[NDE] Radamiste et Zénobie, tragédie de Crébillon père, représentée pour la première fois en 1711.
Les trois Furies étoient représentées à peu près de même, tantôt blanches & charmantes images des objets du péché, qui séduisent par leurs attraits ; tantôt noires & affreuses images des suites du péché, qui déchire l’ame, par les remords vivement représentés par les serpens qui sifflent sur leur tête, la torche & les fouets qu’elles ont à la main, & la difformité insoutenable de leur visage. […] La tête de la Gorgone consacrée à Pallas, représente la tête, le pavillon, les trésors d’Holopherne, consacrés à Dieu dans le Temple en reconnoissance de la protection accordée à son peuple. […] En conséquence on a ouvert un grand Bureau pour la distribution du rouge végétal de toutes sortes de nuances, on l’a placé pres les Gobelins, lieu très-convenable par son voisinage de la manufacture des tapisseries : le visage des Dames est une sorte de tapisserie qui représente toute sorte de couleurs ; la manufacture des visages en est une branche.
Un homme emporté dont on représente les accès de fureur, un apprentif paresseux qui devient voleur & se fait pendre. […] Il n’y a point de femme assez imbécille pour être la dupe d’un artifice si grossier ; il faut être imbécille soi-même, & croire les spectacteurs imbécilles, pour en composer, représenter, & se persuader qu’on en soutiendra le spectacle, sans se moquer du mari, de la femme & de l’auteur. […] Que peut indiquer , dit-il, ce concours successifs de poëtes à toujours représenter l’héroïsme sous les traits de l’espece humaine encore informe ? […] Quel goût peut-on trouver dans un sujet qui n’a rien de neuf & de piquant, sans variété, sans intrigue, sans dénouement, qui ne présente que deux acteurs, dont le rôle exige une nudité que le théatre n’oseroit représenter ?
Les Apologistes du Théâtre ont à m’opposer les pieces qui sont représentées par des Ecoliers sous la conduite de leurs Regens, qui sont ordinairement des Religieux ou des Ecclésiastiques : toutes sortes de personnes assistent à la représentation sans conséquence, le silence des Prélats vaut une approbation. […] Sur votre Théâtre, Mademoiselle, on représente les passions ; un Comédien s’efforce de le faire aussi naturellement qu’il est possible ; on ne peut réussir sans les exciter en soi, il faut se pénétrer d’une ardeur qui ne s’efface pas aisément, après la représentation.
Sans doute aujourd’hui on ne voit pas les Magistrats se donner à une troupe de Comédiens, et faire le métier de représenter pour de l’argent. […] Cependant comme le Prince ne s’est expliqué sur la tolérance que pour la capitale, quoiqu’il le laisse en effet dans tous les lieux où on le veut, il est du devoir d’un Magistrat d’empêcher son établissement partout où il n’est pas encore, et jamais ne le favoriser, arrêter les dépenses des villes qui voudraient l’établir, et refuser les permissions de représenter aux troupes de Comédiens qui voudraient l’introduire.
, mais seulement les spectacles qui représentaient les Fables en la manière lascive des Grecs et des Romains, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles ? […] Ici, Messieurs, pour ne pas combattre en aveugle le prétendu Théologien, je me suis vu obligé de parcourir les principales pièces qu’on représente le plus souvent sur le Théâtre ; et si dans ce lieu uniquement destiné aux Sciences Ecclésiastiques, je n’ose vous lire des Vers, où les artifices de l’Amour déréglé et les démarches d’une ambition démesurée se montrent avec l’appareil le plus capable de séduire les cœurs, voyons du moins ce que pensent les gens du monde et les plus habiles connaisseurs touchant les divertissements du Théâtre d’aujourd’hui.
