L’Auteur, qui ne fait pas assez de ces deux langues pour être une Savante, mais suffisamment pour entendre parfaitement la sienne, a puisé sans scrupule dans le langage de l’ancienne Rome ; au lieu que c’est malgré elle, qu’elle s’est vue obligée de recourir au Grec ; & je sais qu’elle regarde comme autant de barbarismes, tous les termes que nous en avons empruntés.
Oui, cet esprit doux, patient, humble, chaste, charitable, miséricordieux, qui fait le caractère et l’excellence des mœurs du Christianisme, a plus de convenance avec le génie et le cœur des femmes, à qui la douceur et la patience, la soumission et la pudeur, la compassion et la charité, sont des vertus presque naturelles : Au lieu que nous autres, si nous les voulons acquérir, nous sommes obligés de travailler beaucoup sur notre cœur ; qui est naturellement violent et impatient, fier et sensuel, dur et impitoyable.
Nous nous en servirons en temps et lieu.
C’est là justement, où je vous attendois ; Et moy je vous dis, Madame, qu’elles sont en quelque façon plus dangereuses a l’innocence, qu’elles n’étoint ; car autrefois l’innocence n’avoit garde d’en être interessée, puis que les personnes, qui avoient un peu de conscience, fuyoient le Theatre, comme un lieu de scandale, & de peché, & qu’on n’y voyoit, que celles, qui avoient perdu la conscience, & la pudeur.
Il paraissait n’avoir plus lieu de craindre les caprices de la fortune ; la volage l’éleva au plus haut de sa roue afin de l’en précipiter avec plus d’éclat.
Diodore de Sicile, Auteur d’une sçavante Histoire du monde, qui malheureusement n’est venue jusqu’à nous que par lambeaux, parcourut l’Égypte, l’Asie, l’Affrique, & d’autres pays éloignés des lieux qu’il habitait ordinairement.
Le roi, qui fait tant de choses avantageuses pour la religion, comme il l’avoue lui-même, ce monarque qui occupe tous ses soins pour la maintenir, ce prince sous qui l’on peut dire avec assurance que l’hérésie est aux abois et qu’elle tire continuellement à la fin, ce grand roi qui n’a point donné de relâche ni de trêve à l’impiété, qui l’a poursuivie partout et ne lui a laissé aucun lieu de retraite, vient enfin de connaître que Molière est vraiment diabolique, que diabolique est son cerveaul, et que c’est un diable incarné ; et, pour le punir comme il le mérite, il vient d’ajouter une nouvelle pension à celle qu’il lui faisait l’honneur de lui donner comme auteur, lui ayant donné cette seconde, et à toute sa troupe, comme à ses comédiens.
Caligula les rappela, et Néron eut aussi lieu de les chasser ; mais cet empereur, qui était fait pour protéger de tels gens, les fit ensuite revenir.
quand ce ne serait que par tant de regards qu’elles attirent, et par tous ceux qu’elles jettent, elles que leur sexe avait consacrées à la modestie, dont l’infirmité naturelle demandait la sûre retraite d’une maison bien réglée : et voilà qu’elles s’étalent elles-mêmes en plein théâtre avec tout l’attirail de la volupté, comme ces sirènes dont parle Isaïe, qui font leur demeure dans le temple de la volupté ; dont les regards sont mortels, et qui reçoivent de tous côtés, par les applaudissements qu’on leur renvoie, le poison qu’elles répandent par leur chant. » Elles s’immolent à l’incontinence publique d’une manière plus dangereuse qu’on ne ferait dans les lieux qu’on n’ose nommer.
On y supplée par un théatre domestique, on y jouit d’une entiere liberté, on y choisit la compagnie & les pieces, le temps & le lieu ; on s’y montre avec succès, on y est sûrement applaudi. […] Il y a une différence infinie entre un tête à tête & une conversation dans un lieu public ; les témoins sont un préservatif, les ténèbres, la solitude désarment.
Messaline se déguisoit pour aller dans les lieux publics : Crinem abscondente galero. […] Le théatre a fait de l’art du déguisement une partie considérable de l’art dramatique, pour bien suivre le costume, qui caractérise la nation, le temps, le lieu, & s’approprier son habit.
