la femme de Molière et la Princesse de … la Duparc et la Duchesse de … la Maréchale et la Raisin, etc. […] Ce n’est pas apparemment à l’école des Italiens, de l’Opéra, de Molière, de Poisson, de Dancourt, etc. qu’on voudra former les Princes : le beau Mentor que celui du Prince de Tarente dans la Princesse d’Elide de Molière, qui n’emploie son ascendant et sa qualité de gouverneur qu’à lever les scrupules d’un élève plus sage que lui, à lui inspirer de l’amour, et lui en aplanir les routes auprès de sa maîtresse ! […] Aussi y a-t-il bien loin de Fénelon à Molière, d’Arlequin au Prince d’Ithaque. […] Nos théâtres modernes les ont imités, et depuis Molière jusqu’aux derniers opérasf on trouve mille endroits, et même des scènes entières, où les Comédiens se décèlent, se trahissent les uns les autres, et se font mépriser en se dévoilant.
Après avoir larmoyé si long-tems, ne s’avisera-t-elle pas de rire encore, comme du vivant de Molière, de nos folies & de nos erreurs ?
Je n’oublierais pas assurément Dom Sanche, si l’Auteur, comme vous l’avez très ingénieusement démêlé en parlant de Molière, n’eût, à l’exemple de ce fameux Comique, défiguré un si bel ouvrage par un dénouement postiche, contraire aux mœurs établies dans les quatre premiers actes de la pièce, et amené seulement pour ne pas blesser les préjugés de sa nation, et pour s’assurer davantage des applaudissements du parterre, qu’il a préférés aux éloges du sage3 et au but le plus noble qu’ait pu se proposer l’art dramatique. […] Il s’y trouve un sonnet que le parterre commença par trouver bon : mais l’intention de Molière était que ce sonnet fût trouvé mauvais, comme il l’est réellement ; et les spectateurs, contents ou non contents du piège qui leur avait été tendu, en pensèrent tous, en sortant, comme l’Auteur. […] L’Auteur s’est servi du moyen qu’avait imaginé Molière, et son ouvrage est d’autant plus utile à l’humanité, qu’il a attaqué le vice qui lui est le plus contraire, et qu’il l’a combattu avec les seules armes qui pussent lui porter quelque atteinte. […] [NDA] De ce nombre sont les Atrée, les Rhadamiste, les Œdipe, les Iphigénie, etc. le Misanthrope, le Tartuffe, l’Avare même, que vous avez condamné, sans avoir bien saisi, ce me semble, l’esprit de Molière.
Qu'est-ce que le théâtre de Molière ? […] Ou plutôt l'œuvre de Molière (et les autres comiques ne valent pas mieux) est une galerie de grotesques qui étale des magots. […] Heureusement ce désordre est rare, et tout le monde le condamne : Bourdaloue sur la scène et Molière en chaire révolteraient également.
A la renaissance des Lettres en Europe, les Comédiens, toujours contredits par les Prêtres, tour-à-tour tolérés & chassés par les Gouvernemens, n’eurent que des Salles, de peu d’étendue, telles que pouvaient se les procurer de simples particuliers, dont l’établissement n’était pas stable ; & ceci même procura un bien : les Acteurs parurent sur la Scène dans leurs proportions naturelles ; leur jeu fut simple ; faute d’art & de moyens, ils nous indiquèrent le comble de l’art : mais ils ne firent que nous l’indiquer ; ils en étaient bien éloignés eux-mêmes : ce fut Baron, l’élève de Molière, qui ramena l’art à la nature, & qui fut l’instituteur de la belle Déclamation.
L’Avare de Molière.
« Ridiculum acri, Fortius ac melius magnas plerumque secat res. » C’est ainsi que pensait Molière, le Père de la Comédie en France, le Maître et le vrai modèle de tous ceux qui se sont adonnés à ce genre d’écrire.
Molière, plus corrompu que les païens dans sa morale, représente deux amants de Psyché qui se sont précipités du haut d’un rocher, jouissant après la mort, dans des jardins délicieux, d’une tendresse agréable : une éternelle nuit n’ose chasser le jour qui les éclaire.
