrétien, c'est-à-dire recueilli et attentif à Dieu, qu'il faut tâcher, autant que l'on peut, de conserver dans les actions extérieures; ainsi comme le besoin que nous avons de manger ne fait pas qu'il nous soit permis de manger des viandes qui ne servent qu'à affaiblir le corps; de même le besoin de se divertir ne peut excuser ceux qui cherchent des divertissements qui ne font que rendre leur esprit moins propre à agir Chrétiennement.

153. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXV.  » p. 495

Le péché a ouvert les yeux aux hommes pour leur faire voir les vanités du monde avec plaisir: et la grâce du christianisme, en ouvrant les yeux de l'âme pour les choses de Dieu, les ferme pour les choses séculières, par un aveuglement beaucoup plus heureux que la vue malheureuse que le péché nous a procurée.

154. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Il reconnaissait l’homme comme la voix principale de ce grand concert, il assurait que non seulement son âme était toute d’harmonie, mais que tout ce qui était en lui jusqu’à un cheveu de sa tête était encore musical. […] Il est encore plus vrai, qu’il possède plus d’âmes que de corps et que de toutes les embûches qu’il dresse aux hommes, il n’en est point où il fasse de si grands profits que dans la danse. […] Mais comment cette âme est-elle sans péril ? […] Mais accordons que cet exercice du corps, quoique assez malséant ne souille point l’âme qu’autant qu’il la jette dans le péril d’offenser Dieu : n’a-t-il pas de là assez de malice pour nous le faire éviter ? […] je les déteste, et j’en suis la cause ; j'écris mes rétractations, je tâche de les répandre par toute la terre, mais les âmes qui sont perdues par ma faute, ne retourneront pas pourtant à la grâce, mais les lira-t-on ?

155. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

On aura voulu représenter l’allégresse qu’on éprouve, une coupe à la main ; les Chansons auront d’abord exprimé les sentimens de l’âme. […] Leur âme portée à la gaité, par tous les objets qui les environnaient, a dû plutôt éloigner d’eux jusqu’à la moindre apparence de chagrin. […] L’âme passe plus facilement du plaisant au sérieux, que du triste à l’enjoué ; après que l’homme s’est occupé d’objets amusans, il tombe malgré lui dans des idées affligeantes. […] L’amour qu’il ressentit pour les Lettres lui fit engager Louis XIV. à les chérir ; il sut démêler dans l’âme de ce Prince un penchant qu’on aurait peut-être toujours ignoré : souvent les vices & les vertus des Rois sont l’ouvrage de leurs Ministres.

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