L’Histoire fait foi que le premier qui joua des Tragédies à Athènes, fut un certain Thespis, qui ayant dressé un Théâtre, tout le peuple y prenait un merveilleux goût. […] Nous serions insensés, et nous et toute notre Cité, si on vous admettait auparavant que les Magistrats eussent vu vos Compositions, et jugé de ce que vous avez à dire à notre peuple »at.Ce sont les propres mots de cet excellent Auteur, d’où on peut recueillir combien il tenait préjudiciable à une République d’y endurer des Théâtres. […] Or cela ne fut pas seulement à une fois, ou à deux, mais continua jusques au temps de Pompée le Grand, qui pour garantir son Théâtre de passer par la même rigueur, s’avisa d’en faire un lieu Sacré, et lors de sa dédicace, y ayant assemblé le peuple, ne le qualifia pas un Théâtre, mais lui donna le nom de Temple, et le consacra à Vénus, de sorte que les Censeurs n’y osèrent toucher. […] dk forme plainte de diverses mauvaises coutumes qui s’étaient glissées, lesquelles pourtant lui, et les autres Pasteurs, accordaient à la dureté de cœur de leurs peuples, et qu’ils supportaient, voyant qu’il leur eût été difficile de les empêcher ; cela même qu’il en parle ainsi justifie qu’au fond il les désapprouvait. 2. […] La foule, le peuple.
Pendant trois siècles de massacres horribles, dans le midi de la France, elle encouragea le crime et les plus noirs forfaits ; plus terrible encore elle introduisit chez tous les peuples chrétiens, la noire inquisition dont les mystères feront à jamais frémir d’horreur ; et partout, et en tous temps, elle sema la discorde, anéantit l’égalité, en convoitant la suprématie et le despotisme, et abusa de ses privilèges, en les employant à satisfaire l’égoïsme et les mauvais penchants de ceux qui étaient appelés à la sanctifier.
C’est celle qui domine dans ses Tragédies, & comme en la traitant avec toute la vérité possible, il n’y a point mêlé assez de traits de mœurs nationales, je dirois qu’il a peint l’humanité en général, mais qu’il n’a pas suffisamment distingué dans ses tableaux le caractère particulier des peuples dont il emprunte ses sujets. […] Cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée, Cette foule de Rois, ces Consuls, ce Sénat, Qui tous de mon amant empruntoient leur éclat. […] Bien-tôt ils vous diront que les plus saintes loix, Maîtresses du vil peuple, obéissent aux Rois ; Qu’un Roi n’a d’autre frein que sa volonté même ; Qu’il doit immoler tout à la grandeur suprême ; Qu’aux larmes, au travail le peuple est condamné, Et d’un sceptre de fer veut être gouverné ; Que s’il n’est opprimé tôt ou tard il opprime. […] Maffei paroît supporter impatiemment la réputation distinguée dont le Théatre François jouit chez tous les peuples de l’Europe.
Cette bouche d’or de la Grèce avait diti que ce n’est pas Dieu qui est l’Auteur des jeux, mais le Démon, et pour donner de la force à ce qu’il avait avancé, il avait apporté ce passage de l’Ecriture : « Le peuple s’assit pour manger et pour boire, et il se leva pour jouerj. » Mais S. […] Grégoire la fille de la gourmandise et du péché, et que c’est en sens qu’il est écrit : « Que le peuple s’assit pour manger et pour boire et qu’il se leva pour jouer. » C’est une réponse que nous devons donner à tout ce qu’on nous objecte des Saints Pères, avec d’autant plus de raison qu’à les examiner sans prévention et à peser toutes leurs paroles, il est aisé de voir que s’ils sont tant déchainés contre la Comédie, ça a été parce que de leur temps, l’excès en était criminel et immodéré, et que s’ils l’avaient trouvée, comme elle est aujourd’hui conforme aux bonnes mœurs et à la droite raison, ils ne l’auraient pas tant décriée, et auraient crû, comme saint Thomas, qu’il n’y avait point de mal à y assister, mais c’était quelque chose de si horrible et de si infâme que la Comédie, comme la jouait du temps de nos pères, qu’il n’y a personne à l’heure qu’il est, (je parle des gens du monde et de ceux encore qui sont les moins retenus) qui ne les condamna comme ont fait les Pères, et ce n’est pas une chose étonnante que ces saints Personnages aient employé toute la force de leur zèle contre la chose la plus scandaleuse qui fut dans l’Eglise. […] Leurs corps efféminés sous la démarche et sous l’habit de femme représentent les gestes les plus lascifs des plus dissolues. » Et plus bas : « Après la licence des paroles on en vient à celle des actions : on dépouille en plein Théâtre, à la prière du peuple, des femmes débauchées, etc. » « Pater verborum , etc. » lib. 1. de ludis c. 20. […] Caton qu’assistant un jour à ces spectacles, et apprenant de Favonius son favori, que par le respect qu’on lui portait, le peuple avait honte de demander que les Comédiens parussent nus sur le Théâtre, ce grand homme se retira, pour ne pas empêcher par sa présence une chose qui Epître 97. […] : « Comme quelques-uns d’eux sont tombés dans l’impureté desquels il est écrit : Le peuple s’assit pour manger et pour boire, et ils se levèrent pour se jouer. » Le second est de l’ExodeExode, 32.
