Le dégoût s’empare de son ame, indignée elle abandonne la scène, & la laisse en proie à la débauche émanée d’un public luxurieux. […] Laissons les choses comme elles sont, ce serait tomber d’un mal dans un pire, tout est bien. […] Ce sexe naturellement crédule lorsqu’il aime, se laisse aller à sa passion sur l’espoir de promesses purement chimériques ; combien de filles abusées par une bonne foi composée ! […] Mais quel est le plus criminel, à votre avis, de celui qui se laisse aller à une occasion non préméditée, ou de celui qui met tout en œuvre pour la faire naître ? […] L’imposture n’est point l’idole que j’encense ; mon ame est trop noble, & ne se laissera jamais entraîner au torrent vulgaire, tant qu’un souffle de l’immortel l’animera : j’en fais vanité.
Mais laissons là les recherches grammaticales ; il nous suffit de savoir que Bouffon & Opéra n’ont jamais été faits pour aller ensemble ; & que ce sont les Italiens qui s’avisèrent de faire une association aussi bisare.
Jamais ils n’oseraient le regarder en face ; ils craindraient de porter leurs regards trop bas, ou de laisser apercevoir cette fourbe noblesse plus propre à inspirer l’indignation et le mépris, que le respect et la vénération.
Il ne falloit pas par ses foiblesses se voir gourmander par une femme : un grand homme ne l’eût pas laissée se mêler du gouvernement, ni avant, ni après cette scène. […] Saint Louis fut un exemple de chasteté avant le mariage, & de fidélité conjugale dans le mariage ; Henri a passé sa vie dans la débauche la plus scandaleuse, a fait divorce avec sa premiere femme, a vêcu toujours brouillé avec sa seconde ; il a laissé quatorze ou quinze bâtards. 3°. […] Ce motif n’est ni du plus sublime héroïsme, ni de la plus tendre bonté ; ce n’est qu’un motif d’intérêt : un particulier qui ne laisse pas maltraiter ses troupeaux ou ravager ses champs est aussi généreux. […] Son fils se laissa éclipser par le Cardinal de Richelieu, qui affermissoit son autorité : mais jamais il ne fut dominé par des maîtresses ; ses mœurs furent toujours pures. […] Tous les mots de Henri IV, dont la plupart ne sont que des plaisanteries, approchent-ils des sages leçons que ce saint Roi laissa en mourant à son fils ?
« Je seche de douleur, quand je me représente les impudicités & les idolâtries que vous exercerez dans le royaume que je vous laisse. […] Ce n’est donc qu’un mensonge, pour jetter de la poussiere aux yeux des gens de bien, qui voudroient se laisser duper. 2°. […] Pour le grossir on y a mêlé une multitude de dits & faits dont on trouve par-tout d’innombrables collections, & qu’il falloit laisser avec les contes qui ne sont que des traits choisis & mis envers : car il n’y a rien de neuf dans cet auteur si célébré, il n’y a de lui que le style, naïf & agréable qui se fait lire avec plaisir. Dans le recueil des contes on en a laissé quantité qui auroient pu trouver place parmi les fables aussi bien que ceux qu’on y a inséré. […] Comment donc l’auteur, dans un ouvrage composé avec tant de soin, comment ce tribunal suprême, dans un examen fait avec tant d’exactitude, ont-ils pu ne pas appercevoir ou laisser volontairement la matiere d’une condamnation si méritée ?
Je veux dire que ces spectacles épurez de ce qu’ils avoient de plus scandaleux autrefois, ne laissent pas de faire la même impression sur un esprit déja disposé, & d’y causer les mêmes desordres, qu’on ne peut excuser de peché mortel. […] Il sçavoit bien que pour s’attacher fortement au service de Dieu, il falloit mépriser les choses de la terre ; & que rien ne nous détourne davantage de penser aux biens solides & éternels, que de s’occuper de ces sortes d’amusemens, qui ne nous laissent qu’un dégoût étrange des veritez chrétiennes, & de toutes les choses de l’autre vie. […] Que sçavez-vous si ces objets, qui ne font point maintenant d’impression sur vôtre esprit, n’y laisseront point des traces, qui s’y renouvelleront un jour, & qui exciteront ces fortes passions que vous apprehendez si peu ?
Tels sont les hypocrites, ils ne peuvent trop veiller sur eux-mêmes, pour ne pas se laisser démasquer ; le moindre évenement, un coup d’œil, un mot, un geste, découvre sans qu’on y pense, le fond du cœur. […] Mais ces cas sont très-rares, la plupart des maris & des parents laissent une entiere liberté, & même y sont très-opposés. […] Le sculpteur, dit-il, prend un morceau de bois, son ciseau le travaille avec soin, & ensuite il le polit & l’enlumine, le peignant en rouge avec du vermillon, comme les femmes se peignent le visage, & par son art il en couvre avec adresse, les taches, en remplit les creux & les rides comme les femmes remplissent les creux qu’a laissé la petite vérole, les rides que l’âge, l’infirmité, le fard lui-même ont répandu : Perliniens faciem rubricam omnem maculam quæ in ipsâ est operiens.
