D’ailleurs, elle est beaucoup plus propre à représenter tout ce qui a du mouvement, tout ce qui est susceptible de quelque bruit, que les agitations de notre âme.
Q ue peu de chose effraye une âme neuve & trop sensible !
On doit convenir, d’après tout ce qui vient d’être dit, que les auteurs dramatiques sont des empoisonneurs publics qui se chargent d’autant de crimes que leurs pièces en font commettre, qui sont coupables d’autant d’homicides qu’il y a d’âmes perdues à leurs spectacles.
La Lettre de ce prétendu Théologien ayant paru à Paris durant le Carême, plusieurs Prédicateurs zélés pour le salut des âmes, persuadés qu’ils devaient s’opposer à tout ce qui pouvait leur nuire, déclamèrent contre cette Lettre ; les uns faisant voir que la Comédie avait toujours été condamnée, d’autres que l’Auteur de cette Lettre est un faux Théologien : il y en eut même un, qui dit que cette Lettre méritait le feu, et que l’Auteur en devait faire une pénitence publique.
Si donc de tout temps elles ont été exemptes de ces travaux et de ces exercices qui demandent de la force et de la fatigue ; et si le fuseau et l’aiguille ont toujours été leur partage, je crois que ce fut moins pour s’accommoder à la délicatesse de leur constitution, que pour ne point blesser cette pudeur, qui doit être l’âme de toutes leurs actions.
Plaire à sa Nation, l’amuser en se formant soi-même, à ses momens de loisir, sans négliger ses devoirs, il y a là quelque chose de noble & de grand, que les âmes bien faites sentiront, & qu’à Sparte on ne dédaigna pas. […] la raison se révolté, s’indigne… Et pour comble d’avilissement, ce ne fut qu’à lui que l’Ame de la Nature entière daigna se communiquer, & parler le langage des hommes. […] Des nommes fesaient le personnage de Démons ; d’autres, des âmes livrées à différentes sortes de tourmens. […] Des Enfans échappés, desobéissans, dont souvent l’âme est le réceptacle de tous les vices, ne se corrigeront pas sur la Scène ; son principal attrait pour eux, fut d’abord la facilité qu’ils y envisagèrent de satisfaire leurs penchans vicieux. […] Ce mot Psyché signifie âme : les plaisirs des sens ne sont pas les plus doux de l’amour… Hem !
J’irai dans nos bois ; là, j’écouterai le Rossignol & les concerts des hôtes des Forêts ; leurs sons enchanteurs n’exciteront pas dans mon âme une émotion dangereuse. […] Ames pusillanimes, depuis que les femmes vous mènent, vous ne faites plus que des sotises.
mars 1764.) s’est avisée, à propos de rien, d’en faire l’apologie, et d’une manière fort maladroite : « On ne conçoit pas, dit-elle, comment il se trouve des esprits assez chagrins pour désirer l’anéantissement de l’opéra, où tous les arts imitateurs se réunissent et se combinent pour s’emparer de l’âme par tous les sens. » Le Journal de Trévoux, qui annonce cette Gazette (avril 1764), en rapportant cet endroit, ajoute avec vérité : « On pourrait répondre sans chagrin, que la raison donnée en faveur de l’opéra est peut-être la meilleure qu’on puisse fournir pour son anéantissement. » Qu’y a-t-il en effet de plus dangereux et de plus mauvais que ce qui s’empare de l’âme par tous les sens ? […] 9.), qui était singulièrement et presque uniquement l’âme de l’ambassade, singulariter et solus.
Il continue ses Réflexions sur saint François de Sales, et veut qu’on lise les autres Ouvrages de ce Saint pour se convaincre qu’il en est peu entre ceux des anciens Pères qui inspirent un mépris du monde plus entier, et une aversion plus héroïque de ses maximes et de ses plaisirs, en tâchant d’attirer les âmes par une sagesse, et une charité cachée sous une indulgence apparente. […] Monsieur de la Grange les rapporte ainsi : La première est de penser que plusieurs âmes brûlent dans l’Enfer pour des péchés commis au Bal et à la Comédie. […] On répond que l’Opéra est d’autant plus dangereux, qu’à la faveur de la Musique dont les tons sont recherchés, et disposés exprès pour toucher, l’âme est bien plus susceptible des passions qu’on y veut exciter, et particulièrement de l’amour qui est le sujet le plus ordinaire de cette sorte de Comédie.
