On doit convenir, d’après tout ce qui vient d’être dit, que les auteurs dramatiques sont des empoisonneurs publics qui se chargent d’autant de crimes que leurs pièces en font commettre, qui sont coupables d’autant d’homicides qu’il y a d’âmes perdues à leurs spectacles.
Je viens, Monsieur, à vos objections sur la Comédie. […] Mais je viens au Misanthrope. […] Ce n’est point Philinte qu’Oronte vient consulter, c’est Alceste ; et rien n’oblige Philinte de louer comme il fait le sonnet d’Oronte à tort et à travers, et d’interrompre même la lecture par ses fades éloges. […] Leurs peines viennent ordinairement du cœur, les nôtres n’ont souvent pour principe que la vanité et l’ambition. […] Je me hâte de finir sur cet article dont la plupart de nos Lecteurs ne s’embarrassent guère, pour en venir à un autre qui les intéresse encore moins, et sur lequel par cette raison je m’arrêterai moins encore.
Il n’est point ici question de son origine, qui sûrement vient des Païens : il s’agit uniquement de savoir ce qu’il en faut penser.