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57. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Une piece de théatre bien représentée doit plaire aux sourds & aux aveugles, aux sourds par la beauté des gestes & la vérité du pantomime, aux aveugles par la beauté des paroles & le son agréable de la voix, & à ceux qui jouissent de la vue & de l’ouïe, par le parfait accord de ces deux choses qui sont faites l’une pour l’autre. […] Il disoit n’avoir jamais mieux jugé de la bonté des pieces que depuis qu’il n’entendoit plus les Acteurs (ce qui n’est guere croyable), sur-tout quand on jouoit ses pieces, ce qui alors lui étoit plus facile, puisqu’il les savoit par cœur, & les avoit vues jouer ; il y en a de bonnes. […] Un sourd a la vue plus perçante, un aveugle l’oreille plus fine, il est moins distrait. […] On peche en la danse, au marcher, au toucher, au parler, au chanter, en l’ouïe, en la vue, en ornemens, mensonge & vanité. […] Il tente l’homme par les femmes, par l’attouchement, la vue & l’ouïe ; au bal par l’attouchement des mains, le regard de la beauté, la douceur du chant.

58. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Je voudrois les connoître, afin de les chasser de l’Eglise, non pour toujours, mais pour les convertir, comme un bon père interdit quelquefois à ses enfans sa maison & sa table dans la vue de les corriger, comme un Pasteur sépare du troupeau les brebis malades, pour les guérir & préserver celles qui sont saines. […] Si une femme négligemment parée, vue par hasard dans la rue, blesse mortellement ceux qui la regardent avec curiosité, que sera-ce de contempler les heures entieres au spectacle, de propos délibéré, & avec le plus grand goût, jusqu’à abandonner l’Eglise pour y courir, ces infames Actrices, communément belles, & toujours le plus dangereusement parées ? […] Il vaudroit mieux couvrir votre visage de boue que de voir avec plaisir l’image du crime : la boue ne nuit pas tant à vos veux, que la vue de ces objets nuit à votre ame.

59. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

L’Abbé de Saint Pierre, ce Citoyen décidé dont les rêves ne roulaient que sur les moyens de procurer le bonheur du Genre humain, qui dans cette vue a laissé de très bons Mémoires qu’il faudra revoir un jour, si les hommes s’avisaient jamais de vouloir être heureux ; l’Abbé de Saint Pierre voulait des Spectacles, mais avec des tempéraments qui fortifient ma Thèse. […] C’est par ces mêmes vues que ses Pasteurs ne cesseront jamais de tonner contre un abus si dangereux. […] Rousseau, qui ne frémissent point à la vue du fer meurtrier qu’ils projettent d’enfoncer dans le cœur de leurs amis, même les plus intimes ?

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