La Comédie, qui, avant l’illustre Goldoni, n’était qu’un tissu de lazzis et d’arlequinades, s’approche du ton de Molière.
Je prends pour exemple le justement célèbre Tartufe, par Molière, qui est réputé offrir la plus parfaite leçon de l’espèce ; parce que si je parviens à convaincre celui-là, il sera facile ensuite de juger ses coopérateurs. […] Je reconnais avec tout le monde que Molière a été peintre exact du cœur de l’homme, qu’il en a bien reconnu les replis, qu’il a bien vu ce qui s’y passait ; mais je tiens qu’il n’a pas prévu ce qui s’y passerait, par l’effet des portraits qu’il en fait.
Constantin Empereur, sa mort fait suspendre les Spectacles, 101 Conti (M. le Prince) écrit contre la Comédie, après avoir été ami de Molière, 270 Corneille (Pierre) se repent d’avoir travaillé pour le Théâtre, 27 Cornutus Poète et Philosophe, 87 Couvreur (le) Comédienne, privée de la Sépulture Ecclésiastique, 260 S. […] Empereur, fait jouer le Patriarche Ignace, 174 Mimes, leurs fonctions, 39 Mouskes (Philippe) trait plaisant au sujet des Poètes Provençaux, 132 Molière, son enterrement, 259 Minutius Félix, portrait du Théâtre, 144 Musiciennes, leurs différents noms, 41.
Ils subsistèrent jusqu’au milieu du dernier siècle, où on les supprima, et on donna leur théâtre à la troupe de Molière. […] Les Italiens, la Foire, Molière, Regnard, Vadé, ne valent pas mieux que les anciennes moralités. […] C’était une compagnie fort singulière ; l’un dormait très profondément, l’autre les lunettes sur le nez disait son bréviaire fort dévotement et sans distraction. » Tout cela m’a bien l’air d’un conte fait à plaisir ; mais ce qui est très réel, il n’avait qu’à aller au théâtre du collège, il y eût vu des Régents bien éveillés, composant des comédies, exerçant les acteurs, soufflant dans les coulisses, et lisant Molière et Racine sans lunettes. […] Molière même, qui ne s’embarrassait ni des Dieux ni des hommes, après quelque trait de ridicule dans son Amphytrion et dans sa Psyché, leur fait une réparation d’honneur et leur rend hommage comme ses confrères. […] Corneille et Molière sont des Peintres, et de grands Peintres, mais de vrais Callots, toutes les fois qu’ils traitent de la piété.
Corneille, ancien Romain parmi les Français, a établi une école de grandeur d’âme, et Molière a fondé celle de la vie civile.
*** C’est un Molière exquis plein de sages maximes, Gai, badin, élégant, bon, moral, instructif ; L’ornement de la Scène et de chez nous natif ; Le soutien du Théâtre et le frondeur des crimes.
…g après Molière. […] Ce qui blesse aujourd’hui l’oreille des mères n’excitait de leur part aucune réclamation du temps de Molière.
Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière, ou qu’on ne veuille pas ranger parmi les pièces d’aujourd’hui, celles d’un auteur qui a expiré pour ainsi dire à nos yeux, et qui remplit encore à présent tous les théâtres des équivoques les plus grossières, dont on ait jamais infecté les oreilles des Chrétiens.
C’en est assez, ce me semble, pour rendre Molière inexcusable. […] Qu’est-ce donc que le Misanthrope de Molière ? […] Molière ne l’ignorait pas ; mais il fallait faire rire le Parterre. […] Platon bannissait Homère de sa République et nous souffrirons Molière dans la nôtre ! […] [NDE] Molière, Le Misanthrope, Paris, J.
Molière n’avait aucun besoin de cette précaution pour mériter son suffrage.