Charles Borromée se sont vus obligés de réduire leur zèle à demander au Ciel la patience pour supporter les scandales qu’ils ne pouvaient abolir. « Il est quelquefois nécessaire de tolérer quelque folies du peuple, dit Théodoric, roi d’Italie, pour l’empêcher de donner dans de plus grands écarts. […] Citons le passage où cet écrit traite de l’immoralité épouvantable dans laquelle le théâtre est tombé de nos jours, et de la dépravation qui en est la suite nécessaire parmi le peuple. « Un spectacle où la moralité serait respectée, resterait désert de nos jours. […] Charles Dupin dans un discours public. « Voyez, dit-il, les théâtres tenant école de corruption et de scélératesse…, foulant aux pieds les vertus les plus saintes avec l’intention patente de faire aimer, choyer, admirer le duel, le suicide, l’assassinat et le parricide, l’empoisonnement, le viol, l’adultère et l’inceste, préconisant ces forfaits comme la fatalité glorieuse des esprits supérieurs, comme un progrès des grandes âmes, qui s’élèvent au-dessus de la vertu des idiots, de la religion des simples et de l’humanité du commun peuple !
Quand on condamne l’immodestie des femmes, ne parle-t-on que de cette licence grossiere du théatre payen, dont l’histoire a conservé la mémoire comme d’un phénomène de corruption, sous l’empire de Caligula, de Néron, d’Héliogabale, &c. lorsqu’un peuple brutal, connoissant bien le caréctère des Comédiennes, les méprisoit assez pour les faire dépouiller en plein théatre, ordre qu’elles exécutoient avec joie, & souvent se faisoient donner, nudentur mimæ ne parle-t-on que de l’état où, comme des animaux, vivent les Sauvages de l’Amerique & les Negres de la Guinée, qu’un soleil toujours brûlant force de chercher toute sorte de soulagement ? […] Il lui donna des habits de peau, dont il est vrai-semblable que les Patriarches ont conservé & transmis la forme au peuple Juif. […] Sans doute il seroit à souhaiter qu’on observât encore la louable coutume, aussi ancienne que le monde, observée chez presque tous les peuples, dont S.
Après avoir formé des Cirques et des Amphithéâtres, où les hommes s’exerçaient à la vengeance et à la fureur, soit en se tuant eux-mêmes, soit en faisant périr des animaux ; après avoir rempli de sang les Villes entières pour amuser l’oisiveté des Peuples, et pour les accoutumer à devenir cruels, il a employé l’enchantement des Sirènes, à dessein d’introduire la volupté dans tous les cœurs, et de la rendre souveraine de l’Univers. […] Je sais, avec le grand Apôtre, qu’il y a des choses qu’on ne doit pas même nommer parmi le peuple de Dieu, nec nominetur in vobis ; que le portrait même du vice est un objet dangereux ; et que c’est en quelque sorte participer au crime, que de le représenter avec des couleurs capables de le faire aimer. […] Lisez les Actes des Martyrs, et c’est là que vous verrez des membres palpitants sur des roues ; des corps mis en pièces par la rage des bourreaux ; des têtes séparées de leur tronc par l’activité d’un feu dévorant ; des hommes tout vivants couverts de bitume et de poix, allumés comme des torches pour servir de lumière aux passants ; des hommes exposés dans les Cirques et dans les Amphithéâtres, à la férocité des Tigres et des Lions, comme un Spectacle propre à amuser le Peuple et les Empereurs.
