Elles seront pareillement ouvertes aux hommes & aux femmes ; & comme ces places ne doivent être occupées que par des gens aisés, elles demeureront, en tout temps, à trois liv. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait des gens qui s’entretiennent haut lorsqu’ils sont seuls, & qu’on ne puisse en placer l’imitation sur la Scène : le Poète Regnard, dans son Distrait, fournit des exemples du monologue le plus naturel & le mieux employé : mais dans tout autre caractère, les occasions en sont rares : il doit du moins être court, comme d’une pensée, d’une affection, vivement & concisément exprimée. […] Il séyait peut-être aux Anciens, qui regardaient leurs Esclaves comme des hommes d’une autre espèce, de les supposer d’une nature méchante, & de croire qu’un Ingénu ne pouvait se porter au mal que par leurs conseils ; mais nous qui savons que les âmes des hommes sont égales dans toutes les conditions, n’ajoutons pas à la misère du pauvre, en le croyant incapable de vertu : n’avilissons pas les Maîtres, en les représentant toujours menés, & plus valets dans l’intérieur, que leurs gens ne le sont au-dehors. […] J’ai fait depuis une observation à ce sujet ; la voici : Les Paysans & les gens sans étude, emploient naturellement des maximes, dans la conversation, ce sont leurs Proverbes. […] Le Héraut, en les montrant à tout le Peuple louait leurs ancêtres & leurs pères, morts pour la patrie : il leur représentait qu’ils avaient trouvé dans le Peuple, un père qui avait pris soin de leur enfance, & les exhortait à vivre en gens d’honneur, à se distinguer par leur vertu.
Intelligences qui rendent les gens heureux. […] Alexis Piron, comme tous les gens de théatre, a donné dans les plus grands écarts : heureusement, dit-on, il s’est convertit & a terminé sa vie en chrétien.
Elle recommande seulement qu’on ne les laisse pas transpirer dans le monde, de peur que l’éloignement bien fondé des gens de bien pour la comédie, ne retombe sur ces pièces pieuses, toutes différentes qu’elles sont de celles du théâtre public, ne cause quelque sorte de scandale, et ne fasse tort à la réforme. […] Mais il y a autant de différence entre les spectacles publics et les divertissements du cloître, que entre un repas honnête avec des personnes choisies, et les débauches du cabaret ; entre une partie de jeux d’adresse avec ses amis, et les jeux de hasard dans un brelan ; entre un menuet dansé en famille dans sa maison, et un bal nocturne, un bal d’opéra, un charivari ; la même différence que entre les personnes qui le composent ; entre des femmes publiques, et des vierges consacrées à Dieu ; des actrices fardées, à demi nues, et des vierges modestement voilées ; un amas de libertins et d’impies, et une compagnie de gens pieux et réglés ; une profession livrée au vice, et un état sacré dévoué à la religion et à la vertu.
les gens éclairés et pieux n’ont-ils pas appelé ces excès des comédies ? […] Je suis pourtant persuadé que les innombrables pièces que les Jésuites ont données dans leurs collèges ; l’idée et le goût du théâtre, qu’ils ont partout inspiré, sans doute sans le vouloir, aux enfants, à leurs familles, au public ; cette espèce de décision pratique de gens très respectables, qui lève insensiblement tous les scrupules ; la connaissance des Auteurs, la lecture des livres dramatiques, qu’ils ont facilitée et accréditée ; ces danses, ces décorations, ces habits, ce jeu, qu’ils ont pompeusement mis sous les yeux ; que tout cela est une des causes imperceptibles de leur suppression.
Il entre, malgré ses gens, pénètre jusqu’à lui, et se jette à genoux au chevet de son lit, lui fait les plus grands éloges de ses vers Italiens, qu’il n’avait jamais vus, et qu’il n’aurait pas entendusk, et lui témoigne de la manière la plus vive la joie et la reconnaissance de l’honneur infini qu’il lui avait voulu faire en daignant se comparer à lui. […] Belle chimère, que le théâtre ne vit et ne verra jamais, et qui donnant le change sur le véritable état des choses, fait sentir des gens embarrassés, qui ne veulent que se tirer d’affaires dans une occasion critique où ils n’osent ni blesser la vérité, ni déplaire en la disant nettement.
Convient-il à des gens infâmes de représenter les saints Personnages ?
