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38. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

On prend droit, pour le mieux confondre, des traits que la vérité arrache à ses propres défenseurs, comme l’a si heureusement exécuté M. […] La religion ne fait que reprendre ce qui lui appartient ; ce que les Païens, les Poètes, les Comédiens ont de bon est un larcin fait à l’Eglise, seule dépositaire de la vérité. […] Du reste, ce n’est pas au théâtre à m’en faire un crime ; la satire est son aliment, la plaisanterie est son langage ; et plût à Dieu qu’il respectât toujours assez la vérité et la décence, pour ne pas mériter la plus rigoureuse censure par sa malignité et ses bouffonneries, et donner à tous ceux qui le fréquentent, un ton de causticité et de frivolité, dont on ne se corrige presque jamais ! […] Ce ne seront point des généralités de morale, que personne ne s’applique ; l’application détaillée à chaque état fera mieux sentir la vérité.

39. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

Ils ne savent pas qu’il consiste à parer la vérité, non à la defigurer ; à l’enrichir, non à la déshonorer ; et qu’enfin le secours des Episodes doit soutenir les Sujets, et non pas les étouffer. Mais ce qui leur paraît de plus rebutant et de plus épineux, c’est que pour donner à ces ouvrages les ornements qu’ils demandent, il faut se remplir des grandes vérités de la Religion, et tirer de l’Ecriture sainte ces riches expressions que nous fournit la divine Poésie du Psalmiste et des Prophètes, et qui sont fort au-dessus de tout ce que l’ingénieuse et savante Antiquité a de plus grand et de plus magnifique. […] Quel plus digne sujet peut occuper l’Auteur tragique, s’il veut conserver la vérité de l’Histoire sans blesser la sainteté de la matiere ?

40. (1824) Du danger des spectacles « INTRODUCTION. » pp. 1-3

De même qu’il est beau quelquefois d’attaquer avec une vertueuse liberté, des opinions et des préjugés qui ont pour eux l’autorité des temps et un vieux respect, fils de l’habitude ; de même que le résultat de ces attaques, inscrites dans les bornes de la modération et de la charité chrétienne, a souvent été la destruction de l’erreur et le triomphe de la vérité ; c’est ainsi qu’il est d’une importance égale, sinon plus grande encore, d’examiner avec les yeux de l’impartialité plusieurs des usages et des plaisirs de la société, que l’empire d’une longue indulgence semble avoir consacrés. […] Nous soumettons cet essai au public, dans l’espérance que si nos lecteurs demeurent convaincus de la vérité de nos arguments, aucune considération, aucune habitude antérieure ne pourra prévaloir sur la voix de la conscience, et sur cette paix de l’âme, ce trésor le plus précieux de tous, et qui est bien au-dessus de tous les vains plaisirs du monde et de tous ses frivoles amusements.

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