., les tartufes de justice, d’indulgence ou de pitié, de patience ou de modération, de modestie, de grandeur d’âme, d’amour filial ; et vous n’aurez aucun doute non plus qu’une satire en comédie dirigée contre une hypocrite de tendresse maternelle, comme il y en a effectivement, sur qui, par le jeu d’un Brunet ou d’un Potier, qui représenterait la marâtre, on livrerait à la risée publique le ton, les soins empressés, les caresses, les émotions ou les tendres élans du cœur d’une mère, ne portât une atteinte funeste à la plus précieuse des vertus, et ne détruisit en peu de temps l’ouvrage du génie supérieur qui a défendu si éloquemment la cause de l’enfance et mis à la mode, en les faisant chérir, les premiers devoirs de la maternité. […] Empêcher qu’il n’y entre désormais des pièces dangereuses, n’est qu’une demi-mesure ; il est de la même importance de faire un choix judicieux de celles qui y sont admises et qui peuvent être représentées sans danger, et de rejeter les autres. […] Par exemple, autrefois il fallait être un Regnard ou renard, pour imaginer les ruses hardies, les tours criminels représentés, ou enseignés, dans la comédie du Légataire et autres ; on voit aujourd’hui de chétives pécores en jouer, ou conseiller de semblables.
Loin qu’il soit même averti de ses vices, il est proposé pour modèle de conduite, de politesse, de bel esprit ; et il est encore représenté riche et heureux, afin que son exemple fasse sûrement son impression. […] Dryden de le représenter. […] Car, n’y a-t-il point de divertissement à espérer, à moins qu’on ne représente le vice heureux, ou qu’on ne lui ouvre toutes les voies pour le devenir ?
Et irait-on jamais les entendre, si l’on n’y recevait pas les émotions agréables que des passions toujours injustes, mais naïvement représentées, produisent en nous ? […] Les Bouffons promettaient d’exterminer le vice à force de le représenter dans leurs Comédies : et les sérieux promettaient de faire vivre la vertu à force d’en faire voir l’éclat dans leurs pompeuses Tragédies : tous aveugles qui ne voyaient pas que le vice leur était devenu naturel, et que la vertu n’était pas à leur portée. […] Qu’un homme quitte l’habit de Prêtre, ou de Religieux pour prendre celui d’un Bateleur ; et représenter, en mascarade un Saint qui est dans la gloire, cela n’est que ridicule ; mais que des âmes rachetées du Sang de Jésus-Christ, destinées à la mortification et à la pénitence enfantent un attirail propre à corrompre les cœurs, et s’arment, pour ainsi dire, contre la Croix et l’Esprit de Jésus-Christ, c’est l’excès de l’abomination.
Ils verront pour le moins que ni la Tragédie ni la Comédie ne doivent rouler sur une passion qui paraît presque toujours chez eux une vertu et non une faiblesse, ou qui est toujours pernicieuse aux mœurs sous quelque forme qu’ils la représentent.
vieillards dans les Tragédies sont représentés comme des tyrans, des usurpateurs : dans les Comédies, des jaloux, des usuriers, des pédants, des pères insupportables que tout le monde conspire à tromper.
Encore si dans la Comédie moderne les propos d’amour étaient traités avec la même modestie ; ce serait, à la vérité, un miroir qui ne pourrait servir que pour représenter cette passion : mais il en réfléchirait du moins quelques rayons d’utilité et de vertu ; et les jeunes gens apprendraient jusqu’où ils doivent porter la politesse et la retenue avec les femmes.
En France ces médailles sont plus rares ; cependant les comédiens en ont fait frapper pour Corneille, & l’ont représenté sous les traits d’Auguste, avec les attributs d’un empereur romain. […] qui nous dit très-sérieusement : La comédie des Fâcheux, pour le divertissement du Roi, a été projettée, composée, apprise, exercée, représentée dans quinze jours. […] Il le fit représenter à la cour, & peut-être y joua quelque rôle. […] Son théatre, ses satyres, ses poësies remplirent des volumes ; ses pieces furent souvent représentées sur le théatre de Ferrare ; la plus brillante jeunesse de la cour d’Alphonse en étoient les acteurs, & les plus proches parens du Duc ne dédaignoient pas d’y jouer des rôles.
Pourquoi donc représenter ? […] Ce panégiriste des Comédiens y pense-t-il, & peut-on en donner une idée plus désavantageuse, que de les représenter comme insensibles aux plus grands coups, & s’abandonnant à tout par désespoir ?
On remarque encore que la cage est représentée sous trop d’aspects ; on lui donne des qualités, des attributs, qui lui sont trop étrangers ; elle est d’abord un berceau, ensuite un séjour plein d’attraits. […] Comment se représenter un cœur rempli d’épines ?
