Les successeurs du grand Condé, brilleront sur le théatre de la Nation, qu’il a si souvent rendu victorieuse. […] Les issues pour les sorties, sont multipliées dans toute la galerie extérieure ; la facilité de déboucher pour se rendre aux voitures suppléera à ce qui pourroit manquer à la facilité de la circulation, dans un quartier si fréquenté, trois réservoirs contenant deux cent muids d’eau, sont disposés en cas d’incendie ; les loges très-nombreuses des acteurs sont toutes en briques, & les escaliers le sont en pierre : au dessous de tout est un Palais souterrain pour loger les diables, les furies, & les dieux infernaux. […] Et tous dans le goût des ballets, entremêlé de danses, de pas de trois, de dix, de vingt, de trente ; leur Chorégraphie embrasse un très-grand nombre d’actrices, leur orchestre n’est pas si régulier que celui de l’opera ; ils n’ont pas de Francœur pour battre la mesure ; mais ils ont de tambours, de siflets, de flutes, de grêlots, une boëte en machée où l’art a renfermé des bales de plomb, de petites pierres qui en les agitant plus ou moins vite rendent des sons moins harmonieux ; il est vrai que la Chacone de Phaëton, mais qui marque pourtant une mesure à laquelle leurs oreilles sont accoutumées, leurs pas, leurs bras, leurs contorsions, s’accommodent fort exactement.
On auroit pu chercher des preuves, interroger la prévenue & ses compagnes, ménager des justifications, faire voir que ce n’étoit qu’une surprise momentanée par la témérité d’un jeune homme, où elle n’avoit aucune part, & avoit même résisté, faire parler Elmire qui pouvoit avoir tout entendu, suspendre le jugement, rendre la condamnation difficile, & enfin, si on vouloit la faire mourir, fournir des preuves apparentes. […] Il est même contre toute apparence que chaque soir la grande Vestale avec toutes les autres vienne mettre en faction chacune de celles qui doivent pendant la nuit garder le feu sacré ; mais on vouloit faire une scène. 6.° Que signifient cette vie austere, retirée, inaccessible au monde, ces murs qui retentissent de gémissemens, & qui les tiennent ensevelis, inconnus à toute la terre (la clôture religieuse qu’on veut rendre odieuse) ? […] La vertu même, ailleurs si douce & si paisible, Y fait notre supplice, & le rend plus sensible.
Dis que ce foudre qu’ils ne virent, ni ne sentirent jamais, leur a de male peur fait rendre les derniers abois. […] Et pour ce qu’il dit du bagage, qu’il cherche toutes les pièces qu’il suppose avoir été retenues, je lui promets que toutes lui seront rendues, et un testonbp de surcroît dessus chaque piècebq. […] Ce que nous savons et pouvons témoigner, pour avoir (comme fondateurs dudit collège auquel la représentation fut faite) assisté durant trois jours : avec les principaux de ladite ville, et grand nombre de peuple, qui peut rendre semblable témoignage » (André de Gaule, op. cit.
Nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mêlange de l’un & de l’autre ; & les hommages que nous rendons quelquefois à la raison, ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées. […] on rentre chez soi avec un cœur blessé, qui porte encore le trait empoisonné ; on a perdu le goût de la vertu & de la pudeur ; les plaisirs légitimes deviennent insipides ; le crime devient un assaisonnement nécessaire pour les rendre agréables & piquans ; on méprise tout ce qui ne porte pas écrit sur le front le caractere du vice, tout ce qui n’est pas marqué au sceau du démon.
Aussi ceux qui ont publié la loi contre les Comédiens, voyant que cette loi n’était pas une barrière assez forte pour divertir les jeunes hommes de cet exercice, pour maintenir leur premier jugement, ils ont voulu rendre incapables des charges et des dignités ceux qui mépriseraient leurs Ordonnances. […] Que si on veut fonder ce déshonneur sur le plaisir que la Comédie engendre naturellement, c’est ne connaître pas l’essence du plaisir et très mal raisonner : car GUILLOT-GORJU au contraire soutient que c’est le plaisir qui rend la Comédie agréable et louable, sans lequel elle n’aurait rien pour la distinguer des actions pénibles et sérieuses.
Cette réforme rendit les Histrions plus circonspects, elle introduisit insensiblement la Religion sur le théâtre ; les Confreres de la Passion au commencement du XV. siécle succéderent aux Troubadours : mais des piéces qui ne rouloient que sur des mystéres, étant peu propres au divertissement du peuple, ils ajouterent aux représentations des farces licentieuses assorties au gout corrompu du tems.
