Qu’est-il donc besoin après cela que l’Écriture parle expressément de Théâtre, d’Opéra, de Comédie, ou de Bal ; puisqu’il n’y a personne qui raisonnant sans se flatter, n’y trouve tout d’un coup la condamnation de toutes ces choses. […] J’ai vu une Bible entière réduite ainsi en Vers et en Colloques, qui avait bien trois cens ans : J’ai encore eu entre mes mains un Manuscrit en Vers et en forme d’Opéra tragique, où l’Histoire de la mort de Pilate était jouée ; et tout le monde sait que l’Hôtel de Bourgogne a été autrefois occupé par une Confrérie de gens qui s’étaient dévoués à représenter la Passion de Jésus-Christ. […] De quelle manière voit-on commencer la plupart des Opéras, sinon par l’invocation d’une Divinité, comme de Vénus, de Cupidon, ou de quelqu’autre ? […] Mais il relativise en effet l’autorité de Tertullien et Cyprien en s’appuyant sur l’argument de l’idolâtrie : « [...]ce saint Docteur [saint Cyprien] ne condamne pas absolument les Danses, les Chants, les Opéras et les Comédies, mais seulement les Spectacles qui représentaient les fables en la manière lascive des Grecs et des Romains, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles. » (ibid.
Nous devons tenir pour certain, que l’esprit peut quelquefois être assez borné, pour ne pas saisir le véritable sens de telle ou telle idée ; il est facile alors de se rendre inintelligible, mais le cœur toujours trop-tôt infermit par les passions qui le dominent, ne prend jamais le change, & c’est à lui qu’il est impossible d’en imposer : Ce que l’esprit ne comprend pas, Le cœur aisement le devineDans Jeannot & Jeannette, Opéra Comique de Madame Favart, de MM. […] , à ceux de l’Opéra, des Trétaux, & à d’autres encore dont le nom se devine plutôt qu’il ne se dit. […] Je ne dis rien de l’Opéra. […] Ensuite les Variétés amusantes qui figurent très-bien à côté, enfin les Eleves pour la danse de l’Opéra. […] Dans Jeannot & Jeannette, Opéra Comique de Madame Favart, de MM.
Les Demoiselles du Séminaire ou Collége féminin, qui s’est établi à Petersbourg, ont joué le jour de la fête de l’Impératrice, une Comédie françoise, un Opéra comique, qui ont été fort applaudis ; sur quoi le Gazetier d’Avignon, qui le rapporte, 19 juin 1776, ajoute : Ce succès doit engager les Auteurs françois à suivre les modeles du siecle de Louis XIV, & à traiter des sujets qui puissent être entendus & goutés de toutes les Nations.
Les tragédies, comédies, opéra, bal, sont les pompes de Satan.
LA fable des amours de Cupidon & de Psiché, inventée par Apulée, dans son âne d’or, mise en vers par la Fontaine, dont Moliere a fait un mauvais drame, & Thomas Corneille un mauvais opéra, que Lulli réchauffa des sons de sa musique, & que l’Abbé Basnier dans sa mythologie, traite avec raison de conte puerile ; cette fable vient d’être rajeunie dans un poëme en huit chants, avec des notes, comme si elle en valoit la peine, pour servir de suite aux fables de l’Abbé Aubert, & qui assurément doit en empêcher le fruit, en remplissant l’esprit du lecteur d’une multitude de folies amoureuses, dont le fonds est très-licencieux, & les images dangereuses. […] On n’a pas négligé ce beau sujet, & c’est une Dame, Madame Xaintonge qui en a fait un opéra, elle a défiguré l’avanture, & en a fait disparoître la morale, & l’a rendue plus scandaleuse, en introduisant deux autres amours, d’une Nymphe avec un guerrier, & d’Ulysse lui-même avec une Nymphe ; il n’y a jamais assez d’amour, il y en a deux ou trois dans la plupart des piéces.
Que penser des faiseurs d’opéra ? […] L’opéra même (& c’est tout dire) est susceptible de cette bonté morale ; qui le conteste ?
Tous les opéras en sont farcis. […] D'où vient que les bouffonneries licencieuses des farces de l'opéra comique, qu'on ne traitera pas d'ouvrages parfaits, sont toujours courues, et qu'il n'y a guère que les chef-d'œuvres dans la sphère de la vertu, Athalie, Polyeucte, qui se soient soutenus ?
Maman n’a qu’à venir me faire la leçon, Qu’il faut fuir l’opéra, le bal, la comédie, Dans la chambre passer sa vie.
Mais ne peut-on voir la Comédie et l’Opéra sans se gâter ?
Les héros des Contes de la Fontaine, non plus que les amans de l’opéra, & les débauchés de Vadé n’ont aucune existence : les crimes qu’on leur fait commettre sont de tous les jours ; & jamais sur ce frivole prétexte, une mere sage n’en permettra la lecture à ses enfans : sous les couleurs de la fiction, on y avale le poison à longs traits, lors même qu’on le connoît, & qu’on s’en défie. […] L’Opéra, les François, les Italiens ?