La politique l’empêche de détruire ouvertement la Confession d’Aubourg, pour établir le Déisme ; son peuple, tout l’Empire, les Protestans même s’y opposeroient ; mais il en sappe les fondemens, & en ruine la créance par des voies indirectes. […] La nécessité de recourir au Prince dans un grand Royaume seroit bien à charge au peuple, à moins de mettre de tous côtés des Bureaux de dispense, & de recette pour en percevoir les droits.
Il chercha à en imposer à la Religion, en fit taire les sages Loix, en l’intéressant, pour ainsi dire, dans les jeux qu’il préparoit au Peuple ; car en France, comme dans la Grèce, ce ne fut que lui que le Théâtre envisagea d’abord ; son ignorance, ses goûts grossiers & bisarres, sa piété même, toujours mal-entendue, & toujours mêlée de superstitions, furent les premiers moyens dont l’esprit humain se servit pour exécuter ses projets.
Leurs vues, leurs entreprises dépendent des tems, des lieux, des usages, des loix & des peuples.
Ce n’est point en criant, en étudiant devant un miroir ses gestes & sa démarche, qu’on est certain de se tirer de son role ; on doit dèscendre jusques dans la lie Peuple, apprendre ses façons d’agir, de parler, de se conduire ; on doit devenir presque original, tandis qu’on n’est qu’une simple copie.
Augustin pris de son Sermon de la vie commune des Clercs. « Je me suis séparé de ceux qui aiment le siècle ; mais je ne me suis point égalé à ceux qui conduisent les peuples.
Jason, s’étant emparé du souverain Pontificat, résolut de pervertir entièrement le Peuple Juif, et il n’y réussit que trop.
Le but que se sont proposés les Saints Pères dans les instructions qu’ils donnaient à leurs peuples, a toujours été la réformation des mœurs.
« Le clergé pour qui j’ai eu tant d’égards, auquel j’ai cherché à m’associer, jusqu’à avilir dans cette vue la majesté royale, s’est laissé aveugler, il y a déjà longtemps, par un faux zèle pour la religion, et donne aujourd’hui au peuple français l’exemple de la révolte. » Quelle leçon pour les rois !
Pères et mères, loin de vous montrer les fauteurs et les protecteurs de cette œuvre des ténèbres, éloignez-en vos enfants, sauvez-les du naufrage ; si, dans la crainte de les attrister, vous les conduisiez vous-mêmes dans ces assemblées ténébreuses, vous ne seriez pas moins cruels et moins barbares que ces peuples idolâtres qui immolaient leurs enfants aux faux dieux : vous immoleriez les vôtres, non point aux faux dieux, mais au démon de la volupté.
Premièrement, il ne s’agit plus ici d’un vain babil de Philosophie ; mais d’une vérité de pratique important à tout un peuple.
Pour se mettre à la portée du peuple, ce Saint représente la joie, le plaisir, les fêtes des bien-heureux dans le ciel par des idées de danse, de bal, d’instrumens, de musique, &c. […] Cet enchaînement de luxe couvre de ridicule jusqu’aux actrices, qui, quoique toutes de la plus basse lie du peuple, sont logées, meublées, habillées, traînées comme des Princesses. […] Pour punir la corruption des peuples. […] J’arracherai tous ces ornemens dont vous êtes parée, je vous dépouillerai des habits dont vous êtes couverte, vous serez reduite à la plus honteuse nudité, à la plus dégoutante laideur, à la plus profonde misere, votre Roi sera enlevé, le temple détruit, le peuple captif, la ville reduite en cendres.
Comme les chrétiens sont un peuple lâche et timide, ils cherchent à se fortifier contre les attaques de la mort. […] On appelle voies ces amas de degrés, qui séparent le peuple des chevaliers. […] Voyez le peuple qui s’achemine tout hors de lui vers le lieu, où le spectacle doit se donner : voyez-le, dis-je, tout agité, tout étourdi, tout troublé, dans l’incertitude où il est qui remportera la victoire. […] Du moins ces malheureuses, qui ont étouffé en elles toute pudeur, craignent-elles en certain jour de montrer au peuple les indécences de leurs gestes : du moins rougissent-elles une fois l’an ?