Il ne croit pas que Molière ait fait beaucoup de mal à ces désordres ; et l’on peut même assurer, dit-il, qu’il n’y ait rien de plus propre à inspirer la coquetterie, que les pièces de ce Comique ; parce qu’on y tourne continuellement en ridicule les soins que les pères et mères prennent de s’opposer aux engagements amoureux de leurs enfants. Il se moque, avec raison, de ces personnes qui disent fort sérieusement que Molière a plus corrigé de défauts lui seul, que tous les Prédicateurs ensemble. » Jean-Jacques Rousseau, dans un de ces moments lucides où il parlait le langage de la Vérité, a porté contre le Théâtre un jugement fondé sur sa propre expérience. […] Qui peut disconvenir que le Théâtre de Molière ne soit une école de vices et de mauvaises mœurs, plus dangereuse que les livres même où l’on fait profession de les enseigner ? […] Il leur persuade que, pour être honnête homme ; il suffit de n’être pas un franc scélérat. » « J’aurais trop d’avantage, si je voulais passer de l’examen de Molière à celui de ses successeurs, qui, pour mieux suivre ses vues intéressées, se sont attachés dans leurs pièces à flatter une jeunesse débauchée et des femmes sans mœurs. » « La belle école que le Théâtre ! […] Ce cri part d’un homme, fort connaisseur dans le genre dramatique, grand admirateur de Racine, de Molière, et des autres coryphées de la Scène, d’un homme qui jamais ne passa, parmi les partisants du monde, ou de la prétendue philosophie, pour l’émissaire des Prêtres, ou de ceux que nos incrédules appellent, avec aussi peu d’esprit que de justesse, Enthousiastes, Fanatiques, Etres superstitieux, Ésprits faibles. etc. etc. etc.
Grand nombre de pièces de Monfleury, de Molière, de Poisson, du théâtre Italien, de presque tous les Poètes comiques, en renferment des traits piquants, la Comtesse d’Escarbagnas, les Fourberies de Scapin, le Sicilien, Pourceaugnac, la Femme juge et partie, Arlequin Procureur, etc. […] La dernière scène du Sicilien de Molière, qui en fait le dénouement, ne roule que là-dessus. […] Le dégoût est inévitable : quelle opposition de Molière à Cujas, d’une scène à une requête, d’une chanson à un paragraphe, de la Dangeville à un Huissier !
C’était chez une personne, qui en ce temps-là était fort de vos amies, elle avait eu beaucoup d’envie d’entendre lire le Tartuffe, et l’on ne s’opposa point à sa curiositéh, on vous avait dit que les Jésuites étaient joués dans cette Comédie, les Jésuites au contraire se flattaient qu’on en voulait aux Jansénistes, mais il n’importe, la Compagnie était assemblée, Molière allait commencer lorsqu’on vit arriver un homme fort échauffé, qui dit tout bas à cette personne : Quoi, Madame, vous entendrez une Comédie, le jour que le Mystère de l’iniquité s’accomplit ? […] Cette raison parut convaincante, la Compagnie fut congédiée, Molière s’en retourna bien étonné de l’empressement qu’on avait eu pour le faire venir, et de celui qu’on avait pour le renvoyer...
[NDUL] Il semble bien que, même à Paris, le clergé fût moins sévère dans la pratique, puisque Molière avait un confesseur attitré et qu’il avait fait ses pâques l’année qui précéda sa mort ; et six jours avant son décès, il avait été, en compagnie d’une actrice de sa troupe, admis, à Saint-Sauveur, comme parrain d’une fille du comédien Beauchamp.
Malgré ce que je viens de dire, jamais il ne faut, comme Molière l’a fait trop souvent, immoler au vice le simple ridicule : on a peine à retenir son indignation, dans cette même Piece de Georges Dandin, en voyant la manie des hautes alliances corrigée par le triomphe du crime de l’infidélité : le rire, à cette Comédie, le rire devient criminel, car il peut être un assentiment secret à la coquetterie, à l’adultère même : Molière, en la mettant au Théâtre, est d’autant plus coupable de pervertissement de mœurs, que les tableaux y sont mieux faits, les situations mieux amenées, & que les finesses d’une femme galante ainsi présentées, peuvent devenir une leçon pernicieuse à plus d’une Spectatrice. […] Ce sont des défauts de cette espèce qui font que les personnes sans prévention, en convenant que Molière est le père du vrai Comique de situation, de la véritable économie théâtrale, ne regardent pas ses Ouvrages comme de parfaits modèles, & qu’elles condannent les mœurs du plus grand nombre de ses Pièces. […] Dans ces deux Pièces, on ne voit presque rien qui ne puisse servir de modèle ; le Personnage vicieux y est corrigé, non par un plus vicieux que lui, comme dans les Pièces de Molière, mais par un homme de bien, une femme tendre & sensible ; ce Personnage est puni, & changé ; ce qui constitue les mœurs les meilleures, & do ne le dénoûment le plus parfait de la Comédie. […] Il citait en exemples, Corneille, sur-tout Racine, Crébillon, dans la Tragédie ; Molière, quelquefois Regnard, & Destouches dans la Comédie. […] Les Ouvrages de Corneille, de Racine, de Crébillon, de Molière, paraissent être des productions mâles, sorties d’un cerveau mûr ; & ceux de quelques Auteurs modernes, des saillies brillantes, des éclairs de génie que laisse échapper une bouillante Jeunesse.