Une Eglise tapissée, richement parée de tableaux de dévotion, des Messes toute la matinée, Vêpres, plusieurs Sermons l’un après l’autre, la Bénédiction, un monde infini toute la journée, laissent-ils la liberté de jouer la comédie ? […] En France, en Espagne, en Portugal, les représentations théatâles n’ont point été une matiere d’accusation, cet usage étoit chez eux public, & reçu, tout le monde y venoit, tous les enfans y jouoient, les Magistrats eux-mêmes avoient été acteurs, & laissoient jouer leurs enfans. […] C’est à-dire, des Saints qui ont vécu renfermés, rapporte, d’après quelques auteurs qu’il cite, que de deux comédiens fort unis d’amitié, l’un se convertit, & sans rien dire, alla s’enfermer dans une caverne, pour y faire pénitence ; son compagnon inconsolable, le chercha de tout côté, & enfin l’ayant trouvé, après plusieurs jours de sollicitation, le détermina à quitter sa prison, & à revenir dans le monde ; celui ci lui dit en chemin, qu’il avoit laissé dans un coin de la caverne, une somme d’argent, ramassée des aumônes qu’on lui avoit faites, je vais la chercher, dit le premier, & retourna dans la caverne ; son compagnon le suivit, & l’enferma, lui déclarant qu’il n’en sortiroit plus, qu’il faloit se résoudre à faire pénitence comme lui, puisqu’il n’étoit pas moins coupable ; il se passa plusieurs jours pendant lesquels il lui portoit à manger, sans pouvoir l’y déterminer.
Tels sont les romans, les pièces de théatre, les ouvrages de galanterie, on y admire la finesse des pensées, la délicatesse de l’expression, la variété des images, regardez-y de près ; le cœur y est bien plus touché que l’esprit, le plaisir vient sur-tout du vice qu’on y a délicatement répandu, qui flatte une imagination gâtée ; on ne sauroit soutenir la vue d’un objet grossier, montré à découvert, mais nous sommes bien aise qu’on nous le fasse entrevoir à travers un voile délié, qui le laisse voir ànu à l’imagination, qui s’y applique avec un plaisir extrême, & lève aussi-tôt le voile, & il ne faut pas un grand effort pour le lever au théatre où il est des plus transparens. […] Ne m’allez pas dire que lorsqu’une honnête femme a tant fait que de renoncer à son devoir, elle doit être plus furieuse qu’une autre ; que les combats qu’elle a essuyé avant de se rendre, la font devenir une fois plus sensible à l’infidélité qu’on lui a fait, qu’une honnête femme à qui il en coûte pour se laisser vaincre, veut jouir de la peine qu’elle a eue à se défendre, & que ne voulant pas tous les jours recommencer les frais d’une passion, il lui est permis d’enrager lorsqu’elle en perd les fruits. […] Arnaud, à qui en mourant il laissa son manuscrit pour le corriger, & qui en effet est presque tout refondu ; personne ne doute de ses sentimens, & la régularité de sa conduite dans son diocèse en est un sûr garant.
de Mortfontaine pensent bien différemment ; celui-ci établit une rente de cent vingt livres, & laisse la liberté du choix ; l’autre se trouve grévé par l’énorme dépense d’un ruban, d’une bague & de quelques roses, & veut disposer en maître du choix. […] Medard qui établit toute la Paroisse juge du mérite de la fille, ce Corps vénérable, par intérêt & par crainte, laisse à un Seigneur le choix de la fille. […] Le vrai but de l’Auteur a été d’établir la morale de Moliere, qu’ il faut laisser aux filles une entiere liberté.
Va, va, traître, laisse-moi faire. […] Mais ce sont des idées gothiques qu’on n’oseroit sur la scène seulement laisser entrevoir, sous peine d’être déclaré imbécille ou tartuffe, & régalé de mille sifflets. […] Laisse-moi faire, pendart.
Je veux dire que ces spectacles épurez de ce qu’ils avoient de plus scandaleux autrefois, ne laissent pas de faire la même impression sur un esprit déja disposé, & d’y causer les mêmes desordres, qu’on ne peut excuser de peché mortel. […] Il sçavoit bien que pour s’attacher fortement au service de Dieu, il falloit mépriser les choses de la terre ; & que rien ne nous détourne davantage de penser aux biens solides & éternels, que de s’occuper de ces sortes d’amusemens, qui ne nous laissent qu’un dêgoût étrange des veritez chrétiennes, & de toutes les choses de l’autre vie. […] Que sçavez-vous si ces objets, qui ne font point maintenant d’impression sur vôtre esprit, n’y laisseront point des traces, qui s’y renouvelleront un jour, & qui exciteront ces fortes passions que vous apprehendez si peu ?
