On remarquera qu’il avoit déjà composé ses principaux chefs-d’œuvres quand il exposoit ces réflexions, fruits de son expérience & de ses travaux. […] Bien-tôt ils vous diront que les plus saintes loix, Maîtresses du vil peuple, obéissent aux Rois ; Qu’un Roi n’a d’autre frein que sa volonté même ; Qu’il doit immoler tout à la grandeur suprême ; Qu’aux larmes, au travail le peuple est condamné, Et d’un sceptre de fer veut être gouverné ; Que s’il n’est opprimé tôt ou tard il opprime.
Ils sçavoient s’attacher au travail le plus rude, Des Peuples ennemis braver la multitude, Des plus affreux climats affronter les horreurs, Des plus fiers élémens combattre les fureurs. […] de Saint-Evremond appelle « une sottise chargée de musique, de danses, de machines, de décorations ; une sottise magnifique, mais toujours une sottise ; un travail bizarre de Poésie & de Musique, où le Poëte & le Musicien également gênés l’un par l’autre, se donnent bien de la peine à faire un méchant Ouvrage85 ». […] Boyer, dit M. l’Abbé d’Olivet 88, avoit du génie, de l’inclination au travail, & qu’il portoit l’habit Ecclésiastique ; n’auroit-il pas dû choisir une autre route plus convenable à ses talens & à son honneur que celle du Théatre ? […] Au reste on s’est expliqué page 81 de nos Lettres, sur l’hommage que l’on doit à la Musique, dont l’invention doit être même considérée comme un présent que l’Auteur de la nature nous a sait pour l’employer à chanter sa gloire, à lui exposer nos besoins, à le remercier de ses dons, à manifester notre joie dans la prospérité, à dissiper nos chagrins dans nos afflictions, à soulager nos peines dans nos travaux, à exciter enfin l’ardeur martiale dans le cœur des combattans, Quid autem aliud in nostris legionibus cornua ac tubæ faciunt ? […] Seguier 228, tend à réunir tout dans la Société, sans y rien confondre, & qui fait du travail, de la fidélité, du courage & de l’obéissance aux Loix, autant de droits aux récompenses de la vie future ».
Son dernier mariage avec Madame d’Apremont fut bisarre ; il avoit soixante deux ans, & quoique d’un tempéramment vigoureux, il s’étoit usé par tant de guerres, de travaux, de débauches ; elle étoit dans sa troisieme année.