De quoi qui me demanderait mon avis, en conscience je dirais sous correction de meilleur avis, qu’il me semble avec monsieur Gerson, que ceux qui ne s’opposent à tels scandales, et blasphèmes de la religion Chrétienne pèchent : Et me semble que l’Evêque est tenu d’ôter la confrérie, plutôt que permettre telles choses si contraires marcher ensemble : comme aussi il n’est raisonnable de faire dire Messes d’un si vilain gain, ne de recevoir telles gens à l’offrande, ni à la sainte Communion.
Ne doit-il pas paraître extraordinaire qu’un si grand nombre de gens d’esprit perdent leur temps à traiter une matière, qui, par le fréquent usage qu’on en a fait jusqu’ici, est presque épuisée, et dans laquelle on est réduit, pour trouver le moyen de plaire, à emprunter le secours illicite des paroles et des actions licentieuses, comme en font foi plus d’une Comédie que le Lecteur connaîtra, sans que je les nomme.
J’ai trop bonne opinion des Poètes, pour supposer qu’aucun d’eux puisse penser de la sorte ; et je crois aussi que, parmi les Spectateurs, il n’y aura qu’un petit nombre de gens peu instruits qui pourront tenir un pareil langage.
Ariste qui donne de si bonnes Leçons aux Maris trop faibles pour leurs femmes, dans la conversation qu’il a avec son frère Chrisale, n’est pas un trait bien surprenant pour les gens du métier ; mais que Molière, pour conserver le caractère de Chrisale qui molit et qui tremble devant sa femme, ait trouvé le moyen de lui faire dire à sa femme même tout ce qu’un mari ferme par raison peut et doit dire en pareil cas, et cela par l’organe d’une autre personne telle que Martine : c’est un trait de génie incomparable, et je ne me souviens pas d’en avoir vu de pareil ni avant ni après Molière.
L’auteur, en respectant et nous laissant intactes ces comédies, a paru en approuver ou légitimer le style, ce qui, eu égard à sa célébrité et au bruit qu’ont fait ses ouvrages, que tout le monde a voulu lire, qui sont devenus élémentaires pour beaucoup de gens, sous ce rapport aussi, a répandu infiniment plus de mauvais goût dans toutes les classes que ses bonnes pièces ne pouvaient en réformer. […] Si vous observez plusieurs personnes conversant ensemble, dans une situation ordinaire, vous les voyez rire par habitude, sans savoir pourquoi ; vous les entendez critiquer les choses, goguenarder les gens. […] Comme ceux-ci, par les cris qu’ils jettent à la vue de l’édifice en flammes, quelles que soient leurs dispositions intérieures, donnent l’éveil aux gens plus intéressés à le sauver, de même ceux qui appellent du secours à la vue de la misère qui accable l’indigent, quel que soit le fond de leur cœur, fixent l’attention, excitent la sensibilité des àmes plus disposées à le secourir.
Nous avons parlé ailleurs du Pape Leon X, des Médicis, par rapport à la comédie, ces noms fameux par des richesses immenses, acquises dans le commerce, a été célébré par tous les litérateurs, parce que cette famille opulente par une libéralité jusqu’alors inconnue, fesoit des pensions aux gens de lettres, moins à la vérité pour amour pour les sciences, ils n’ont rien écrit, ils n’étoient pas savant, par que magnificence & par vanité ; elle est encore plus fameuse par les statues, les tableaux infâmes dont elle a rempli ses palais, la ville de Florence & toutes les écoles de peinture & de sculpture ; par les maux que deux Papes de ce nom ont fait à l’Eglise, & deux Reines, sur-tout la premiere, ont fait à la France. […] La plupart des gens n’en savent pas d’avantage, ce sont les seuls oracles des amateurs. […] Et ce n’est pas une legereté passagere d’un jeune homme ; c’est un homme marié, avancé en âge, qui passe sa vie dans la débauche, & après avoir eu plusieurs enfans légitimes, a jusqu’à 15 batards : ils sont tous gens de mérite ; les batards ne le sont-ils pas toujours ?