» D’où il conclut derechef, que ce n’est donc pas un péché léger, mais un crime, qui donne à l’âme le coup de la mort […] Ce sont des entretiens publics de corruption, qui ne tendent qu’à la ruine des âmes, et qui sont applaudis, approuvés et autorisés par tous ceux qui y sont présents. […] Ils doivent, suivant le conseil de Salvien, considérer que les spectacles sont plutôt une mort à l’âme qu’un véritable plaisir. « Respiciant cuncta quæ diximus, et videant in spectaculis non voluptatem esse, sed mortem.
Ne s’applaudit-il pas de sa belle âme ? […] Il n’y a donc qu’une âme grande et noble qui en soit susceptible. […] Genève ne contient pas vingt-quatre mille âmes, vous en convenez. […] Sous un air flegmatique et froid, le Genevois cache une âme ardente et sensible, plus facile à émouvoir qu’à retenir. […] Une bonne Troupe viendra-t-elle de but en blanc s’établir dans une ville de vingt-quatre mille âmes ?
Si j’ai différé jusqu’à présent de te parler des Pupilles de monsieur Des Tianges, & de mademoiselle De Liane, c’est que tu m’occupais toute entière : cependant, tous trois doivent m’intéresser ; la dernière, pour la beauté de son âme ; les deux autres, parce que monsieur Des Tianges les chérit comme ses propres enfans.
Ouvre-moi ton âme sainte, pure comme la Divinité dont elle émane, & daigne recueillir celui qui n’a plus d’autre refuge que ton cœur.
Les Parodies de nos Opéras demandent moins de précautions que celles des Tragédies ; l’amour est ordinairement l’âme des premières ; l’héroïsme de la vertu s’y montre rarement, quoiqu’à tout moment on y voye des Dieux & des Héros : dans les dernières au contraire, à côté d’une fadeur, il peut se rencontrer une maxime sage, qu’il faudra bien se donner de garder de présenter sous une face ridicule, en fût-elle susceptible.
C’est sans doute par la lumière de cet Esprit Saint, que Sara fille de Rachel avait été conduite, qui répandant son cœur en la présence de Dieu dans l’amertume de son âme, disait qu’elle ne « s’était point mêlée parmi les personnes qui jouaient et qui dansaient »,« Numquam cum ludentibus miscui me, neque cum iis qui cum levitate ambulant. »Job. 3.
Tels sont les fruits de la Comédie ; en s’évanouissant, ils répandent dans l’âme un air contagieux.
Le défaut ordinaire de notre Tragédie est de n’être point assez Pathétique, & de remettre presque toujours à la fin, l’Ame dans sa tranquillité. […] Nos Poëtes Tragiques, ménagent beaucoup plus nos larmes, au lieu que ceux des Grecs ne songeoient qu’a frapper cette Partie pleureuse de notre Ame, qui, comme dit Platon, n’aime que les sanglots, & ne peut se rassasier de lamentations.
.), après avoir prié le Seigneur de détourner ses yeux, afin qu’ils ne voient point la vanité, il entre dans le détail des objets qui par nos sens, comme par autant de fenêtres, entrent dans nos âmes et y portent la mort. […] Il les fait voir ces dangers, et dans les pompes du luxe, qui fascinent les yeux, et dans les attraits des femmes, qui séduisent le cœur, et dans le poison des discours qui offusquent les esprits, et dans le torrent des mauvais exemples qui entraînent l’âme, et dans l’oisiveté de la vie et la frivolité des amusements qui corrompent tout.
Sur tout aupres de Paris où il y a toûjours un grand nombre de troupes, il seroit de la gloire du Roy de faire un Camp exprés avec les accompagnemens & necessaires & commodes : Car aprés tout, sa valeur qui luy fait aymer la guerre ; & sa puissance qui le rend formidable à tout le monde, doivent à toute la terre, cette preuve de sa grande Ame & de sa Magnificẽce, & pour ne ceder en rien aux Romains, ny pour le merite des grãdes actions, ny pour la gloire des belles pensées, il faut que ce jeune Conquerant ait auprés de sa principale Ville, & à la veuë de son Louvre un Camp de pareille reputation, & à pareille fin que celuy de Mars.
… j’ai peine à me l’avouer… j’ai porté dans une âme innocente, pure, le poison de la douleur… Monsieur, c’est assez que vous m’ayiez rendu malheureuse, sans associer à mes peines une victime, dont la vue me ferait mourir de honte.
Tout Spectacle public excite quelqu’impression dans l’âme.