J’étais à peine installé dans un joli cabinet, dont la vue donnait sur le boulevard Neuf, que je vis une voiture s’arrêter devant la porte et en descendre une jeune élégante, accompagnée par un gros monsieur, que je remis pour l’avoir vu souvent à la Bourse, surtout quand il y a ce qu’en jargon du lieu on nomme un coup à faire. […] C’est dans ce dernier, que se montent les arlequinades, expulsées de chez Nicolet, et sans feu ni lieu, depuis l’incendie de Lazari57, bergamiste célèbre, aussi léger dans ses métamorphoses, qu’improvisateur comique et spirituel dans ses canevas, genre de pièces non écrites, dont il fit longtemps la vogue.
L’illustre Bossuet professait donc une grande vérité, lorsqu’il disait que « le trône des rois est placé dans le lieu le plus sûr de tous, et le plus inaccessible, dans la conscience même où Dieu a le sien, et que c’est le fondement le plus assuré de la tranquillité publique ». […] Car, qui peut méconnaître cette vérité de tous les lieux, de tous les temps, ce principe reconnu, proclamé par l’antiquité même : « qui rejette la religion, arrache les fondements de l’état » 5. […] Or, ce n’est pas ici le lieu d’examiner lesquels sont les plus respectables ou les mieux fondés. […] Avons-nous lieu de nous étonner de la faiblesse des productions qu’on hasarde sur la scène, et des chutes douloureuses et fréquentes de tant d’auteurs indiscrets ? […] la récompense de l’homme de bien est dans son propre cœur ; la joie pure de faire son devoir lui tient lieu des hommages qu’on lui refuse ; et si, enivrée de plaisirs et d’amusements, la frivolité fuit d’une aile rapide et légère la grave sérénité de son front ; s’il est dédaigné de ceux qui sont dans l’opulence et la joie, le malheureux aux prises avec les disgrâces et la misère, vient dans son sein épancher sa douleur et chercher un remède à ses maux : il est le véritable ami de la détresse, et si par de salutaires conseils, ou de légers secours, il ne peut en tarir la source, il sait au moins en adoucir l’amertume.
C’est là justement, où je vous attendois ; Et moy je vous dis, Madame, qu’elles sont en quelque façon plus dangereuses à l’innocence, qu’elles n’estoient ; car autrefois l’innocence n’avoit garde d’en estre interressée, puis que les personnes, qui avoient un peü de conscience, fuyoient le Théatre, comme un lieu de scandale, & de péché, & qu’on n’y voyoit, que celles, qui avoient perdu la conscience, & la pudeur.
Dans les unes on s’apperçoit que le Poète par le ou fait agir, au lieu que l’autre est la représentation véritable des mœurs des habitans de la campagne.
Ce qui fit tomber le Théâtre, avant que Mlle Favart le relevât, c’était le mauvais Jeu des Acteurs : & malgré la fureur du Public pour les Ariettes, le Théâtre Italien cessera bientôt d’avoir la foule, si (comme on a déja lieu de le présumer) on ne voit plus les Pièces favorites rendues que par de médiocres Chanteurs.
Peticus et de Stolon, qui vivaient près de quatre cents ans après la fondation de Rome, cette grande Ville et tous les lieux d'alentour furent affligés d'une peste qui semblait ne devoir jamais trouver de fin ni de remède.
» Donc un chrétien viole les vœux de son baptême, lorsqu’il fréquente les spectacles ; de quelque innocence dont il puisse se flatter, en reportant dans ces lieux son cœur exempt d’impression, il en sort souillé, puisque, par sa présence, il a participé aux œuvres de Satan auxquelles il avait renoncé dans son baptême, et violé les promesses les plus sacrées, qu’il avait faites à Jésus-Christ et à son Eglise.
D’ailleurs ce serait donner un grand avantage aux libertins, qui pourraient tourner en ridicule, à la Comédie, les mêmes choses qu’ils reçoivent dans les Temples avec une apparente soumission, et par le respect du lieu où elles sont dites, et par la révérence des personnes qui les disentc Mais posons que nos Docteurs abandonnent toutes les matières saintes à la liberté du Théâtre, faisons en sorte que les moins dévots les écoutent avec toute la docilité que peuvent avoir les personnes les plus soumises : il est certain que de la doctrine la plus sainte, des actions les plus Chrétiennes, et des vérités les plus utiles, on fera les Tragédies du monde qui plairont le moins.