Les principes de vertu semés de bonne heure dans son cœur, furent le germe qui opéra dans la suite les fruits d’un retour sincere qui termina sa carriere. […] Le Journal de Trévoux de 1776 caractérise fort plaisamment le mérite de cette farce, il y a plus d’esprit qu’il n’en faudroit pour saupoudrer dix Opéras comiques, & avec tout cet esprit, sans la musique de Mad.
Elle n’a pu y arriver, sans être de plus en plus surchargée d’une multitude de Citoyens désœuvrés dont on crut devoir occuper le loisir, selon le goût des temps, par des représentations pieuses qui furent l’enfance & le bégayement de nos Tragédies, de nos Opéra & de nos Comédies. […] de Fontenelle, que par la suite on se moquera aussi de nos Opéra dont on vante tous les enchantemens. […] L’Opéra.
Je répéterai ici, qu’on a vu des papes et des cardinaux, instituer des théâtres, tant à Rome qu’en Italie, et en France : on a vu un abbé directeur de notre opéra, à Paris ; on a vu des capucins, des cordeliers, des augustins, demander l’aumône par placet, aux sociétés théâtrales, et la recevoir de nos comédiens bienfaisants : on a vu des religieux et des prêtres de l’église apostolique et romaine, prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens.
C’est à la sortie de la comédie et de l’opéra que l’on va tendre des pièges à la jeunesse.
Bravoure, rapporte plusieurs traits de la Maupin, Actrice de l’opéra, qui s’est souvent battue en duel, & a remporté la victoire. […] Est-ce dans son Régiment à Strasbourg, dans son voyage à Constantinople, sur le théatre Italien, ou à l’opéra ?
Ce n’est que dans nos Opéra que nous mettons un combat en Musique, Courage, courage, courage … A moi, compagnons, à moi … Au secours, au secours, au secours … Ah ! […] Les Ballets qu’on exécutoit dans la jeunesse de Louis XIV, étoient donc, par cette unité de Dessein, plus poëtiquement raisonnables, que nos Ballets modernes, & que les Opéra Historiques de l’Italie.
Encore si on n’alloit butiner que de bonnes choses, comme l’abeille sur des fleurs : mais, au contraire, ce qu’il y a de plus licencieux, de plus voluptueux est par préférence au pillage ; l’opéra fourrage la mythologie païenne, les italiens, les françois, outre les théatres anglois & italiens, vont se pourvoir dans les Contes de Lafontaine, dans Marmontel, dans Grécourt, &c. ; Lafontaine lui-même a écumé Bocace, Rabelais, la reine de Navarre, &c.
Ces paroles dissolues, ces chants lascifs, ce son de voix séduisant, ce visage fardé, ces attitudes voluptueuses, ces instrumens de musique, cette harmonie, cette mélodie qui énerve l’ame, & par un goût de volupté prépare & livre les spectateurs aux pièges des Actrices, ne les perd-il pas tous (on diroit qu’il y avoit opéra à Constantinople) ?
Si j’ai bien entendu ce qu’on vient de lire, madame Des Tianges n’a pas écrit pour défendre l’Opéra, la Comédie Italienne, ou les abus du Théâtre Français : elle propose de réformer ce dernier ; elle abandonne les deux autres. […] La vérité est, qu’il y a des Spectacles blâmables, tels que les Combats de Gladiateurs, les Pyrrhiques obscènes, & quelquefois nos Opéras ; d’indifférens, tels que les Farces, où l’on excite le rire sans blesser la pudeur ; d’utiles, comme la Tragédie, la bonne Comédie. […] C’est l’Opéra : ce que vous en dites est pour ne rien omettre ; d’ailleurs, je suis de votre avis. […] J’apprens qu’on doit suivre à peu-près le même système au nouvel Opéra. […] Dans la suite, les Comédies de la Passion furent des espèces d’Opéras à machines, où il y avait aussi de la Musique.
Or, quelles atteintes mortelles ne doivent pas donner à leur innocence le nombre infini de maximes empestées qui se débitent dans les tragédies, dans les opéra, et les expressions et les images licencieuses que présentent les comédies ? […] Qui ne voit pas tous les jours encore, à l’Opéra Comique, des amoureux intrigants, sous l’habit religieux, tromper l’aveugle crédulité de toute une communauté de Visitandines, dont une sœur converse, à la grille du parloir, se permet des couplets équivoques, dont la licence serait à peine tolérée dans un cercle de femmes galantesx. […] Mais, de bonne foi, est-ce bien là un sujet d’opéra, et n’y a-t-il pas conscience à se jouer ainsi des choses les plus sacrées ! […] NDE Ma tante Aurore ou Le roman impromptu, opéra bouffon, musique de François-Adrien Boieldieu, livret de Longchamps, 1803. […] NDE Le Diable couleur de rose ou Le Bon homme Misère opéra comique, musique de P.