On ne nous montre pas la Vertu dans les Collèges ; mais le Grec et le Latin ; c’est moins à nous rendre honnêtes gens que l’on pense qu’à nous donner un peu d’esprit et quelque vernis de savoir : cependant cette raison ne justifie pas les hommes, nous avons l’orgueil de penser que nous avons l’Ame naturellement plus élevée que les femmes, et nous nous croyons fort au-dessus de leurs faiblesses : nous prétendons avoir le cœur mieux fait et l’esprit plus solide ; c’est ce qui nous reste à prouver. […] Terée Tu vois ami, tu vois les cruelles douleurs Qui déchirent mon âme et font couler mes pleurs. […] Quel cœur assez farouche et quelle âme inhumaine Pourrait être insensible aux douleurs de la Reine ? […] Vous accordez au Sexe, l’esprit, l’aptitude aux sciences mêmes, mais vous lui refusez le génie, ce n’est qu’à la seule Sapho et à une autre que vous ne nommez pas que vous accordez ce feu qui embrase l’âme, ce feu qui consume et dévore, pour en refuser la moindre étincelle à toutes les autres femmes.
En effet Jésus-Christ nous déclare dans l’Evangile, que toute la Loi et les Prophètes sont renfermés dans ces deux Commandements. « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme et de toutes vos forces, et le prochain comme vous-même. » Mais quel amour pense-t-on que l’Ecriture veut qu’on ait pour soi et pour son prochain ; c’est certainement un amour bien différent de celui que la Comédie inspire. […] or poursuit ce Père, vous vous aimez d’un mauvais amour, ou plutôt vous vous haïssez, si vous suivez vos passions et vos vices, puisque selon le Prophète, "celui qui aime l’iniquité, hait son âme". […] Car outre qu’Origène nous a dit qu’il ne faut s’en nourrir que dans les lieux saints, « In loco sancto edi jubentur », le Prophète Jérémie qui regarde les divines paroles comme « la nourriture de son âme et la joie de son cœur », ajoute d’abord après, que la parole de Dieu lui a appris à ne pas s’asseoir avec ceux qui jouent Jerem[ie]. 15. 17. […] nourrissons notre âme de la méditation, et de l’étude des divines Ecritures, et en éprouvant qu’elle est fatiguée et tourmentée par la faim et la soif d’une vaine curiosité, et que c’est en vain qu’elle cherche à se rassasier et se contenter par des fantômes trompeurs, qui ne sont que des viandes peintes, rassasions-la et désaltérons-la par cette viande et ce breuvage céleste, que cette Ecriture divine nous présente.
Saint Thomas Ubi sup. artic. 2. in corpora , saint Bonaventure, saint Antonin, et avant eux tous, Albert le Grand « Unum genus jocandi est illiberale, petulans flagitiosum obscanum. »avait dit que dans les Jeux il faut prendre garde à trois choses : La première et 1a principale est, que l’on ne cherche pas le plaisir dans des paroles, ou dans des actions déshonnêtes, comme on faisait du temps des Anciens ; Coutume malheureuse que Cicéron déplorait par ces paroles : « Il y a une manière de se jouer basse, insolente, criminelle et honteuse. » La seconde chose à laquelle il faut prendre garde, dit le Docteur Angélique, est, qu’en voulant donner quelque relâche à l’esprit, on ne perde entièrement la gravité de l’âme, ce qui faisait dire à saint Ambroise« Caveamus ne dum relaxare animum volumus solvamus omnem harmonis quasi concentum quemdam honorum operum. » : « Prenons garde qu’en voulant un peu relâcher notre esprit, nous ne perdions l’harmonie de notre âme, où les vertus forment un agréable concert. » Et la troisième condition que l’on demande dans nos Jeux aussi bien que dans toutes les actions de la vie, est qu’ils conviennent à la personne, au temps, au lieu, et qu’ils soient réglés par toutes les autres circonstances qui les peuvent rendre honnêtes. […] Mille gens y assistent sans éprouver la moindre émotion dans leur âme, et sans qu’elles fassent plus d’impression sur eux, qu’en fait un Vaisseau en fendant les eaux. […] Passons à la seconde condition que saint Thomas exige dans les jeux, qui est de ne pas dissiper l’harmonie de l’âme par l’excès et la longueur des plaisirs. […] Il est constant que ni ceux qui vont à la Comédie, ni ceux qui la composent, ni ceux qui la jouent, ne relâchent point leur esprit jusqu’à la dissolution de l’harmonie de l’âme. […] Ce serait ici l’endroit de vous dire ce que je pense de vos Ouvrages ; et vous jugez bien que je ne vous en pourrais rien dire qui ne fut à votre gloire ; mais vous m’avez prié de vous donner des Instructions touchant la conduite de votre âme, et non des Eloges sur la beauté de votre génie ; et vous me rendez assez de justice pour croire qu’un Théologien n’est pas obligé d’être bel Esprit.
