Ils pensaient, ces amis de la religion, que les prêtres auraient suivi, au moins de loin, les progrès que l’esprit humain a faits par les discussions philosophiques de tout un siècle, et par l’éloquence persuasive et retentissante de la presse ; qu’ils auraient banni ces controverses absurdes ou inintelligibles que, dans des temps d’ignorance, les avaient soutenues le fer et la flamme à la main. […] Mais dans ce moment suprême, deux de ces sœurs qui consacrent leur existence tout entière à l’humanité souffrante, ont soutenu son courage par les soins les plus doux, les consolations les plus tendres ; aussi, lorsque son âme s’est séparée de son corps, portée sur les soupirs, les vœux sincères, les prières ferventes de ces deux sœurs, de ces deux anges de charité, aura-t-elle été admise au sein du Dieu de miséricorde !
On vit tout ce peuple triomphant, craint et respecté de tous ses ennemis, lorsqu’il est fidèle à Dieu : abattu et sévèrement châtié, lorsqu’il oublie la Loi : soutenu miraculeusement, lorsqu’il semble qu’il n’y a plus de ressource, comme au temps de Judith et d’Esther. […] De tout ce que prévoit la timide pudeur, J’ai peine à soutenir l’épouvantable idée.
Les Protestans des deux Royaumes, la Reine d’Angleterre & le Roi de Navarre se soutenoient mutuellement, ils pensèrent se brouiller quand Henri se fit Catholique, la Reine en fut offensée & n’avoit pas tort, il abandonnoit ses amis & sa Religion, se mettoit dans la nécessité de les combattre, & faisoit courir un grand risque aux Protestans des deux Royaumes & de Hollande qui avoient droit de comprer sur lui ; elle le traitoit d’ingrat, de lâche, d’apostat, disoit qu’il étoit plus comédien qu’elle, qu’après avoir été long-temps à la tête du parti, il avoit renoncé à sa Religion, par crainte sous Charles IX qu’il y étoit retourné ensuite, & l’abjuroit une seconde fois par intérêt, pour se livrer bassement au Pape, elle retira ses troupes qu’elle avoit envoyées au secours d’Henri, qui dans le premier moment la traita de Comédienne. […] Cependant les Écossois révoltés contre Marie, lui déclarètent la guerre, animés & soutenus par Elisabeth, ils la poursuivirent si vivement qu’ils la prirent prisonnière ; elle s’échappa, & demanda un asyle à Elisabeth qui le lui accorda avec la plus tendre démonstration & les plus belles promesses ; à peine fut-elle sur les terres, que par une insigne trahison elle fut arrêtée & renfermée dans la tour de Londres où elle demeura dix-huit ans, sans que la Reine d’Angleterre daignât la visiter, ni même voulût lui accorder une audience qui lui fut souvent demandée ; elle ne sortit de sa prison que pour perdre la vie sur un échaffaud. […] Quand la Reine eut passé soixante ans, son esprit baissa sensiblement, fatiguée de tant d’affaires dans un si long règne, elle ne pensoit plus à rien, ne se mêloit de rien, étoit lasse de tout, mais son faste & sa vanité ne la quittèrent jamais, toujours pompeusement habillée, & soigneusement parée comme dans sa jeunesse ; sa toilette la suivit au tombeau ; on se moquoit d’elle, elle ressemble au Paon , disoit-on, dont la chair devient dure dans la vieillesse, mais qui n’est pas moins amoureux de ses plumes, quoique son esprit s’affoiblisse, son corps est toujours vigoureux ; elle en a grand besoin pour soutenir le poids de ses riches habits dont une autre seroit accablée .
Comparer, mettre sur la même ligne, pour objet du même prix, le bouffon de la Cour, parce qu’il a des saillies amusantes, & l’homme d’Etat, le Mentor des Rois, le Pasteur des ames, dont toute la vie fut consacrée au bien public, le corrupteur des mœurs à l’homme apostolique, en un mot, le vice & la vertu, la vie la plus sainte & la vie la plus débauchée, Moliere & Fenelon ; qui peut soutenir, qui a pu faire ce parallelle ? […] Je soutiens contre Moliere qu’un avare qui n’est point fou, ne va jamais jusqu’à vouloir regarder dans la troisieme main d’un homme qu’il soupçonne l’avoir volé. […] Ses défenseurs ne manqueront pas de dire qu’il a traité avec honneur la vraie probité, qu’il n’a attaqué qu’une vertu chagrine, une hypocrisie détestable ; mais je soutiens que Platon & les autres législateurs de l’antiquité payenne n’auroient jamais admis dans leur république un tel jeu sur les mœurs.