En effet, comment peut-on accorder ces actions séculières, qui flattent les sens, et donnent du plaisir à la chair, avec les larmes d’une âme vraiment pénitente, qui s’afflige pour rendre honneur à la Justice de Dieu, par la haine qu’elle a conçu contre le péché, et contre elle-même ?
Il semblerait que certains fanatiques, voulant se rendre importants et se faire craindre, font parade d’un faux zèle, qui est si indiscret et si orgueilleux, qu’il ne produit que du scandale et nuit essentiellement à la religion.
Outre les raisons que nous en avons apportées, l’on peut encore considérer que ce plaisir est contre la nature des divertissements licites, qui est de fortifier l’esprit en le relâchant, et de le rendre propre à exercer avec plus de vigueur ses fonctions ordinaires, et particulièrement celles où la Religion l’engage.
Il semble que vous désirassiez sur le sujet de ces vers que je ne fusse pas de votre sentiment, et que je trouvasse moyen de les défendre : mais étant condamnés comme ils sont par plus d’un arrêt souverain en ces matières, comment pourrais-je ne pas m’y rendre ?
a cru que Dieu avait fait le Monde à la musique des eaux, et que ce doux murmure qu’elles rendent quand elles trouvent quelque petite résistance à leurs cours, avait été le divertissement de ce divin Ouvrier pendant qu’il bâtissait l’Univers.
Tout péché mortel rend indigne des sacrements devant Dieu, jusqu’à ce qu’il soit remis par la pénitence. […] Petite pluie abat grand vent : une somme d’argent a terminé cet importance affaire, on joue à la Foire de petites pièces toutes entières, et les Comédiens ne verbalisent plus, on les a rendu taisantsq. […] Ainsi bâtir des théâtres, faire des décorations, pensionner des Acteurs, contribuer aux frais des spectacles, payer à l’entrée, etc., être payé pour y travailler, en partager le profit, c’est se rendre complice et par conséquent coupable d’un péché grief : Vitium est immane, dit.
Il fesait aux Mimes d’un certain Sophron le même honneur que rendait Aléxandre à l’Iliade d’Homère ; il les portait toujours avec lui, serrée précieusement dans une boëte, & les mettait la nuit sous son chevet.
interdit la Communion à ceux qui jouaient sur le Théâtre, il ne parle que des Histrions, et montre assez clairement qu'il n'entend par là que ces Bouffons infâmes que les paroles et les postures rendaient odieux à tous ceux qui conservaient les moindres restes de l'honnêteté.
Nous voyons encore Charlemagne, à l’instar des empereurs romains ses prédécesseurs, rendre une ordonnance, en l’année 789, qui rangeait au nombre des personnes infâmes cette espèce de comédiens histrions auxquels il n’était pas permis de tester, ni de former des accusations en justice.
On a beau dire en faveur du Théâtre qu’on l’a rendu chaste, et que l’on y entend plus de leçons de vertu, que l’on n’y voit d’exemples de vices, on dira si l’on veut que les passions n’y paraissent animées que pour la défense de l’honneur, et que l’on n’y produit pas d’autres sentiments que ceux de la générosité.
Quand on objecte aux Défenseurs du Théâtre l’autorité des Pères de l’Eglise qui l’ont si formellement condamné, ils ne manquent pas de répondre, que ces Spectacles, qui ont attiré l’indignation des premiers Chrétiens, étaient des Ecoles de Paganisme, et qu’ils faisaient partie du culte que les Gentils rendaient à leurs fausses Divinités.
» Nous croyons devoir exhorter les Régents qui seront chargés de ces sortes d’ouvrages, de ne pas y donner si fort leur temps, qu’ils oublient le soin qu’ils doivent prendre de leurs Ecoliers ; et de se souvenir qu’ils doivent s’appliquer beaucoup plus à les rendre de bons Chrétiens, qu’à en faire de bons Acteurs.
C’est ce qui rend ce menu peuple si superbe en habitsLe menu peuple de France superbe en habits.
Soumis aux commotions de son époque, le poète y puisa ces traits si profondément pervers, qu’un talent inimitable rend encore plus odieux par leur contact avec des caractères si beaux, si grands, si parfaitement héroïques. […] Un déplorable échange se faisait alors entre les auteurs et le parterre ; ils lui rendaient les caricatures de tous les originaux qu’il leur avait prêtés, et ces sales images de ses mœurs, ces niais propos du bas peuple gâtaient au moins l’esprit et le goût.
Les peintures dont on orne la Scène servent à rendre l’illusion plus frappante.