Il n'y a rien dans la nature de la Tragédie, ni de la Tragi-comédie, qui puisse nous les faire désapprouver ; il paraît même que le but des premiers Tragiques a été bon, et qu'ils ont voulu instruire les peuples d'une manière qui fût capable de les frapper davantage, que la simple exposition des choses qu'ils leur voulaient insinuer n'aurait pu faire. […] Les anciens, voulant donc instruire les peuples, et la forme de leur culte n'admettant que des sacrifices, et des cérémonies sans aucune exposition, ni interprétation de leur religion, qui n'avait point de dogmes certains: ils les assemblaient dans les places publiques (car ils n'avaient pas encore l'usage des théâtres, qui ne furent même inventés qu'après qu'on se fut servi quelque temps de chariots pour faire que les Acteurs fussent vus de plus loin) et ils leur inspiraient par le moyen des spectacles les sentiments qu'ils prétendaient leur donner, croyant avec raison qu'ils étaient plus susceptibles de recevoir une impression forte, par l'expression réelle d'une personne considérable, que par toutes les instructions qu'ils eussent pu recevoir d'une autre manière plus simple et moins vive.
Paul, dans la ville d’Athènes, fut envoyé par le Pape Clément prêcher en France, où, passant par l’Italie il écrivait à un sien ami Romain, d’éviter la présence de ses Bouffons, qui avaient pour lors grande vogue parmi le peuple. […] Mais pour parler du malheur qu’a causé la médisance ; Voyons le fond de l’antiquité, nous trouverons un Moïse quitter la Cour de Pharaon pour aller aux déserts de Madian, l’emprisonnement d’un Joseph, un Prophète David chassé de la présence de Saül, un Daniel jeté dans la fosse aux lions, un peuple Hébreu à la veille de sa perte, une Suzanne sur le point d’être lapidée ; Bref il n’y a peste plus dangereuse que celle de la calomnie, c’est pourquoi le Prophète royal, au Psaume septante et deux, dit que le Détracteur échellev le Ciel pour y vomir le venin de sa médisance, « posuit in coelum os suum et lingua ejus transivit in terra » : Je ne trouve pas étrange de quoi les Calomniateurs dressent des assauts continuels, contre ceux qui sont accusés de quelques imperfections, puisque la pointe de leur langue s’attaque aux plus justes du monde ; plût à Dieu que ce vice n’eût aucune racine dans nos cœurs afin que la charité se trouvant en son lustre, l’amitié pût avoir son règne, et la paix entrant en son Empire, la concorde y trouvât le trône de sa félicité.
S’il est du bien public que chacun remplisse ses devoirs avec fruit, peut-il être indifférent que le Clergé, fait pour en imposer au vice et enseigner la vertu, soit respecté des peuples et se rende respectable ? […] 3.° Quoique dans l’Empire Romain ce fût un usage immémorial, qui était devenu une obligation dans les grandes magistratures, de donner des spectacles au peuple, cependant on ne pouvait pas admettre aux saints ordres ceux qui pendant le temps de leur administration avaient fait ces libéralités.
et l’on doit sentir parfaitement enfin que, dans tous les intérêts, il est temps de mettre quelque frein à toutes ces mascarades des vices déguisés en vertus, courant les théâtres pour se faire voir et bafouer par le peuple convoqué ad se invicem castigandum ridendo ; et ce peuple érigé en tribunal de mœurs, je développe l’observation que j’en ai faite, est rassemblé confusément et en toutes dispositions, c’est-à-dire comprenant avec leurs passions, leurs goûts, leurs vices, leurs préjugés différents, leurs opinions, leurs systèmes et préventions diverses, tous les rangs, tous les états, tous les âges, les deux sexes, les amis, les ennemis, les parents, les enfants, les régnicoles, les étrangers, les clercs et les laïcs, les disciples de toutes les religions, pour les mettre alternativement aux prises ensemble, ou pour livrer ceux-ci à la risée de ceux-là, et vice versâ, afin de les corriger tous, les uns par les autres au moyen d’impressions ou mouvements intérieurs si divers, si brouillés, et du conflit bizarre de tant d’éléments contraires ; c’est presque à dire, afin de les entre-choquer de telle manière que le monde moral sorte tout façonné de ce nouveau chaos, ainsi que Descartes fait sortir le monde physique de ses tourbillons. […] C’est dans cet ouvrage où, pour appuyer la nécessité du remède que j’y invoque, je prouve par des raisons et par des faits que dans un temps ordinaire, à l’âge de notre société, au degré d’avancement où en sont maintenant les arts, les métiers et le luxe (à moins qu’il ne s’agisse d’introduire chez nous quelque branche essentielle d’industrie, que nous aurions encore à envier raisonnablement à l’étranger), les établissements nouveaux, surtout les grands et ambitieux que la cupidité attache aux corps des anciens, ne sont que des superfétations voraces qui en tirent les sucs, qui détournent la sève industrielle de ses voies ordinaires, entravent la progression naturelle et la plus juste distribution de l’industrie, lesquelles s’effectuent le mieux possible par la succession constante et régulière des maîtres et des établissements particuliers de tous les genres qui, d’ailleurs, réunissent dans leurs nombreuses communautés respectives, et au plus haut degré actuellement, tous les principes, tous les motifs et moyens de l’émulation souvent prétextée dans les fréquents projets de ces accaparements d’industrie ; accaparements encore facilités, pour le malheur des dernières classes, (la déplorable situation actuelle du peuple anglais en fournit une nouvelle preuve incontestable), par la multiplication sans bornes des machines, ou bras de bois, qui paralysent funestement ceux des hommes ; ce que je crois y avoir bien démontré aussi.