Cette économie convient peu à des gens qui annoncent avec tant d’éclat qu’ils ne veulent rien épargner pour mettre toute la piece sous les yeux du lecteur. […] Il est singulier de supposer que ceux qui ne vont pas au spectacle sont des hypocrites, que les Religieux, les Prêtres, les Magistrats, les gens de bien, que leur âge, leur état, leur façon de vivre en éloignent, ont du goût pour lui, sont affligés d’être obligés de s’en éloigner, qu’ils ont besoin qu’on les console de cette privation, & que c’est leur rendre un service de leur offrir un ouvrage qui soit pour eux un théatre. […] Ils sont là ce qu’ils devroient être par-tous, & ce qu’ils sont par eux-mêmes, & ce qu’ils seroient en France, si la frivolité qu’ils amusent, & les passions qu’ils entretiennent, n’en avoient fait des gens d’importance & un nouvel ordre de noblesse, à qui l’ancienne noblesse rend hommage.
Henri IV, son successeur, qui rétablit la France & en mérita toute la tendresse, avoit été dans son enfance nourri avec du pain bis & des gousses d’ail, manquant souvent de linge, allant au froid & au chaud, nuds pieds & nue tête, avec les gens de la campagne ; actif, infatigable, méprisant la mollesse & le luxe, dédaignant le faste & la parure, ne connoissant aucun danger, se jetant au milieu des ennemis dans les combats, à travers une forêt de lances, familier, populaire, compatissant, attentif à tous les besoins des peuples. […] On consulte les savans & les gens de goût, coiffeuses, femmes de chambre, amies, petits-maîtres, & cent fois le grand oracle, un miroir fidèle. […] Un mari sage & chrétien, affligé de l’immodestie de sa femme, est trop intéressé à son honneur & à sa vertu, pour vouloir qu’elle se décrie chez les gens de bien par les apparences du vice, & qu’elle s’y expose elle-même en l’inspirant.
Il en est ainsi du bal, ou des autres assemblées ou spectacles, où l’on suppose qu’il ne se trouve que des gens d’honneur & de probité : si donc l’on péche dans ces occasions, ce n’est que la mauvaise intention des particuliers, qui en est la cause, & nullement le spectacle, qui est de soi indifférent, & qu’on peut rendre bon ou mauvais, selon la disposition dans laquelle on est. […] Les comédiens & les baladins ont toujours passés pour des gens infâmes. […] Mais s’il est des gens qui justifient le spectacle en lui-même, il en est d’autres qui le justifient par rapport à eux : quelques mauvaises que puissent être ces représentations à l’égard de plusieurs, elles ne font, disent-ils, aucune impression sur nous, & nous en revenons toujours avec un cœur aussi libre que nous l’avions avant d’y paroître : quelle raison pourroit nous empêcher d’y assister ? […] effacez toutes les Histoires, & traitez les Auteurs profanes ainsi que les saints Peres, de gens austeres, ennemis des divertissemens & des plaisirs. […] Les comédiens & les baladins ont toujours passés pour des gens infâmes.
Il la soulève avec violence, son voile est en désordre, lorsque heureusement enfin arrivent des gens qui les arrêtent. […] grossiereté entre gens de condition, opposée aux principes d’une bonne éducation, contraire dans l’un & l’autre à la modestie religieuse & entre personnes qui se sont aimées & se quittent, opposée à la sévérité de la pénitente & à la gravité de l’exhortation.
Quand les gens du Vaisseau eurent répondu qu’ils savoient des Vers d’Euripide, on leur permit d’aborder, & ils furent reçus avec distinction. […] Cet endroit de Démosthene, qui prouve que les gens sages n’approuvoient pas cette Ambassade, doit détromper ceux qui croyent que la profession de Comédien fut toujours en honneur dans la Grece.
La grace de Jesus-Christ produit dans les prédestinés une aversion pour toute vanité, & pour les spectacles de la Comedie : Saint Luc au livre des Actes des Apôtres parle des premiers Chrétiens comme des gens livrés & devoués à la grace ; & ces gens ne paroissoient jamais aux spectacles de la Comedie : ou s’il y en paroissoit quelqu’un, on le regardoit délors comme un Apostat & un Infidéle.
De nos jours même, nous en voyons quelques exemples, car plus d’un ministre du culte, abusant de l’ascendant que la religion lui donne sur les esprits faibles et crédules, accumule chaque année, par la voie de legs pieux en faveur de gens de mainmorte l, d’immenses richesses, dont la progression serait effrayante, si le gouvernement n’y mettait ordre. […] [NDE] Les gens de mainmorte désignent des communautés qui, en dépit de la façon dont les individus s’y succèdent, sont considérées comme perpétuelles et formant toujours la même corporation.
