Voilà tout ce que disent les Canons, les Pères, les Casuistes, des dangers que fait inévitablement naître la danse : Non tuta verecundia, illecebra suspecta, idoli portio, deliciarum comes, luxuria ludibrium saltatio. […] Le théatre a fait de la danse un art véritable & fort étendu, de grands maîtres, d’habiles élèves, des plans réguliers, un système suivi, une vraie académie, une science profonde ; tout y est choisi, préparé, combiné, symmétrisé ; uniformité de parures, assortimens de décorations & d’habit, égalité de tailles, ressemblance de traits, harmonie & cadence, symmétrie des pas & des figures, dextérité, légèreté, souplesse, force, tendresse, tous les agrémens imaginables, par conséquent tous les traits de la séduction ; tout y peint la volupté, met la passion en action, & y fait naître un vif intérêt, sur-tout lorsqu’adroitement combinée avec la piece représentée, elle fait avec elle un vrai tableau, naît-des événemens, les prépare ou les accompagne, comme l’a fait souvent le voluptueux Quinaut dans ses opéra, & que tâchent de faire ceux qui le suivent, car l’opéra est le vrai trône de la danse, le trône des danseuses, des figurantes.
Le second cas peut faire naître des scenes, mais ne peut avoir de dénouement ; l’engagement ne peut être cassé. […] Rien qui puisse faire naître d’événement tragique. […] Une passion qui ne fait que de naître pour un parent, qu’on n’a vu qu’une fois, avec qui on n’a formé aucune liaison, débute-t-elle par ces féroces excès ?
C’est, dit-on, un homme ambitieux & avare, qui, né dans l’obscurité & la misere, a trouvé le moyen, par les intrigues, les extorsions & les sacriléges, en vendant les choses saintes, de se pousser à la cour & de devenir extrêmement riche.
Et n’est-ce pas de-là que naissent tant de désordres dans les familles, tant de divisions & de querelles, tant de guerres intestines ?
N'est-ce pas de là que naissent les dérèglements de la vie, les désordres des mariages, les guerres, les troubles, et les querelles domestiques ?
Les autres choses que l’homme fait c’est l’art ou l’expérience qui lui ont appris ; mais le plaisir est plus ancien que tout cela, la nature en est seule la maîtresse, et l’a enseigné aux animaux pour le soutien de leur vie : c’est pourquoi il naît avec nous et n’est jamais vicieux que quand il passe les bornes que la nature lui a prescrites.
Une vigne cultivée le Dimanche ne donnera pas de plus mauvais vin, que si elle avait été façonnée un jour ouvrier ; les hirondelles ne naissent point dans nos Eglises, qu’avec une petite espèce de sacrilège et de profanation d’un lieu sacré ; elles n’en sont pas pourtant plus noires, ni moins légères pour voler. […] Mais comment peut-on dire en vérité que la danse ne fait tort à personne puisqu’elle donne lieu à des jalousies diaboliques, et qu’elle fait naître des vengeances qui portent les hommes à se couper la gorge ? […] y eut jamais femme digne de manier un Sceptre ce fut Isabelle Reine d’Espagne qui fit de sa maison une Académie d’honneur, où furent formés tous les grands hommes de son siècle et du suivant, elle avait une haine particulière contre les bateleurs, qu’elle considérait comme des empoisonneurs publiques qui ôtent la vie et la santé aux Etats, en tirant dans la mollesse et dans le vice, ceux que Dieu et la nature avaient fait naître pour la vertu, il semble que c’est l’école du Démon, d’où personne ne sort, que pour déclarer la guerre à toutes les actions honorables. […] Douze ans après cette Ordonnance, le Parlement de Paris voulant arrêter les désordres qu’on en voyait naître, fit des inhibitions très expresses à tous les Marchands d’exposer en vente aucun masque ; Il n’est point d’année que le Parlement de Toulouse ne renouvelle ses Arrêts sur ce sujet, et néanmoins le Carnaval revient tous les ans tête levée, sans qu’on lui dise mot. […] La terre est pour les plantes ; celles-ci sont pour les animaux, et les animaux pour les hommes : La terre ne se peut plaindre si les plantes tirent leur subsistance, et leur nourriture de son sein : Les plantes ne peuvent refuser de servir d’aliment aux animaux ; elles ne naissent que pour cela, et si elles étaient capables de tristesse et de plaisir, elles feraient leur joie de se voir brouter : car rien n’est satisfait, que dans la possession de sa fin.