Et ce Poète, qu’on appelle grand, pour avoir dignement soutenu la grandeur Romaine, pouvait-il avilir davantage les Romains qu’en leur prêtant une conduite, des sentiments, un langage, si indignes d’eux ? […] On n’y parle que de fidélité et de dévouement à son Prince, de courage pour soutenir son autorité, au prix des biens et de la vie, d’amour pour la patrie au-dessus de tous les parents, de modération, de patience dans les plus grands revers, etc. […] (Arrie) Aux mânes de mon père un sanglant sacrifice … Soutiens par ton courroux ce dessein généreux.
7, soutient que rien n’est plus contraire aux bonnes mœurs que d’assister à quelque spectacle ; que l’ame s’y trouvant séduite par le plaisir, reçoit aisément les méchantes impressions du vice ; & tout Stoïcien qu’il étoit, il avoue qu’il en sortoit plus avare, plus ambitieux, plus porté au plaisir & au luxe.
De sorte que si les Spectacles en sont procédés et soutenus, il ne faut point douter qu'ils ne soient compris en cette renonciation générale.
La parole la soutient, console, anime aux actions glorieuses, la nourrit comme son ambroisie, et ainsi qu’une lumière en allume plusieurs, elle augmente sa vertu ; et à l’imitation des Chimiques, rend cet or céleste si actif, qu’il fait projection à l’infini en un esprit digne de recevoir cette manne divine.
Qu’un sentiment faux est difficile à soutenir !
C’est ainsi qu’une multitude de jeunes personnes infortunées qui, sans autre dot que les charmes de la jeunesse et de l’honnêteté, pourraient encore fréquemment trouver des partis avantageux, vivre heureuses et honorées, servir d’exemples encourageants à leurs compagnes, si on les eût exhortées à la reconnaissance, à la sagesse, et soutenues par de bons conseils, ou des leçons opposées à celles qu’on leur a données, ont perdu pour long-temps cet espoir. […] Les écrivains bien intentionnés de notre temps, en réfléchissant sur le passé, s’abstiendraient sûrement dans bien des cas de ce mode dangereux d’instruction, s’il n’était consacré par l’usage, par l’exemple imposant des anciens, par des préjugés bien enracinés, surtout, s’il n’était soutenu aujourd’hui par les passions mêmes qu’il a fait naître, ou étendues et fortifiées, les quelles repoussent toute réflexion, et même tout soupçon qu’il soit mauvais, qui entraînent tout le monde depuis si long-temps comme elles ont entraîné l’auteur de la satire de Dervière, tartufe de bienfaisance, dans la comédie des Deux Gendres, satire qui place les hommes véritablement bienfaisants dans la situation malheureuse où le tartufe de religion a placé les vrais dévots.
Toutes les rhetoriques en donnent les regles dans tous les Colleges ; on fait apprendre par chœur à réciter, on donne de temps en temps des déclamations publiques, on soutient des theses, &c. […] Je n’examine ni le fond, ni la méthode, ni cette universalité de connoissances dont il done l’idée, & qu’il veut qu’on enseigne à son éleve pour en faire un second Pic de la Mirandole qui puisse soutenir des theses de omni scibili.
Des colonnes de belle pierre et de marbre soutenaient la Scène ; et lorsqu’on célébrait les jeux, on y voyait les plus belles peintures ; et l’or, l’argent, et les pierres précieuses y brillaient de toutes parts. […] » Sénèque soutient « Nihil vero tam damnosum quàm in aliquo spectaculo desidere : tunc enim per voluptatem faciliùs vitia surrepunt. […] Ce savant Théologien répondant à ceux de son pays, qui soutenaient qu’il y a quelque chose de bon à apprendre à la Comédie, s’exprime ainsi Didac[us]. in D[ivum]. […] Et ils se trouvent souvent contraints de faire de mauvaises actions pour soutenir leurs débauches, ou pour remédier à leur nécessité pressante. […] Il y a même de grands Théologiens qui faisant un mauvais usage de leur loisir et de leur science, osent soutenir que les représentations des Comédies sont conformes au droit et à l’équité.
