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74. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Elles suffisent sans doute pour déterminer tout Chrétien docile à la voix de la Religion ; et quiconque ne l’est pas, se trouve également sans excuse, au tribunal de la Raison : il a contre lui les Philosophes, les Protestants, les Auteurs dramatiques, les Comédiens eux-mêmes, Corneille, Racine, Boileau, Lefranc, La Mothe, Riccoboni, Gresset, Bayle, Jean-Jacques Rousseau, et tant d’autres : qu’il écoute leurs témoignages ; ils ne sont pas suspects25. […] Tous n’ont eu sur ce point qu’une même voix ; tous, dans tous les siècles, ont prêché la même morale, et nous savons qu’outre la sainteté qui nous les rend vénérables, c’étaient les premiers génies du monde : nous avons en main leurs écrits, et nous y voyons la sublimité de leur sagesse, la pénétration de leur esprit, la profondeur et l’étendue de leur érudition. […] Jésus-Christ formerait lui-même les sons d’une voix qui corrompt les cœurs ? […] Encouragé par l’indulgence dont le public a honoré Sidnei et le Méchant, ébloui par les sollicitations les plus puissantes, séduit par mes amis, dupe d’autrui et de moi-même, rappelé en même temps par cette voix intérieure, toujours sévère et toujours juste ; je souffrais, et je n’en travaillais pas moins dans le même genre. […] Je cherchais à étouffer cette voix des remords, à laquelle on n’impose point silence, ou je croyais y répondre par de mauvaises autorités que je me donnais pour bonnes.

75. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

) Il jouoit bien des instrumens, & avoit une voix de basse très-agréable : c’est une preuve que les Italiens avoient déjà l’empire de la musique (preuve bien foible) & qu’ils étoient en possession d’exercer leur art dans les Cours de l’Europe. […] On a engagé la célebre actrice Lemor à y faire entendre cette voix brillante qui lui attiroit, il y a cinquante ans, les plus grands applaudissemens ; les talens sont immortels, la premiere fois qu’elle y a chanté, il s’est trouvé au Colisée un monde prodigieux, pour entendre ce prodige, les uns enthousiasmés, disent qu’elle a conservé tout l’éclat de sa voix, d’autres moins galans, osent dire qu’il n’y a rien de bien merveilleux, qu’elle a beaucoup perdu de ses graces. […] Tout s’use avec le tems, la voix a ses rides comme le visage, le blanc, le rouge ne peuvent recrépir ses charmes. […] La Cour s’occupoit de jeux, de ballets, de la comédie, qui n’étoit pas encore un art, & de la tragédie dont Corneille fit un art sublime ; ce ne fut qu’un enchaînement de plaisirs, de fêtes, de galanteries, de spectacles, & pour en faire part à tout le monde, il y eut à la comédie un banc distingué, pour l’Académie Françoise, un autre pour les Evêques, Mazarin y ajouta des opéras Italiens qu’il fit exécuter à ses dépens, disoit-il, par des voix venues d’Italie.

76. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Il y a tant de choses, lesquelles condamnent l’usage, qui s’en fait, que, de quelque côté que l’on se tourne, l’on n’entend que des voix, qui crient contre ce divertissement, autant préjudiciable à l’ame, qu’il est agreable aux sens. l’Eglise, la conscience, & les frequens naufrages de l’innocence, sont ces voix, qui disent, que de tous les moyens, qu’à le Demon pour perdre bien des ames, la comedie en est le plus doux, le plus fort, & le plus caché.

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