Non, sans doute, un ouvrage où le fanatisme est peint des couleurs les plus noires, c’est-à-dire de ses véritables couleurs, non sans doute, un ouvrage où la tolérance est prêchée sans cesse, ne sauroit nuire à la Religion, à moins que la Religion ne soit essentiellement fanatique, & prodigue du sang des hommes. […] Un bon Citoyen ne doit-il pas traiter sa Nation, comme un véritable ami traite son ami ? […] Depuis cet avilissement du Théâtre, nul homme d’un véritable génie n’est entré dans la carrière. […] Si les intérêts particuliers s’anéantissent devant l’intérêt public, si l’on fait aux préjugés cette guerre ardente & vigoureuse, digne du Peuple qui s’assemble, & du siècle qui voit s’opérer une aussi grande révolution, alors le nom de François deviendra le plus beau nom qu’un Citoyen puisse porter ; alors nous verrons s’élever des vertus véritables ; alors le génie, sans cesse avili par le despotisme, reprendra sa fierté naturelle. […] Tant que j’écrirai, ma plume, soumise à la véritable décence, ne se permettra jamais ces affreux Libelles, répandus de nos jours avec tant de profusion, pour troubler le repos des Citoyens & déshonorer des familles entières.
Nous vous enjoignons (ajoute-t-il plus bas) de détruire et d’arracher cette mauvaise coutume, qui est un véritable abus, afin que la sainteté des Eglises ne soit point violée par ces jeux profanes et indécents. » Mais il n’y a point de preuve plus puissante pour établir cette vérité, qu’on pèche grièvement lorsqu’on danse dans quelque lieu Saint ; que ce qui est marqué dans un Canon de ceux qu’on nomme Pénitentiaux, qui condamne à trois ans de pénitence, celui qui aurait commis cette irrévérence, que de danser seulement devant l’Eglise.
Le premier avantage, celui même qui engendre tous les autres, est de ramener les Lettres à l’esprit de leur véritable institution : elles n’ont point pour objet, comme on pourroit le penser d’après l’abus qu’on en a fait dans ces derniers temps, de procurer un stérile amusement, ni de servir de pâture à quelques hommes peu propres au maniement des affaires publiques. […] Si ces merveilles nous paroissent aujourd’hui presque incroyables, c’est que nous avons perdu de vue le véritable esprit des Lettres, & que nous les avons, en quelque sorte, dénaturées par nos institutions politiques. […] Pouviez-vous trouver mauvais qu’on cherchât à dissiper le prestige qui fascine les yeux du commun des Lecteurs, & à ramener les Lettres à l’objet de leur véritable institution.