Laissons là les mauvais, & demandons au petit nombre de ceux qu’on admire, quels services ils ont rendus à la Nation, & quel Citoyen est devenu meilleur en les lisant ? […] La Médecine ordinaire, telle qu’elle est exercée par nos Praticiens, n’est point non plus une science certaine, & cependant elle ne laisse pas de procurer des secours infinis : pourquoi n’en espérerions nous pas de pareils & de plus grands encore de la Médecine de l’ame, en raison des progrès qu’elle fera parmi nous.
ne paraissez pas plus marcher sur les traces de ces hommes ombrageux et aveuglés par leur passion ; modérez la fougue de vos sentiments tendres, repoussez par un air calme les méchants et leurs propos malins, ne vous faites pas remarquer, ne vous affichez point par des plaintes éclatantes, ou des démarches insensées, ne laissez même pas apercevoir vos inquiétudes, si vous en avez ; mais faites avec prudence tout ce qui dépend de vous pour prévenir le mal ; soutenez la faiblesse de votre épouse contre les séductions qui l’entourent, écartez tout doucement les dangers qui la menacent, encouragez-la, répétez lui souvent que sa vertu vous est bien chère, qu’elle fait votre bonheur, comme elle vous porte à faire le sien, ce que vous devez lui prouver par vos bons procédés, et puis observez-la silencieusement, croyez à son innocence jusqu’à ce que vous ayiez acquis la preuve certaine de votre malheur, que, selon les circonstances, en homme sage, vous dévorez encore secrètement, et vous ne serez jamais regardé comme un jaloux ; parce que vous n’en aurez aucune apparence. […] S’il restait encore quelque doute, ces remarques n’en doivent plus laisser qu’un moraliste, publiant aujourd’hui qu’il ne faut pas commettre tel excès, voluptueux ou avantageux, dont la multitude des gens qui l’entendent n’ont aucune idée, est aussi imprudent, aussi maladroit que s’il leur disait qu’il ne faut pas aller dans tel endroit prendre son trésor qui y est caché.
Mais laissons ces horreurs qui ne sont pas si rares : elles sont trop affligeantes pour un cœur chrétien. […] L’auteur, apparemment homme de théatre, a supprimé à dessein deux moyens qu’Aristote dit a oir été employés avec succès par les tyrans ; l’un, de faire de grandes largesses aux comédiens, aux étrangers, aux femmes de mauvaise vie, scortis & peregrinis & histrionibus donat effuse , pour amollir les citoyens & les rendre vicieux, foibles, pusillanimes ; l’autre, d’occuper les peuples par des bâtimens, des peintures, des statues, pour les appauvrir, en inspirant le luxe & la magnificence qui engage dans des folles dépenses, & ne pas leur laisser dans l’oisiveté le loisir de réfléchir sur leur état & de cabaler contre lui.
Ne nous laissons pas extasier comme des enfans, avec des poupées. […] En ébranlant un moment les organes, ils ne peuvent faire goûter qu’un plaisir rapide qui passe avec l’ébranlement qui l’a causé & laisse l’ame dans la langueur & l’ennui.
On doit étudier avec soin tout ce qui la regarde, il est d’une importance éxtrême de la connaître & de l’approfondir : je fais donc bien de lui consacrer un CHAPITRE ; on verra que je ne laisse rien échapper, autant qu’il m’est possible, de ce qui peut instruire ou mériter l’attention du Lecteur ; j’aime mieux courir les risques de me répéter.
Nous voulons être accablés d’une douleur qui nous laisse une sombre mélancolie ; nous nous indignons, pour ainsi dire, qu’on essuie trop-tôt des larmes qui prouvent notre humanité.
Là vous y faites paraître des Génies qui se jettent incontinent sur la Pomme, qui représente une des plus grandes Dignités Ecclésiastiques ; Vous dites, que chacun tâche de s’en saisir, qu’ils ne peuvent s’accorder entre eux ; mais qu’enfin le seul Génie de votre Héros demeure, et que les autres s’enfuient ; Ici l’on est indigne de l’Episcopat, si on ne s’enfuit, si on ne résiste et si on ne se laisse faire violence pour l’accepter.
Cette tolérance n'empêche pas qu'on ne doive dire que les maux que le monde permet, ne laissent pas d'être condamnés par l'Evangile.
Ils n’ont garde, tout gâtés qu’ils sont, d’apercevoir qu’ils se gâtent, ni de sentir le poids de l’eau quand ils en ont par-dessus la tête : et pour parler aussi à ceux qui commencent, on ne sent le cours d’une rivière que lorsqu’on s’y oppose : si on s’y laisse entraîner on ne sent rien, si ce n’est peut-être un mouvement assez doux d’abord où vous êtes porté sans peine, et vous ne sentez bien le mal qu’il vous fait que tôt après quand vous vous noyez.