Mais en même tems s’il nous arrive à nous-mêmes quelque malheur, n’est-il pas vrai que nous nous savons bon gré si nous faisons tout le contraire de ce que nous avons approuvé dans le Poëte ; je veux dire si nous pouvons gagner sur nous de prendre patience & de demeurer en paix, reconnoissant que ce parti est celui d’un homme, au lieu que l’autre est celui d’une femme. […] Y a t-il donc de la raison quand nous voyons faire à un homme des choses que nous serions honteux de faire, au lieu que nous devrions l’avoir en horreur, de nous y plaire & de l’approuver ? […] Et au lieu que vous reteniez en vous ce qui vous excitoit à vouloir faire rire les autres dans la crainte de passer pour bouffon, vous le lachez alors, & lui donnant pleine liberté, vous succombez aux occasions & vous faites insensiblement le Personnage de Farceur.
Un Auteur Dramatique dans une Monarchie doit un respect aveugle aux volontés du Prince, comme le reste des sujets, il ne se permettra pas de traiter des affaires d’Etat sur la scène, et ne fera parler ses Acteurs qu’avec respect des personnes qui en ont l’administration, dans une Démocratie au contraire, on peut en tous temps et en tous lieux attaquer l’inconduite des Chefs du Gouvernement. […] Les femmes d’à présent sont bien loin de ces mœurs, Elles veulent écrire et devenir Auteurs : Nulle science n’est pour elles trop profonde Et céans beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde, Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir, Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir ; On y sait comme vont Lune, Etoile polaire, Venus, Saturne et Mars dont je n’ai point affaire ; Et dans ce vain savoir qu’on va chercher si loin, On ne sait comme va mon pot dont j’ai besoin. […] Ce serait ici le lieu peut-être de vous faire part de mes réflexions sur votre mauvaise critique de la Musique Française et d’attaquer votre préjugé ridicule pour la Musique Italienne ; mais comme l’objet occasionnerait une trop longue digression, j’aime mieux la renvoyer à la fin de cet ouvrage pour ne point imiter votre désordre et sautiller d’un objet à l’autre comme vous faites.
Il sait que le peuple y est doux, humain, secourable, autant qu’en aucun lieu du monde ; il doit savoir que les honnêtes gens y ont le cœur assez bon pour tolérer, plaindre et soulager ceux mêmes qui les calomnient, et il aurait pu attribuer à la fréquentation du théâtre quelques nuances de ce caractère généreux et compatissant qu’il a reconnu dans les Français. […] Il a donc fallu avoir égard au vice le plus commun, je ne dis pas de son siècle et de son pays, mais de tous les lieux et de tous les temps, c’est-à-dire, à la malignité qui prend sa source dans l’amour-propre, et rendre le Censeur ridicule par quelque endroit, pour consoler à ses dépens ceux qu’humilierait la censure. […] Il n’y a d’institution naturelle que le devoir de la résistance, ou plutôt l’interdiction de l’attaque : tout le reste varie suivant les lieux et les temps. […] J’avoue que cet amour est plus commun dans les Villes opulentes et peuplées ; j’avouerai même, si l’on veut, qu’il règne à Paris autant et plus qu’en aucun lieu du monde. […] Au lieu qu’une âme froide et légère ne tient à rien, et cède à un souffle ; elle oublie la vertu qu’elle n’aime pas, pour un vice qu’elle n’aime guère, et se perd sans savoir pourquoi.
Les petits spectacles forains remplissoient le vuide du théatre aboli ; le goût de la danse, passion épidémique, se réveille tout-à-coup avec fureur ; des bals champêtres s’ouvrent dans tous les villages aux environs de la capitale ; des artificiers Italiens donnent des spectacles Pyriques, (des feux d’artifices,) & pour les animer d’avantage, y réunissent des danses ; enfin, d’après le Vauxhall Anglois, on imagine de construire à grands frais des lieux d’assemblées, décorés comme des théatres, pour y attirer le public ; c’est-à-dire, les curieux, les gens de plaisir, les citoyens désœuvrés, des femmes, sur-tout les jeunes gens, &c. par toutes sortes d’amusemens, souvent par le seul concours des personnes qu’on y peut voir, ou de qui l’on peut être vu, & même encore par la facilité de se cacher dans la foule ; ces divers établissemens ont le succès de la nouveauté, toujours attrayans pour des François.