La même reflexion a dû faire sentir à tous leurs Poëtes, que puisqu’ils vouloient imiter une Action, il falloit que l’imitation rendît l’Action telle qu’on l’eût vue se passer, si on y eut été présent : de-là les trois Unités, tellement nécessaires, que si l’une manque, toute vraisemblance disparoît.
fit abolir les Jeux Maiuma, comme un Spectacle de superstition et d'impudence, et lors qu'ils furent rétablis par les Empereurs Arcadius et Honorius, pour rendre ce contentement à leurs Provinces, ils défendaient expressément d'y mêler aucune chose et contraire à la pudeur et aux bonnes mœurs.
Disons enfin que l’on voit et que l’on sent que cette fille est préparée à épouser le meurtrier de son Père, et que l’Amour qui triomphe de la Nature la va rendre coupable du crime que son Amant vient de commettre.
Phrynicus, Cherilus, Eschylus, & ceux qui composerent dans le goût de Thespis, ne parlerent plus de Bacchus ; la Tragedie s’écarta de son but, dit Plutarque, & passa des honneurs rendus à Bacchus, à des sujets de toute espece. […] Après la mort d’Eschyle, l’estime des Athéniens fut si grande, qu’elle alla jusqu’à rendre un decret par lequel l’Etat s’engageoit à fournir le chœur, c’est-à-dire, les frais des spectacles, toutes les fois que quelqu’un voudroit représenter une des soixante & dix pieces qu’il a composées. […] Il est ridicule qu’à des assemblées où chacun se rassemble sans se connoître, & en achetant seulement le droit de s’y rendre, des gens qui ne se sont point encore vûs & qui ne se reverront peut-être jamais, se livrent aux transports de la joie, dont la danse est l’expression. […] En vain les Souverains rendront des Edits en leur faveur, ils n’en profiteront point.
Il n’en fallait pas davantage pour rendre ses Tragédies aussi passionnées que les nôtres, s’il eût cru que la galanterie des Athéniens était une raison assez forte pour l’obliger de faire voir sur la Scène une peinture de tous les mouvements de l’amour. […] Je le crois ainsi, si vous considérez la Comédie en soi, et non pas dans les circonstances qui la peuvent rendre dangereuse, quand elle sert d’occasion de péché ; car non seulement la Comédie, mais toute autre assemblée est dangereuse en ce sens-làl : je dis donc qu’à ne considérer la Comédie que comme un Spectacle, c’est l’amour seul qui la rend mauvaise. […] Pour moi, je crois que si l’Auteur d’Iphigénie avait voulu nous donner une pièce sans amour, il aurait bien trouvé le moyen de la rendre bonne, et qu’il n’aurait pas plus ennuyé qu’il a fait.
Gresset, des régles de la modestie, il est surprenant qu’ayant écrit dans un genre aussi frivole, la gaité de sa plume ait pû se contenir : depuis quelque tems il composoit des Poëmes dramatiques, ses dernieres productions avoient eu du succès ; le repentir l’a saisi tout-à-coup dans une Lettre adressée à son Evêque, que nous lisions il y a deux ans, il a rendu sa pénitence autentique.
De quelque manière qu'on les tourne, elles sont toujours la matière des concupiscences du siècle que saint Jean défend de rendre aimables, puisqu'il défend de les aimer.
De faire le bien qu’on ne promet pas ; D’estre Medecin & de ne paroistre que Cuisinier ; De cacher le salut & la liberté de l’ame sous du myrte, dans des fleurs, & dans des parfums ; de renuoyer auec edification ceux qui ne cherchoient que du plaisir ; De les rendre non seulement plus joyeux & plus satisfaits, mais aussi meilleurs & plus vertueux. […] S’il vouloit, Monsievr, il nous pourroit rendre les liures de la Poëtique, que le Temps nous a rauis : Au moins il ne luy seroit pas difficile de reparer les ruïnes de celuy qui reste : Et s’il a esté dit auec raison, qu’Aristote estoit le Genie de la Nature, nous pouuons dire aussi justement qu’en cette matiere Monsieur Chapelain est le Genie d’Aristote.
Hé quoi, n’avons-nous reçu le Sacrement de salut, que pour nous rendre plus coupables, et pour nous souiller bien davantage que nous ne l’étions, par une prévarication tout à fait criminelle ? […] Ce n’est pas assez de ne pas faire soi-même du mal, puisqu’on se rend coupable de celui que font les autres, lorsqu’on leur applaudit, qu’on les loue, qu’on les favorise, et que l’on approuve ce qu’ils font par sa présence, « Nobis satis non est si ipsi nihil tale faciamus, nisi et tale facientibus non conferamus », dit Tertullien.