Dans les grandes révolutions de la Chine, ce qui fit le plus de peine au peuple, c’est que leurs vainqueurs les obligèrent à se couper les cheveux qu’ils aimoient beaucoup ; selon l’usage des Tartares : il y eut des guerres, des séditions, des révoltes, des meurtres ; plusieurs aimèrent mieux mourir ou s’expatrier, que de renoncer à leur chevelure. […] Il y avoit dans ses états quelques Nains en petit nombre, venus apparemment des Lapons qui sont à l’extrêmité du côté du Nord, il imagina d’en former un peuple, fit chercher des Nains pour les unir, comme des chevaux dans des haras ; il en eut en effet quelques-uns qui depuis se sont multipliés, ces poupées sont aujourd’hui assez communes dans la Russie. […] Dans tous les temps & chez tous les peuples, les habits ont servi à distinguer les états des personnes par la forme & les richesses, & à faire paroître les agrémens naturels par l’arrangement & la propreté ; jusques-là rien que d’innocent, & même de convenable.
Le Gaulois de ce siecle est presque inintelligible, & le peuple entendroit sans peine ce Gascon Albigeois. […] On jette des fruits, des dragées, des gateaux, des vers qui font courir le peuple. […] A ces excès peuvent se rapporter les charivaris, especes de bal ambulant, où l’on insulte les veufs qui se remarient, & où, à la faveur de l’obscurité, se commettent les plus grands désordres, non par le peuple seul, mais par les personnes les plus distinguées que le masque & la nuit enhardissent, & que le vice dégrade au-dessous de la plus vile populace.
Le peuple s’assembla en foule à son enterrement & à son tombeau, & vomissoit contre lui mille malédiction : on fut obligé, pour l’écarter, de lui jetter de l’argent par la fenêtre, sans quoi on n’auroit pu percer la foule. […] C’est-là qu’il a joui d’un plaisir délicieux, douce récompense de sa justice & de son affabilité ; c’est-à-dire, des applaudissemens de joie de tout le peuple. […] Le Prince Charles mérite sans doute l’amour des peuples : mais ce pompeux galimatias pour une vingtaine de paysannes qui jettent leurs coëffes, comme les harangères de la place Maubert quand elles se battent, est aussi ridicule que la farce extravagante qu’elles célebrent.
Ainsi s’exprimoit Saint Jean Chrysostome en l’une de ses Homélies1 au peuple d’Antioche.
En Espagne et en Portugal, où l’Inquisition est si sévère, ne représente-t-on pas des Comédies : et parmi des Peuples où la moindre peccadille envers la Religion est souvent un crime irrémissible, ces Spectacles seraient-ils permis s’il était vrai qu’ils fussent si pernicieux ?
L’on commença à s’ennuyer de ces représentations sérieuses, les Joueurs y mêlerent quelques farces tirées de sujets profanes et burlesques : cela fit beaucoup de plaisir au Peuple qui aime ces sortes de divertissements, où il entre plus d’imagination que d’esprit ; ils les nommèrent par un quolibet vulgaire, les jeux des pois pilés : ce fut selon toutes les apparences, quelque scène ridicule qui eut rapport à ce nom, qui leur en fournit la matière.
La Romance est très-ancienne ; c’est aux Espagnols que nous la devons, ou c’est du moins le peuple chez lequel elle fut le plus en vogue. […] Les Français éxcellent plus qu’aucun peuple dans sa composition, parce qu’ils lui ont prêté tout ce qui les caractérise.