Il se fait plusieurs mariages sans vraisemblance, & contre les bonnes mœurs, dans un pays où la religion est respectée, & que favorise un chevalier qu’on dit homme de bien, zélé pour la pureté ; toutes les intrigues amoureuses, la plupart mal assorties & burlesques, sont applaudies & protégées, & se terminent, comme sur le théâtre, par un mariage de libertinage ; des filles séduites, enlevées, des héros avec des laquais & des paysans se couvrent d’un voile, comme Didon dans la caverne, conjugium vocat hoc pretexit nomine culpam , contre la volonté des parens, avec des gens au-dessous d’elles : ce qu’on ne peut reprocher à Didon.
Qu’ils s’habillent doncques dittes-vous, qu’ils s’habillent même proprement, qu’ils voïent les honnêtes gens, & qu’ils vivent honnêtement avec eux : Mais qu’ils s’habillent en gens d’Eglise, que leur propreté soit conforme à leur profession, & que leur vie fasse respecter leur caractere de tous ceux, qui seront témoins de leurs actions.
Voit-on des gens dans le monde converser entre-eux aussi long-tems ?
Il admoneste les Princes et les Magistrats de chasser les comédiens, les baladins, les joueurs de farce, et autres pestes publiques, comme gens perdus et corrupteurs des bonnes mœurs, et de punir ceux qui les logent dans les hôtelleries. » Je ne finirais jamais si je voulais rapporter tous les titres, dont il les note.
En finissant cette Lettre, je reçois le Journal de Trévoux, dont le principal Auteur est fort de mes amis, et s’est concilié l’estime générale des savants et des gens de bien par sa modestie, sa sagacité, son impartialité et son désintéressement : le cas qu’il fait de votre Lettre, l’a engagé à la déposer toute entière dans son Journal, comme un monument consacré à la Religion dont il est l’infatigable défenseur contre tous les Ecrivains qui osent l’attaquer.
Cependant un pareil scandale afflige les gens de bien.
Pour ses bons mots, ses traits de bonté, de franchise, de familiarité qui le font aimer, les seuls que la plupart des gens connoissent, ils peuvent orner une scène ; mais il faut en faire un choix avec discernement : tout n’est pas également bon. […] Ils ont bien assez d’un maître, sans avoir tant de gens à entretenir. […] La plupart des soi-disant gentilshommes ne sont que des gens de néant, qui ont acheté des lettres d’ennoblissement. […] Quand il eut cet argent, il en parut fâché, disant que les innocens avoient payé pour les coupables, & qu’il avoit peur que ces pauvres gens ne l’aimassent jamais .
Ce ne sont ni les Théologiens ni les gens pieux qui ont embouché la trompette. […] Achille dans Iphigenie de Racine, non seulement invective, tonne, menace, mais il court au Temple, arme ses gens, s’arme lui-même empêche le sacrifice : Croyez du moins, croyez que tant que je respire, Les Dieux auront en vain ordonné son trepas. […] Que chez des Payens, des barbares, des scélérats, des enfans qui n’ont vu que des exemples & reçu des leçons de crimes, on puisse tenir ce langage ; mais que dans la religion Catholique, au milieu de Paris, dans un Couvent, parmi de gens de condition, une jeune fille qui a été élevée religieusement, a toujours vécu pieusement, tout-à-coup se livre à des fureurs dont elle n’a pas l’idée, & dont elle doit avoir horreur, c’est choquer gratuitement toutes les règles de la décence & de la vraisemblance. […] Que de gens qui quelquefois se repentent de s’être mariés, & sont désabusés trop tard, du mérite, de la fortune d’une épouse !