« De quelque sens qu’on envisage le théâtre, dans le tragique ou le comique, on voit toujours que, devenant de jour en jour plus sensibles par amusement et par jeu, à l’amour, à la colère et à toutes les autres passions, nous perdons toute force pour leur résister, quand elles nous assaillent tout de bon ; et que le théâtre animant et fomentant en nous les dispositions qu’il faudrait contenir et réprimer, il fait dominer ce qui devait obéir ; loin de nous rendre meilleurs et plus heureux, il nous rend pires et plus malheureux encore, et nous fait payer, aux dépens de nous-mêmes, le soin qu’on y prend de nous plaire et de nous flatter. » « En effet, que voyons-nous dans la plupart des pièces qu’on représente sur la scène ? […] » « Qui peut se dire à soi-même qu’il n’a contracté aucune tache en sortant d’un lieu où les deux sexes se rassemblent pour voir et être vus, et pour voir des spectacles consacrés aux dieux des nations, où on décrit leur histoire, où on peint leurs amours, où on représente leurs infamies sous des voiles qui en diminuent l’horreur et qui en augmentent le danger ?
Vous avez commencé de sentir la vérité lorsque dans le temps que vous vouliez les honorer par les jeux du théâtre, vous avez déclaré infâmes les Acteurs qui les représentaient. […] Quels Dieux qui se plaisent à voir représenter ce qu’ils devraient punir !
Si, en parlant des duellistes, on les qualifiait, comme ils le méritent, de fous et de furieux ; si l’idole fantastique qu’ils appellent l’honneur n’était représentée que comme une chimère et une extravagance, si on avait soin de ne peindre la vengeance que sous les couleurs d’une action lâche et cruelle, nul doute que l’on n’accoutumât les hommes à moins de susceptibilité ; mais ce qui contribue à exaspérer les esprits et à les rendre enclins à la vengeance, c’est l’opinion accréditée qu’il y a de la lâcheté à supporter un affront. […] C’est une peinture si naturelle et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste et fort honnête ; car, plus il paraît innocent aux âmes innocentes, plus elles sont capables d’en être touchées.
Comme il n’y a personne qui n’aimât mieux être Britannicus que Néron, je conviens qu’on doit compter en ceci pour bonne, la Pièce qui les représente, quoique Britannicus y périsse. […] De là venait encore que, dans leur Comédie, les rôles d’amoureuses et de filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves ou des filles publiques. […] Que dirai-je de ceux qui semblent avoir peur de valoir trop par eux-mêmes, et se dégradent jusqu’à représenter des personnages auxquels ils seraient bien fâchés de ressembler ? […] Si le seul établissement du Théâtre nous est si nuisible, quel fruit tirerons-nous des Pièces qu’on y représente ? […] La Tragédie nous représentera des tyrans et des héros.
Nos faiseurs de fables qui ont rendu toutes les vérités mystérieuses pour nous les faire entendre d’autant mieux, qu’il nous aurait plus coûté à les deviner, nous ont représenté celle dont je parle sous l’alliance du Dieu du travail, et de la Déesse du plaisir. […] Tant de mauvaises idées viennent à la foule, elles se représentent à notre esprit sous des préceptes si spécieux :« Quando redeunt, et quando veniunt, et cum adsunt, animo fornicantur. » Salvian. […] La première sorte était de Satyres, qui représentaient tous les désordres de la lubricité : ils étaient vêtus en demi-boucs :« Et pilosus clamabit alter ad alterum. 1. […] On en fait comme des boucs d’Anathème, et chacun les charge de fleurs ; on se persuade que le mal qu’on fait à leur prêter l’oreille, retombe sur eux et qu’on peut voir innocemment ce qu’ils ne peuvent représenter sans crime. […] Quelques Acteurs s’étaient préparés à représenter une Naumachie ou combat naval : La mer y devait paraître avec tous ses flots et toutes ses richesses : « Isti crastina die habent mare in theatro, et nos habeamus Christum in portu. » Pierre de l’ancre liv. du Prince p.
Chacun a sa maniere de voir & de se représenter les choses.
En un mot, Madame, pour avoir un plaisir parfait à la Comédie, il y faut de bonnes Pièces, et qu’elles soient bien représentées : et c’est ce que vous n’y trouvez plus.