Le grand art de la parure a fait naître un procès fort plaisant entre les Perruquiers & les Coëffeurs des Dames. […] Tout cela demande un tact, une intelligence, un génie pour lequel il faut être né.
Tertullien Et en effet, c’est de ce principe que naissent tous les jours les relâchements dans la morale chrétienne. […] Ce n’est point encore assez ; mais ne vous déguisez rien à vous-même, et reconnoissez-le de bonne soi : n’est-il pas vrai qu’à force de lire ces sortes d’ouvrages et d’avoir sans cesse dans les mains ces livres corrupteurs, vous avez donné imperceptiblement entrée dans votre ame au démon de l’incontinence, et que les pensées sensuelles ont commencé à naître, les sentiments tendres à s’exciter, les paroles libres à vous échapper ; que la chair s’est fortifiée, et que vous vous êtes trouvé tout autre que vous n’aviez été jusques-là, ou que vous ne vous étiez connu ?
« Le mauvais goût l’a seul produit, continue la satire outrée ; s’il est l’enfant des beaux Arts & des Lettres brillantes de gloire, pourquoi n’est-il pas né dans le siécle de Louis XIV ?
Les hommes ne se touchent que par la surface, & tout serait dans l’ordre si l’on pouvait réduire ceux qui sont nés vicieux, ridicules ou méchans, à ne l’être qu’au-dedans d’eux-mêmes.
C’est l’oubli de ces lois canoniques, qui a fait naître l’ambition et la soif des richesses dans le cœur des prêtres, et a causé, par leurs intrigues et leurs entreprises criminelles, tant de troubles, tant de désordres, tant de guerres de religion, tant d’assassinats et de régicides, dont malheureusement abonde l’histoire des peuples de la chrétienté.
Non sans doute, ils ne le sont pas tous ; mais assurément la totalité des Acteurs, et plus de la moitié des spectateurs et des compositeurs ne sont nés que pour un travail mécanique ; la scène les en arrache, les en dégoûte, et les rend inhabiles à tout.
Si la crainte de faire naître dans le cœur de vos enfants des passions qui leur seraient funestes, vous oblige de les éloigner de ces assemblées dont nous venons de parler ; cette même crainte vous engage indispensablement à ne jamais permettre qu’ils fréquentent les comédies.
L’habit de deuil est il bien convenable le jour de son apothéose, où on lui décerne l’immortalité ; cette idée est tout à fait hétéroclite, il y a cent caractères comiques, que Moliere n’a pas traités, & tous les jours il en naît de nouveaux, le ridicule est inépuisable ; n’y eût-il que les entousiastes, ils sont vraiment comiques. […] Les deux Roses dont il a été souvent fait mention dans la tragédie, firent naître à l’auteur l’idée de la petite farce des trois Roses, qu’il fit jouer peu de tems après.
Pour une ame bien née qui écoutera, qui goûtera ces leçons & en profitera, cent & cent cœurs dépravés qui ne les écouteront pas, qui s’en moqueront, & ne s’arrêteront qu’au mauvais, dont ils se repaîtront avec délices. […] Shakespear, dit le Spectateur, t. 6, disc. 25, étoit né avec toutes les semences de la poësie : c’est une terre qui cache dans son sein les graines & les racines.
Le poëte universel est encore à naître, même dans les divers théâtres tragique, comique, lyrique, pastoral. […] Le hasard fait naître quelque incident qui avance ou recule le succès.
Euripide né à Salamines dans le tems que les Athéniens y célébroient leurs éclattantes victoires sur les Perses, par des trophées & des hymnes, que Sophocle, jeune encore, chanta à la tête de la jeunesse Athénienne ; d’abord disciple du Philosophe Anaxagoras, & ensuite le meilleur des Poëtes de l’antiquité, fut longtems le confident & le favori d’Archélaüs Roi de Macédoine. […] se demande-t-il ensuite à lui-même : au contraire, il en faut beaucoup ; c’est dans les Républiques qu’ils sont nés, c’est dans leur sein qu’on les voit briller avec un air de fête.