Les Ambassadeurs n’ont droit de mettre leurs armoiries, ou celles de leurs maîtres, que chez eux, non dans les lieux publics des villes où ils résident. […] Ils veulent que le talent du théatre réunisse tous ces éloges, comme s’il supposoit ou donnoit toutes les vertus, ou en tenoit lieu.
Il est vrai encore que Moliere par une fin digne de lui, passa du théatre au tombeau ; il changea les brodequins en suaire, sans donner le moindre signe de répentir, au lieu que Racine & la Fontaine se convertirent sincérement, & montrerent les plus vifs regrets d’avoir composé ces mêmes ouvrages dont ils avoient pris dévotement la défense, d’autant plus croyable, que ce qu’ils ont dit allant paroître devant le juge des vivans & des morts, qu’ils prononçoient contre eux-mêmes, & que le voile de la passion & du préjugé s’élevoit pour eux. […] Il faut pourtant convenir que ces sages Panégyristes ont l’équité & la bonne foi de reconnoître qu’il y a de meilleures choses à faire que d’aller au spectacle, & des lieux qu’il vaut mieux fréquenter ; que ceux dont la conduite est réglée, qui ne voudroient pas employer un moment dont ils ne puissent rendre compte à Dieu, peuvent en faire un meilleur usage.
Quand tout l’Empire de Flore avec les deux Arabies & les lieux où naissent les beaumes seroient distillés, on ne feroit pas un assortiment de senteurs comme celui là, &c. […] Cette honnête Dame empoisonne son mari, & s’enfuit avec son amant ; elle alla s’établir dans une isse de la Méditerranée, à qui elle donna son nom ; elle y ouvrit un lieu de débauche, comme Calypso, les Sirenes, la Déesse de Paphos, d’Amathonte, &c. car les stations & les avantures du sage Ulysse dans sa navigation, les innombrables prodiges d’Ovide ne sont précisément, non plus que les intrigues de tous les rommans & de toutes les piéces de théatre, que les historiettes des libertins, & des courtifannes, dont on chante les amours.
On voit à Amsterdam trois sortes de maisons qui ont le crime pour objet, les deux premieres pour le faire commettre, la troisieme pour le punir, savoir, le théatre & les lieux publics, & une maison de correction pour les femmes perdues. Il y a des théatres de toute espece, comme à Paris, où l’on donné tous les jours quelque spectacle, & des lieux publics, comme en Italie.
Elles sont donc pires que les idoles des Payens qui n’étoient que de bois & du métail qui ne commettoient aucun crime, & n’étoient point responsables de ceux qu’on commettoit en les adorant, au lieu qu’ici on est coupable ; on fait des coupables, on ne cherche qu’à faire des coupables ; il n’y a donc ni esprit ni sagesse ni vertu : non est spiritus in visceribus ejus. […] Sa beauté, ses plaisirs imitent ce lieu de délices.
en Moines de la Trappe, priant aux pieds d'une croix, prêchant, se confessant, creusant une fosse, baisant un crucifix et le portrait d'une femme, couchés sur la cendre et embrassés par un amant, devant une Communauté ; au lieu des prières de l'Eglise, récitant des stances Françaises, à chacune desquelles on répète en chœur le dernier mot au lieu d’amen ; ce que la Dame Journaliste, qui connaît aussi peu que le Protestant de Berlin les cérémonies et les usages de l'Eglise, appelle « jeter un sombre reflet sur la pièce qui fait beaucoup d'effet ». […] en formant l'homme, aurait dû lui ravir Le malheureux pouvoir de lui désobéir. » Un autre Poète avait dit avant lui : « Quand Dieu veut sauver l'homme, en tout temps, en tout lieu, L'indubitable effet suit le vouloir d'un Dieu. » On ne doit pas être surpris qu'avec de tels principes Luther et Calvin aient dépeuplé les Monastères.
Il eût suffit ce semble de leur faire observer la loi : mais le théatre a paru au gouverneur le lieu le plus dangereux, où elles pouvoient faire le plus de mal, parce que tout les y favorise. Ce lieu consacré au vice mérite une exclusion particuliere : on a cru ce magasin suffisamment approvisionné par les actrices ; de nouveles provisions y seroient à charge & augmenteroient le mal : c’est même un acte de justice, les actrices sont en possession. […] Ce choix étoit juste au spectacle, pardonnable dans les lieux où il vit le jour.