Ne pensent les pouvoir bien conduire, s’ils ne courbent leurs âmes, ni tenir la droite voie, s’ils ne gauchissent de fois à autre, prenant pour Règle, l’obliquité ; pour loi, leur fantaisie ; pour guide, les ténèbres ; pour compagnie, la multitude ; pour Exemple, la vanité ; pour but, la volupté. […] Cor. 11 aj , il devrait suffire, au moins à ceux qui croient, que Dieu même a distingué les œuvres, en la première Création ; et que vouloir par tels déguisements, confondre, ou changer, et contrefaire les sexes, n’est autre chose, que remuer les bornes de l’ordonnance Céleste, faire la guerre à Dieu, et à la Nature : Mais quand outre cette raison générale, et empreinte naturellement en toute âme raisonnable, nous avons d’abondantak un Commandement en termes autant exprès, et clairs, qu’aucun autre, qui soital en tout le reste de l’Ecriture, lequel défend, que l’homme ne soit vêtu de vêtement de femme, ni la femme de vêtement d’hommeDeut. 22. […] » Item, « Ecoutez, si votre entendement ivre des erreurs busch depuis si longtemps, vous permet de considérer quelque chose de sain : Les Dieux pour faire cesser la peste des corps, commandaient qu’on leur jouât des jeux : Mais votre Pontife Scipion, pour empêcher la peste des Esprits, défendait de bâtir un Echafaud : S’il vous reste quelque peu de lumière, pour préférer l’esprit au corps ; choisissez, à quoi vous devez servir ; Car pour avoir reçu cette plaisante folie, et rage des jeux Scéniques parmi le peuple, qui n’était accoutumé qu’aux jeux, qui se jouent en la lice ; la peste des corps n’a point cessé, mais l’astuce des malins esprits, voyant que cette peste-là cesserait, par le terme qui lui était ordonné, mit peine, de faire entrer par cette occasion une autre peste beaucoup plus dangereuse, non aux corps, mais aux mœurs, qui a aveuglé les âmes de ces misérables, par ténèbres si épaisses, les a souillées d’une telle difformité, que même à présent, après le sac de la ville de Rome, ceux que cette peste-là possède, et qui s’en étant fuis, ont pu arriver à Carthage, enragent tous les jours, d’envie qu’il ont, de voir les bateleurs aux Théâtres. […] ou veut-on douter, si la fin de notre vocation est la gloire de Dieu, l’édification du prochain, et le salut de nos âmes ? […] Car, comme ci-dessus nous avons dit ; outre ce, qu’ès Ballets, on contrefait quelquefois les anciennes Comédies, qu’on appelait, Palliatas, Togatas, Prætextatas, Trabeatas, Tabernarias, Atellanas, Fescenninos, Mimos, Satyras, etc., on essaie à en inventer toujours de nouvelles, se déguisant tantôt en Turcs, en Egyptiens ; tantôt en Sauvages, tantôt en Bergers ; quelquefois en Sorciers ; bien souvent en Diables où il faut représenter plus de chiffres, et de figures, que les anciens n’en connurent onc : Tous ces Ballets sont estimés comme la moelle, l’infusion, et quintessence, comme un nouveau sirop magistral, pour empoisonner les âmes : Car on commence à se dégouter des Comédies, et Tragédies simples ; et crois, qu’à la fin on surmontera l’horreurez des Bacchanales, et des Florales ; dont les Païens mêmes eurent honte : Est aussi à craindre qu’on ne se contentera plus, dans quelque temps, de déguiser les habits ; mais qu’on essaiera de changer le sexe tout à fait, à l’exemple de NéronDio in Ner fa , prenant à femme son Sporus, et se donnant pour femme à Pythagore : ou à celui d’Héliogabale, qui fit tout ce qu’il put, pour devenir femme.
Il y est peint avec tous les traits de la terreur : les sens en frémissent et l’âme en est saisie d’étonnement. […] C’est nous faire entendre que Dieu n’a formé l’homme qu’à demi, que l’âme est l’ouvrage de ses mains le plus imparfait, et que la plus noble portion de nous-mêmes a été le moindre objet de ses soins. […] D'Urfey, pour qu’on juge si j’exagère et si je lui en impose :« Paraissez, gras compagnons, qui geignez dans les Limbes, vous qui lorsque vous étiez en chair et en os ne faisiez qu’une âme avec Lucifer, vous qui demeurez toujours dans sa cuisine parmi les charbons, les marmites et la graisse la plus exquise, vous qui chaque jour vous farcissez de la plus délicieuse curée des âmes, vous qui faites griller des tranches de fous pour votre déjeuner, Paraissez. […] Que la santé de notre âme l’emporte sur notre plaisir ; n’en exposons point, la vie à l’attrait d’un peu de douceur. […] Je vous accorde, si vous voulez, une vertu inébranlable, une fermeté d’âme à l’épreuve de tous les attraits.