L’état honteux de ces esclaves inspiroit aux enfans la crainte ou la pitié, ou l’une & l’autre en même temps ; & ces passions étoient le préservatif du vice qui les avoit fait naître. » Les tragédies qui n’ont pas la ressource du dénoûment, sont encore plus rejettées de M.
Au lieu d’avouer qu’il avoit jusques-là admiré des sottises, & protegé de médiocres Poëtes, le Cardinal se ligua, dit Boileau, contre le Cid, c’est-à-dire, contre le Poëte, que les Muses faisoient naître pour l’honneur de la France, & même de l’Europe, puisque jusqu’à lui on n’avoit encore vû sur aucun Théâtre paroître la Raison.
Il n'est pas surprenant que dans une grande solennité David, peu fait au cérémonial de la royauté, qui ne faisait que de naître, se soit laissé emporter aux transports de la joie, jusqu'à danser familièrement avec le peuple, comme il l'avait fait cent fois avec les Bergers ses compagnons, et peut-être, sans y regarder de si près, avec quelque sorte de bouffonnerie indécente qui déplut à son épouse.
Il va plus loin11 : il soutient que « les sentiments les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des Acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du Spectateur même le plus indifférent ».
Mais une infinité d’autres passages qui se lisent dans les Pères, renversent sa prétention : Qu’ils n’aient parlé contre les Théâtres, que parce qu’il s’y passait des idolâtries, ou qu’on y faisait des saletés ; ceux que nous venons de citer prouvent avec évidence que les Saints ont regardé ces sortes de plaisirs même exempts des désordres grossiers, comme défendus aux Chrétiens ; et ceux qui les représentent, comme gens infâmes, indignes de la participation des saints Mystères, et qu’on ne pouvait recevoir à pénitence, s’ils ne renonçaient à leur malheureuse Profession, qui n’est propre qu’à séduire les âmes, et faire naître toute sorte de passions dans le cœur. […] Mais en quoi il s’abuse, c’est que la vertu d’Eutrapélie n’autorise nullement la Comédie, parce qu’elle ne veut dire autre chose dans l’esprit de saint Thomas, qu’un mélange de la joie et de la modestie dans des paroles et des actions qui naissent naturellement au milieu d’une conversation libre, et non pas des paroles bouffonnes, des mensonges, des fables, et des expressions d’amour, de vengeance ou d’orgueil, dont les Comédies sont remplies. […] Joignez à tout cela les oppositions qui naissent des parents et des rivaux, les entrevues échappées qui paroissent venir du hasard, les déclarations d’amour ; enfin l’heureux succès, comme ils disent, dans leur passion.
de vrais contes de vieille, dont on amuse de vieux enfants, & la plupart des spectateurs, des vieux enfants, qui rient d’un conte de vieille ; pour peu qu’on ait l’usage du monde, la conversation aisée, le tâlent plus mince, ou plutôt l’instinct des singes, de contrefaire les gens, l’art de coudre des conversations qu’on fait venir, comme on veut, les comédies naissent sous la plume & sous les levres. […] Tant de prix académiques de tant d’especes : Science, Eloquence, Poésie, Musique, Peinture, Sculpture, Chirurgie, Agriculture, Dessein, & notamment prix Dramatique, établi depuis quelques années, & accordé pour la premiere fois, au sieur du Beloy ; bourgeois de Calais ; & ces innombrables académies ou écoles, pour toutes sortes d’objets, ont bien pu faire naître dans une Cour toute Française, l’idée d’une école dramatique, pour la représentation ; on y joindra bien tôt aussi l’académie de musique, de la danse, de poésie, on en fera une Université théatrâle, avec les quatre facultés, les assemblées de ce corps gravissime de l’amplissime Recteur, des savantissimes Professeurs, des illustrissimes Docteurs, de ces méritissimes Licenciés, Bacheliers, comédiens, formeront une jolie scéne, qu’ouvrira un bedeau avec sa masse ; on n’y oubliera pas les écolieres & les régentes des actrices, qui ne sont pas moins nécessaires que les acteurs, soit qu’on les incorpore dans les classes & les corps des acteurs ; soit qu’on en fasse une université fémelle, séparée avec ses facultés, ses suppots, ses appartenances, ce qui seroit plus décent, mais qui exerceroient moins les uns & les autres, que s’ils prenoient leurs leçons & faisoient ensemble leurs exercices académiques.