) une société formée pour soutenir le Matérialisme, pour détruire la Religion, pour inspirer l’indépendance & nourrir la corruption des mœurs… (p. 16. 17. […] Enfin écoles d’irréligion, ou, si l’on ne soutient pas ex professo le matérialisme, c’est que le croyant bien établi, on pense n’avoir qu’à l’entretenir : & voici comment on y réussit. […] Soutenu au dehors par des témoignages qu’on ne peut recuser, jamais le déréglement des passions ne l’affecte, ni n’influe sur ses connoissances & sur ses jugemens.
Le confident, le valet, la soubrette, l’homme, la femme d’intrigue, ne sont que des imposteurs, inépuisables en fourberies, en déguisemens, en contes faits à plaisir, ourdis avec adresse, soutenus avec assurance, débités avec effronterie & avec serment.
Or si ceux qui marchent en la présence de Dieu dans une continuelle attention sur eux-mêmes, et s’engagent à une vie austère et solitaire, pour affaiblir ces ennemis domestiques ont encore des combats à soutenir dans lesquels ils reçoivent quelquefois des blessures, quelle est votre témérité, votre présomption, votre aveuglement !
Pour le soutenir, rien ne coûte ; on n’a pas un sol pour soulager les pauvres, un sol pour payer ses dettes, et le spectacle étale les plus riches parures.
» Il fait voir que Genève est hors d’état de soutenir un spectacle sans un préjudice réel : 1. […] » Il avoue que l’on boit beaucoup, et que l’on joue trop dans les cercles ; mais il soutient avec son éloquence, qu’il vaut mieux être ivrogne que galant, et croit l’excès du jeu très facile à réprimer, si le gouvernement s’en mêle. […] « Non, dit-il, je le soutiens, et j’en atteste l’effroi des Lecteurs, les massacres des Gladiateurs n’étaient pas si barbares que ces affreux spectacles. […] Tel se plaît à frémir en voyant Mérope le poignard levé sur son fils, et Oreste ou Ninias venant d’assassiner sa mère ; tel, dis-je, soutient ces fictions, qui jetterait des cris de douleur et d’effroi à la vue d’un malheureux que l’on tuerait sur son passage. […] Je lui soutiendrai moi, que ces vers sont mauvais, Et qu’un homme est pendable après les avoir faits.
Bon, dit-elle, Melpomene est à son quatrieme mari ; mais comment avez-vous pu soutenir un si long veuvage ? […] Peut-être l’actrice est-elle une amazone, elle a soutenu plus d’une espece de combat, comme la fille d’Auguste, qui se donnoit autant de couronnes qu’elle avoit épuisé de guerriers.
Il se levoit étant malade, se faisoit soutenir par ses domestiques, & dansoit, très mal sans doute, mais il se contentoit. […] Elle finissoit lorsque tous les Danseurs enivrés ne pouvoient plus se soutenir.
Les vertus et la sagesse, la religion et les mœurs ; l’Eglise et la noblesse me donnent dans les illustres pères de la patrie, réunis avec l’Académie, le collége des électeurs et celui des princes, soutenu d’un côté par les troupes légères des grâces, et l’autre par la puissante phalange de l’Academie et des Etats, que toutes les troupes des auteurs et des amateurs s’arment contre moi, je marche sans crainte à l’ennemi. […] Si quelque pièce se soutient, malgré l’orage, que le nombre en est petit.