Du moins donc, selon ces principes il faudra bannir du milieu des chrétiens les prostitutions dont les comédies italiennes ont été remplies, même de nos jours, et qu’on voit encore toutes crues dans les pièces de Molière : on réprouvera les discours, où ce rigoureux censeur des grands canons, ce grave réformateur des mines et des expressions de nos précieuses, étale cependant au plus grand jour les avantages d’une infâme tolérance dans les maris, et sollicite les femmes à de honteuses vengeances contre leurs jaloux.
[NDE] Ce texte, comme La Lettre sur les observations sur une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre, est une réponse aux Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre.
Le génie perça cependant quelquefois dans ces siècles dont il nous reste si peu d’Ouvrages dignes d’estime ; la Farce de Pathelin ferait honneur a Molière.
La Parodie-Dramatique, ordinairement faite sur une Pièce entière, peut réunir toutes ces espèces de Parodie, auxquelles elle en ajoute une nouvelle, la Parodie des Habits ; telle que celle dont ont fait usage Aristophane & Molière, en habillant leurs Acteurs comme la personne qu’ils voulaient jouer.
Cette défense de Molière dissimule en fait un propos libertin sous l’apparente orthodoxie du texte ; là-dessus, voir l’analyse de Jean-Pierre Cavaillé : « Hypocrisie et Imposture dans la querelle du Tartuffe (1664-1669) : La Lettre sur la comédie de l’imposteur (1667) », Les Dossiers du Grihl [En ligne], Les dossiers de Jean-Pierre Cavaillé, Libertinage, athéisme, irréligion.
On ne doit donc pas s’étonner, si de nos jours encore, le nom seul de Molière, est si odieux aux hypocrites de la présente époque.
On peut donc y aller presque toujours, car le théâtre est aujourd’hui sur un ton de politesse qui bannit les grossièretés, et sans avoir égard ni à la proscription générale des uns, ni à l'improbation conditionnelle des autres, les Jésuites partout font représenter par leurs écoliers toutes les mêmes pièces qu'on donne au théâtre Français ; Corneille, Racine, Molière, Regnard, Crébillon, Voltaire, etc. sans compter leurs propres ouvrages, y règnent également. […] Paul, ou s'accommodant à tous les goûts pour régner sur tout, comme le prétend Pascal, mène de front le relâchement et la sévérité, prêche l'Evangile et enseigne l'art de Molière, condamne la comédie et la joue, d'une main offre Bourdaloue et de l'autre Busembaums ? […] Le théâtre ne grossira jamais le martyrologe ; mais depuis Molière et Racine il a grossi au centuple les registres de la Salpêtrière, de Bicêtre, des Enfants trouvés, etc.
La passion pour le Théâtre va si loin en France, que les mères les plus austères, celles qui évitent avec le plus de soin le Théâtre public et qui par conséquent n’ont garde d’y laisser aller leurs filles, ces mêmes mères assistent, sans aucun scrupule, avec leurs filles aux représentations des Comédies de Molière, lorsqu’elles se font dans quelques maisons particulières et que les Acteurs sont ou des Bourgeois, ou des Seigneurs : Souvent même on les voit applaudir à des parades bien moins châtiées que les Comédies en forme ; marque évidente d’une inconséquence dans la conduite, qui n’est malheureusement que trop commune parmi des gens d’ailleurs très respectables.