Christine répondit : il pourroit naître de moi un Néron aussi bien qu’un Auguste, il vaut mieux désigner un successeur, je ne veux point me marier . […] J’aurois mieux fait , disoit-elle, de m’en émanciper tout-à-fait, n’étant pas née pour être assujettie.
Cette futile question a suspendu les affaires de l’État, occupé la délégation, & fait naître deux partis qui s’y intéressent avec plus de vivacité, que si le sort de la République en dépendoit. […] Ce qui met le comble au prodige, elle avoit passé la moitié de sa vie dans les états les plus opposés à la piété & à la grandeur qui ne devoient naturellement la conduire qu’à la frivolité, à la bassesse & au vice ; elle étoit née Protestante, aussi-bien que Montausier, de la famille la plus déclarée contre les Catholiques : d’Aubigné son père se fit enfermer dans une prison de Niord avec sa femme pour ses dérangemens.
Il ne seroit pas étonnant que, sur un théatre qui ne fait que de naître, le génie d’une nation très-libre & très-indépendante ne secouât imperceptiblement le joug des regles. […] Le discours de M. de Busson, lors de la réception de M. le maréchal de Duras à l’académie françoise, à la place du sieur Belloi ; ce discours, parmi les beautés qui naissent sous la plume de cet homme vraiment éloquent, donne une idée juste du sujet de nos tragédies.
Quoi on en sera quitte, en vous disant, voilà, mon Père, tout ce dont je me sens coupable, cela sera commode : car enfin on n’aime pas ces grands raisonneurs qui damnent à ce qu’on prétend, tout le monde, qui font mille questions pour découvrir le fond et le secret des consciences, qui font naître mille scrupules sur les choses du monde les plus communes et les plus usitées, qui en veulent plus savoir qu’on n’a envie de leur en faire connaître, vous serez le fait de ces gens-là : car vous vous contenterez de ce qu’ils vous diront ; et s’ils ne vous disent pas que la Comédie ait fait aucun méchant effet en eux, s’ils ne se confessent pas même d’y avoir été, ils seront innocents à vos yeux, et vous les renverrez absous sans scrupule. […] En effet la Comédie en nous peignant les passions d’autrui, émeut notre âme d’une telle manière quelle fait naître les nôtres, qu’elle les nourrit quand elles sont nées, qu’elle les polit, qu’elle les échauffe, qu’elle leur inspire de la délicatesse, qu’elle les réveille quand elles sont assoupies, et qu’elle les rallume même quand elles sont éteintes. […] ‘Il y a certaines Villes où les habitants sont depuis le matin jusqu’au soir à repaître leurs yeux de toute sorte de Spectacles, et à entendre sans se lasser des chansons déshonnêtes, qui ne peuvent faire naître dans leur cœur que de mauvais désirs’. […] Car enfin par ces chansons déshonnêtes, vous ne voulez pas sans doute que nous entendions seulement celles où il y a des impiétés et des saletés ; mais vous nous permettrez d’y comprendre aussi celles qui parlent d’amour et de tendresse, et qui peuvent, comme dit Saint Jean de Damas, faire naître dans le cœur de mauvais désirs.
22, fait la gradation de ses progrès : le regard fait naître la pensée, la pensée produit le goût, le goût méne à la délectation, la délectation entraîne le consentement au péché ; l’exécution suivra de près, elle enfantera l’habitude, & la damnation en sera le fruit.
Page 94 L’absence de la responsabilité ministérielle fait naître des désordres inévitables.
La magistrature est une sorte de sacerdoce, et chez plusieurs nations, les Prêtres étaient les juges nés de tous les différends.