Or quand le Chrétien répond à son tour, il ne le contredit point sur le fait, et tant s’en faut lui en passe aveu, seulement il lui soutient, qu’en usant ainsi, ils étaient fondés en droite raison. « Nous voulons (dit-il) qu’on juge de nous par nos mœurs, et par la pudeur. […] A la vérité il avoue qu’on n’y en trouve pas le nom, et que comme elle dit, « Tu ne tueras point, ou ne déroberas point », elle n’a pas à la lettre, « Tu n’iras point au Théâtre » : Mais il soutient que comme son sens est d’une large étendue, elle défend diverses choses, sous lesquelles ils sont compris nécessairement, vu qu’ils sont d’une même espèce ; ce qui doit suffire à celui qui désire de se résoudre par la Parole de Dieu, si on les peut recevoir, ou non. […] Car ils supposent que les Théâtres sont de la nature des choses indifférentes ds, qui d’elles-mêmes n’étant bonnes ni mauvaises, Il est libre à chacun d’en user ou non : Et ensuite bâtissant là-dessus ils accusent les défenses qui en sont faites par les conducteurs de l’Eglise, et soutiennent que lorsqu’ils s’y sont avancés, ils sont sortis hors des bornes de leur pouvoir, qui ne s’étend pas à faire de nouvelles lois, ni à géhenner la liberté des Consciences sur les choses de leur nature licites. […] Quant aux premiers qui en excluent les esprits faibles, et soutiennent que quant à eux ils y peuvent assister sans nul péril, ils étaient dès le temps de TertullienTertullien, De Spectaculis.
On doit susciter des guerres civiles & étrangeres ; les royaumes se soutiennent par les armes.
Rien de plus lascif, de plus impudique, que l’œil qui peut soutenir ce spectacle.
Il s’y soutint en Orient et en Occident jusqu’à l’extinction des deux empires, et même sous les Princes Wisigoths, comme le rapporte Cassiodore.
Il fut pris au mot, soutint la gageure, fit la piece, & elle eut le plus grand succès ; encouragé par cet essai, il y prit goût, & en a fait depuis beaucoup d’autres ; en effet, que sont dans le fond toutes les comédies, reduites à leur juste valeur, & dépouillées du prestige de la représentation, du clinquant de la décoration & des habits, des graces des actrices, de la musique, de la danse ? […] Ce goût frivole a si bien pris dans cette nation livrée au plaisir, qu’il s’y est soutenu à travers les miseres & la barbarie des siécles d’ignorance.
Quelques-uns ont dit avec Grotius que l’histoire de Judith n’étoit pas un fait réellement arrivé, mais une longue parabole, telle qu’ils croyent être le livre de Job, deux pieux Romans faits pour instruire les Juifs, & ranimer leur courage ou soutenir leur patience par ces héroïques exemples, ce qui sans être absolument contre la foi, est du moins très-peu vrai-semblable ; tant de noms, de circonstances, de faits si précis, ne permettent guere de douter que ce ne soit une véritable histoire, un peu embellie dans la narration. […] Il est dans l’histoire cent exemples de femmes courageuses qui, comme la Pucelle d’Orléans, Jahel, Marulle de Couci, les Amazones, l’Esclave de Chypre, Hachette de Beauvais, Judith Françoise, ont gagné des batailles, soutenu des siéges, tué des ennemis, & se sont exposées aux plus grands dangers.
Nous ne recevons du Ciel un secours et une vertu toute spirituelle, par le moyen de laquelle notre faiblesse est soutenue et fortifiée, dit saint Cyprien :Cypr. de Sing. […] mais ce secours ne nous est donné que pour nous empêcher de nous engager dans le péril, et non pas pour nous soutenir, lorsque nous nous y sommes engagés nous mêmes.
Je verserais tout mon sang pour en soutenir les vérités, je suis tout prêt d’être un martyr, mais n’est pas un Saint qui veut. […] Quel est le Marchand qui m’osera soutenir que dans sa profession on ne profite pas de tous les moyens qui peuvent accélérer la fortune ?
Pour éviter ce double danger, la nation n’avoit jamais vu que les Chérubins qui étoient au dessus de l’Arche, & les bœufs qui soutenoient la mer d’airain de Salomon.
Plus inexorable pour elles, vous les traiterez, Monsieur, comme ces peuples vaincus, mais redoutables, que leurs conquérants désarment ; et après avoir soutenu que la culture de l’esprit est pernicieuse à la vertu des hommes, vous en conclurez qu’elle le serait encore plus à celle des femmes. […] Il ne fallait pas moins qu’un Philosophe exercé comme vous aux paradoxes, pour nous soutenir qu’il y a moins de mal à s’enivrer et à médire, qu’à voir représenter Cinna et Polyeucte.