Comme les poètes savent qu’on ne prendrait point de plaisir à voir représenter des actions pour lesquelles on a de l’horreur, ils ont grand soin de dérober à la vue des spectateurs tout ce qui peut leur causer cette horreur.
Je dis encore que toute la France est enthousiasmée des spectacles : « Totam hodie Romam circus capit, et fragor aurem percutit. » Les théâtres publics, quoique innombrables, ne suffisent pas, on en construit dans les bourgades, dans les armées, dans les couvents, dans les maisons particulières ; on y court, on y monte, on y joue, on y passe la vie ; il se forme des troupes brillantes de citoyens distingués, dont les biens, les travaux, les talents, la mémoire, sont utilement employés à apprendre et à représenter des pièces de théâtre.
En un mot je ne trouve rien dans cette Comédie qui ne soit conforme aux règles les plus sévères de la bienséance ; et par conséquent très digne d’être représenté sur le Théâtre de la Réformation.
Ils crurent qu’il étoit d’un très-mauvais exemple de laisser représenter des crimes & des passions même par jeu, de tenir de mauvais discours même pour remplir un rôle, ou pour amuser le public. […] Ils se plaisent & réussissent à représenter des drames à leur maniere sur des théatres particuliers qu’ils dressent promptement, & sans beaucoup d’appareil, dans leurs maisons. […] Danchet, qui déclamoit bien, récitoit aux Comédiens une piece de sa façon qu’il vouloit faire représenter, & ornoit de toutes les graces la déclamation.
Ce serait une idée extravagante de vouloir y représenter tout ce qui se voit dans la nature. […] Si ce ne sont pas des insensés, pourquoi le Poète les représente-t-il tels ? […] En user autrement c’est aller contre la nature et nous représenter au lieu d’elle, une chimère. […] C’est-à-dire que l’Action dans une Comédie devrait pouvoir se passer en aussi peu de temps qu’il en faut pour la représenter. […] La même Pièce qu’on joue à nos yeux se représente après cela dans notre imagination, comme sur une nouvelle Scène dont la première est devenue le modèle.
que ces gens-là voulant se donner un air de littérature & de beaux esprits, & se mettre à la mode de Paris, ont bâti un théatre qu’ils décorent du grand nom de Théatre National, qu’ils y représentent des pieces, qu’un d’entr’eux, qui fait des vers, a composé une tragédie, qu’ils ont jouée ; mais quelle piece, mais quel succès, mais quels applaudissements ! […] y avoit fait faire en 1590, la plus magnifique chéminée, où au milieu de plusieurs colomnes, des statues du plus beau marbre blanc, des vases de bronze, des bas reliefs qui représentent les victoires de ce Prince, on voyoit sa figure équestre en demibosse, armée, & couronnée de lauriers avec des inscriptions, des chiffres, des emblêmes à sa gloire.
Une servante dévergondée qui vient avec la gorge découverte (comme sont toutes les Actrices), à qui on représente & on a raison de représenter qu’elle devroit être plus modeste, & qui répond avec une impudence cynique (théatrale) : Vous êtes donc bien tendre à la tentation, Et la chair sur vos sens fait grande impression.
J’oserais parier que ce n’est que pendant le jour que vous éprouvez ces mouvements violents, et que pendant la nuit, dans des songes aimables, vous vous représentez les femmes sous des traits plus dignes de l’humanité. […] Leurs sentiments cruels, leurs peintures homicides, sont la seule consolation qui leur reste, et Zima ne voyant que des portraits affreux, et les croyant fidèles, doit abhorrer les objets qu’ils représentent.
.° Aller à la comédie, à plus forte raison la représenter, est une action frivole, dangereuse, mauvaise. […] Pour le petit nombre des amateurs qui l’observe, je lui représenterai que non seulement l’esprit de pénitence proscrit toutes ces voluptés, mais qu’en particulier deux choses condamnent les spectacles dans la loi du jeûne. 1.° Le jeûne doit être exempt de péché et accompagné de bonnes œuvres. 2.° Le véritable jeûne ne se borne pas à la privation des aliments, il embrasse tous les plaisirs : « Frustra corpori esca subtrahitur, nisi mens ab iniquitate reveretur. » S.