A quel propos, par exemple, faire une mauvaise plaisanterie sur les Acteurs de l’Opéra, parce que Néron faisoit égorger ceux qui s’endormoient lorsqu’il chantoit au Théatre ? Admirez tout le fiel de cette apostrophe : « Nobles Acteurs de l’Opéra de Paris, ah ! […] Plaisanterie à part, je ne prétends pas que votre joli petit Opéra soit ennuyeux, mais je suis fâché que vous déclamiez contre des gens qui ont employé tous leurs talens pour faire valoir les vôtres, et; que vous avez payé d’ingratitude. […] Je ne vois pas non plus, pourquoi vous vous plaignez de l’ennui que vous avez eu à l’Opéra. […] Vous avez voulu dire un bon mot, on en rit, mais on n’en ira pas moins à l’Opéra, et; votre Satyre n’empêchera pas les gens de goût et; d’un bon esprit de lui rendre justice.
Ainsi à l’Opéra l’un compose les vers, l’autre la musique ; au Théatre italien, Favart, Panard, Fuselier, Collet, Vadé, &c. travailloient en société. […] Tel fut le démêlé de Lafontaine avec Lulli, pour un opéra mal payé.
La Reine, qui aimoit passionnément les Spectacles, crut ne pouvoir mieux la régaler qu’en lui donnant l’opéra d’Orphée. […] Elle est si flattée de cette souveraineté de théatre, que, malgré sa délicatesse, sa grossesse, ses couches, elle tient tous les jours le conseil d’Etat dans sa chambre, elle gouverne dans son lit, elle y forge & lance les foudres, comme Vulcain & Jupiter à l’Opéra.
Une comédie est un livre, la morale de l’opéra une chanson ; qui est assez simple pour prendre des chansons pour des vérités ?
Médée a été pour nous un Sujet de Tragédie & d’Opéra ; mais ce Sujet n’étoit point traité sur le Théâtre d’Athenes comme sur le nôtre.
La malignité ajoute que les écoliers les mieux faits y sont habillés en femmes, avec du rouge, des mouches ; qu’à l’occasion de ces représentations les femmes entrent, se répandent dans les pensionnats et les collèges, se placent à une fenêtre pour voir la pièce, qu’elles vont dans les chambres des écoliers, des Religieux, y sont accueillies et régalées ; que tout cela est précédé, accompagné, suivi d’un nombre infini de visites, de conversations, de repas, de lectures, qui ne sont rien moins que des leçons de spiritualité, et qui font perdre un temps infini aux Régents, aux acteurs, à toute la classe ; qu’on y appelle des acteurs, des danseurs, des violons de l’opéra, qui se mêlent avec les écoliers, et ne les conduisent point à la plus haute sainteté.
Voici comme il s’exprime, dans une lettre à Louis Racine son fils… « Vous sçavez ce que je vous ai dit des Opéra & des Comédies, on doit en jouer à Marly : le Roi & la Cour… auroient une mauvaise opinion de vous, si vous aviez si peu d’égards pour moi & pour mes sentimens. […] Songez, dit-il pag. 6. de ses maximes, &c si vous jugez digne du nom Chrétien, de trouver honnête la corruption réduite en maximes, dans les Opéra de Quinault… Pour moi, ajoute-t-il, je l’ai vu cent fois, déplorer ces égaremens. […] Par exemple : l’Impératrice Marie-Therese, Reine de Hongrie, a fait un réglement en 1754 pour ses Etats, dans lesquels les Comédies, les Opéra & autres spectacles publics sont défendus, 1°.
L’Opéra est d’autant plus dangereux, que l’âme y est plus susceptible des passions qu’on y veut exciter à la faveur de la musique. […] Si l’on doit dire la même chose de l’Opéra ? […] A la troisième demande on répond, que l’Opéra est d’autant plus dangereux, qu’à la faveur de la Musique dont les tons sont fort recherchés et disposés exprès pour toucher, l’âme est bien plus susceptible des passions qu’on y veut exciter, et particulièrement de celle de l’amour qui est le sujet le plus ordinaire de cette sorte de Comédie.
A l’égard de l’Opéra, qui paroît être-plus difficile à justifier, c’est encore l’affaire des Censeurs de le rendre plus digne du titre honorable qu’il porte d’Académie Royale de Musique.
Tel est l’Opéra des Monnes ; ce n’est qu’un recueil de traits bachiques qu’on trouve dans mille chansons, & qui fait aussi peu d’honneur à l’esprit qu’à la profession de l’Auteur.
Qu’eût-il pensé de l’opéra, où, selon l’expression de Voltaire, un art magique de cent plaisirs fait un plaisir unique, où la symphonie la plus harmonieuse, où les voix les plus mélodieuses, & selon Boileau les plus luxurieuses, chantent avec le plus grand art les airs les plus voluptueux & les plus tendres, où les Actrices les plus belles, les plus exercées, les plus complaisantes, expriment de la maniere la plus passionnée tout ce que l’amour a de plus séduisant & de plus vif ?