Personne depuis les Grecs, dans aucun coin du monde, n’avoit pense de rendre des honneurs publics à des gens que les loix déclaroient infâmes, & bien loin de leur ériger des statues, les Empéreurs avoient défendu de souffrir leur portrait dans les lieux publics, (voyez livre à en entier. […] Il est comme des bals de théatre de deux especes ; bal & théatre choisi, où l’on ne vient que pour prier ; bal & théatre public ouvert à tous les masques, où tout le monde, sans choix, entre au hasard ; c’est un vrai cahos, rien de régulier, tout est en désordre, le désordre est pour bien de gens un plaisir piquant, comme le bon ordre est un plaisir pour les autres ; c’est-là qu’on s’égare, on se cherche, on s’abandonne, on se trouve, on se pousse, on se lutine ; la foule roule, & s’arrête, elle entraine, elle répousse, on se fatigue, on s’estropie, & on s’est amusé. […] Il s’adressa aux étudians de l’Université, & parla, non aux Professeurs, gens rébarbarasifs, qui n’auroient trouvé les trois Roses ni dans les Institutes de Justinien, ni dans les Aphorismes d’Hypocrate, ni dans les distinctions du maître des Sentences ; mais aux principaux écoliers des facultés, qui lui promirent d’assembler le corps, & de lui donner une audience favorable.
Cet arrêt fut rendu sur les requisitions d’un des Gens du Roi, qui débuta par là en entrant au Palais. […] En parlant du mariage incestueux & de l’excommunication du Roi Robert, Aussi-tôt, dit-il, le peuple & les gens de la Cour se séparèrent de leur Roi ; il ne lui resta que deux domestiques, encore faisoient-ils passer par le feu, pour les purifier, les plats où il avoit mangé, les vases où il avoit bu. […] Ces monumens sont dans la tête des amateurs ; les gens sages n’ont pas cru devoir dégrader les lieux publics, C’est bien assez de tolérer le théatre ; faut-il rendre la gloire des grands hommes commune avec des Histrions ?
C’est une des folies de la scénomanie de s’imaginer que le théâtre enseigne tout, qu’il décide tout, qu’il est tout, que comme les héros y jouent toute sorte de rôles, ils y deviennent orateurs, philosophes, jurisconsultes, savants, gens d’esprit, et ont toutes les qualités des grands hommes qu’ils représentent. […] On veut quelquefois voir les gens en déshabillé, et non pas affublés jusque dans leur lit de la robe de cérémonie. […] La liberté d’agir avec les gens sans se gêner sur ce qu’on leur doit, s’appelle familiarité avec les personnes ; elle détruit l’estime, la subordination, presque toujours la paix.
Rousseau, (*) étoient chargés de certaines fonctions publiques, soit dans l’Etat, soit en ambassade… Ils ne comptoient point du coin de l’œil les gens qu’ils voyoient passer la porte, pour être sûrs de leur soupé, &c. […] Il est ridicule qu’à des assemblées où chacun se rassemble sans se connoître, & en achetant seulement le droit de s’y rendre, des gens qui ne se sont point encore vûs & qui ne se reverront peut-être jamais, se livrent aux transports de la joie, dont la danse est l’expression. […] Une troupe d’hommes faisant métier de renoncer à tous parens, à toute patrie, & de courir de ville en ville, jouant la comédie pour de l’argent, tous les jours indistinctement, devant des gens que le désœuvrement, la dissipation & le hazard y conduisent ; ces Comédiens ne jouassent-ils d’abord que des pieces les plus épurées, entraîneront nécessairement avec eux le désordre, la licence, & le relâchement des mœurs qui regne toujours au milieu de la multitude.
n’est-il pas à craindre qu’elle ne soit de celles des sages du monde, qui ne savent s’ils sont chrétiens ou non, et qui s’imaginent, comme dit encore Bossuet, avoir rempli tous les devoirs de la vertu, lorsqu’ils vivent en gens d’honneur, sans tromper personne, pendant qu’ils se trompent eux-mêmes en donnant tout à leurs plaisirs et à leurs passions ? […] « Quia tunc daretur ratio sufficiens peccatis aliorum sic remotè cooperandi et cuidem periculo se exponendi. » C’est d’après cela, ajoute-t-on, qu’il est permis d’aller aux spectacles non obscènes, aux femmes mariées, pour ne pas déplaire à leurs maris qui exigent d’elles cette complaisance ; aux domestiques, pour servir leurs maîtres ou leurs maîtresses ; aux enfants, sur l’ordre de leurs parents ; aux magistrats et aux gens de police, pour le maintien du bon ordre ; aux rois et aux princes, afin de se concilier l’affection de leurs sujets ; aux hommes de cour, qui sont obligés d’accompagner le prince, etc., pourvu que toutes ces personnes aient une intention pure et ne consentent à aucune délectation charnelle.