Il faut donc la laisser reposer, dit le Saint.
Et quand il laisse ces crimes impunis ; c’est alors qu’il les punit plus sévèrement.
Mais il n’en est pas de même de ceux qui n’y assistent que par curiosité ou par récréation ; ils ne pèchent que véniellement, pourvu qu’ils se proposent de résister à tout mouvement charnel qui peut survenir, ou qu’ils n’aient pas lieu de craindre de se laisser aller à quelques fautes graves4.
Laissez les hommes malfaisants et les femmes perdues chercher au théâtre un aliment proportionné à la corruption de leur cœur, la sûreté publique y gagnera peut-être ; mais vous, fuyez des plaisirs auxquels vous ne pouvez vous livrer sans danger, et qui vous rendraient moins fort pour résister aux attaques des passions.
Ces mouvemens fortuits, et produits par les occasions, réiterés quelques fois de suite, deviennent des habitudes, et laissent dans l’ame une pente extrémement forte à les produire tout de nouveau.
Exigeons cet effet, et laissons la liberté des moyens.
Je comptais d’abord sur une feuille ou deux d’impression tout au plus ; j’ai commencé à la hâte et mon sujet s’étendant sous ma plume, je l’ai laissée aller sans contrainte.
Un habile Ecrivain, qui a laissé beaucoup d’ouvrages, dans le goût de son temps, il est vrai, comme les meilleurs Ecrivains ses contemporains, mais savans, utiles, d’une bonne théologie, & d’une saine morale ; un homme distingué dans les Cours des Princes, du Pape, & de l’Empereur, qui a refusé plusieurs Evêches très-considérables, qu’on lui a offert ; un Martyr de la charité, qui dans un temps de conragion se livra sans reserve au service des pestiferes ; un reformateur de l’Ordre de S.François, qui a retabli l’observation de la regle primitive dans trois cents Couvens, dont il a fondé une partie ; reforme qui a passé dans tous les royaumes Chretiens, sous le nom d’Observantins, ou de la grande observance, c’est-à-dire, observateurs de la regle. […] Nous n’y troublerons pas son repos, & qu’il nous laisse tranquilles dans nos foyers, où nous ne pensons guere à lui. […] Holophernes général d’un de ses prédécesseurs, se laisse prendre à la beauté de la chaussure de Judith. […] Mais ce qui n’est pas un mystere, c’est le malheur de l’homme, qui se laisse vaincre à ces frivoles ennemis.
De son aveu, elle fut sept à huit ans à se déterminer, quoiqu’instruite, convaincue, résolue, sans faire même en secret aucun acte de Catholicité ni dire un seul mot qui laisse entrevoir sa pensée ; elle déclare aux États qu’elle veut abdiquer, & se laisse gagner, & demeure encore trois ans sur le trône & dans l’erreur ; elle quitte enfin, & quitte la Suède sans laisser rien transpirer ; elle craignoit qu’on ne lui refusât sa pension, ce ne fut qu’à Bruxelles qu’elle fit enfin les exercices Catholiques, & Ainspruk dans le Tirol, son abjuration. […] Mais le mariage est un joug, & Christine n’en vouloit pas ; le Palatin est un homme sérieux qui n’aime pas le libertinage du théatre, & qui la gêneroit dans ses passions, & Christine n’aime qu’un amant qui l’adore & lui laisse une entière liberté, elle ne veut pas se donner un maître, & les États ne veulent point une Actrice sur le trône, la liberté vaut mieux qu’une royauté esclave.
Qu’on ne craigne pas l’injustice ou la diminution de ces impôts : c’est bien mal connoître les hommes que de croire qu’après s’être laissés une fois séduire par le luxe, ils y puissent jamais renoncer : ils renonceroient cent fois plutôt au nécessaire, & aimeroient mieux mourir de faim que de honte. […] Le théatre françois semble s’être ligué contre lui : de cinq cens pieces qui sont restées, dont tous les almanachs donnent la liste, il n’y en a qu’une douzaine de Moliere ensévelies sous un monceaux d’autres, qui laissent à peine la liberté de se souvenir de lui, pour l’aller pêcher dans ce gouffre. […] Il arrive enfin, la troupe discrete disparoit & les laisse seuls. […] On veut la pompe des vers pour les uns, la simplicité de la prose pour les autres ; sur quoi même on n’est pas d’accord : les uns croient que la majesté des endroits sublimes demande le langage des dieux, comme la majesté du trône, l’éclat du faste, & que les autres peuvent être laissés dans les haillons prosaïques de la bourgeoisie.