.… Mademoiselle *** est pourtant généreuse ; elle a l’âme grande, belle : c’est elle, qui l’a produite, qui la mène, qui l’encourage, & qui s’en voit éclipser sans jalousie.
Tu te glorifies dans ta pourpre et tes dignités, mais ta vanité est injuste, et c’est un faible ornement que ton écarlate, si tu as l’âme souillée.
(le nom est en toutes lettres), fils du Dieu vivant, et époux des âmes fidèles, prends ma fille Madeleine Gasselin pour mon épouse, et lui promets fidélité et de ne l’abandonner jamais, et lui donner pour avantage et pour dot ma grâce en cette vie, lui promettant ma gloire en l’autre, et le partage à l’héritage de mon père ; en foi de quoi j’ai signé le contrat irrévocable de la main de mon secrétaire.
Mais où avais-tu l’âme, ô cyclope dénaturé, quand tu as écrit, que celui qui contrefaisait Dieu, et celui qui jouait le personnage de Lucifer ont été emportés de maladie pour s’être trop échauffés ? […] Et d’ici vous pourrez voir, messieurs, que c’est de s’écarter de la vérité pour suivre les erresaz du mensonge, auquel qui a une fois donné sa créance en matière de religion, ne tient plus à religion d’en controuverba pour diffamer les autres, et nommément s’il est question de donner sur jésuitesbb, que ces gens tiennent pour leurs déterminés ennemis, bien qu’en effet ilsbc ne désirent que le salut de leurs âmes. […] Et il y a bien d’apparence que gens de bon lieu, tels qu’ils sont pour la plus part, gens d’honneur et de science devant Dieu, et devant les hommes, gens qui ont renoncé au monde, auquel ils pouvaient paraître, et avoir quelque chose, gens qui se sont tous donnés au service de Dieu, qui y persévèrent pour sa gloire, pour le bien du public, et le salut de leurs âmes, Il y a bien, dis-je, d’apparence, que jamais ils aient été si convoiteux, que ce médisant les veut faire reconnaître.
Il n’y a rien qui gâte plus les bonnes mœurs, la simplicité et la bonté naturelle du peuple, et qui a d’autant plus d’effet que leurs paroles, gestes, mouvements, actions, sont conduits avec tout l’artifice possible, et laissent une vive impression dans l’âme. […] Jules-César avait le génie trop élevé pour s’amuser de bagatelles théâtrales, non par religion et par vertu, il ne fut jamais un modèle de sainteté, mais par grandeur d’âme, étendue d’esprit, vues profondes de politique ; il en méprisait jusqu’à la partie littéraire, il ne trouvait point dans les meilleures pièces connues de son temps, qu’on donne pour des chef-d’œuvres, le degré de perfection du bon comique, qu’il appelait vis comica, qui en effet est très rare, et qu’on ne trouve que très peu même dans Molière, malgré tout l’encens que brûlent sur ses autels ses vicieux adorateurs. […] Adieu donc, mes amis, battez des mains : « Valete et plaudite. » Il tira le rideau, et rendit l’âme.
.° Pour les cruautés de l'amphithéâtre, il n'y a qu'une âme barbare qui puisse les voir avec plaisir et se repaître de sang humain. […] Quelques Philosophes ont appelé volupté le repos et la tranquillité de l'âme, ils en font leurs délices et leur gloire : vous ne soupirez qu'après les agitations des spectacles. […] Quoi tant de Princes que leurs apothéoses montraient dans le ciel, gémissant dans les enfers, un Jupiter lui-même et ses adorateurs, ces Magistrats, ces persécuteurs du nom de Dieu, consumés dans des flammes plus ardentes que celles qu'ils avaient allumées pour les Martyrs ; ces Sages, ces Philosophes qui enseignaient qu'il n'y a point d'âme, ou qu'elle n'est point immortelle, couverts de confusion et livrés aux mêmes feux avec leurs disciples ; les Poètes palpitant d'effroi, non au tribunal de Minos et de Rhadamanthe, mais à celui de Jésus-Christ !