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5. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [H] » pp. 416-417

Comme les Anciens avaient trois sortes de Pièces, de Comiques, de Tragiques & de Satyriques, ils avaient aussi de trois sortes de Scènes, c’est-à-dire, des Décorations de ces trois différens genres. Les Tragiques représentaient toujours de grands bâtimens, avec des colonnes, des statues, & les autres ornemens convenables : les Comiques représentaient des édifices particuliers avec des toîts & de simples croisées, comme on en voit communément dans les Villes : & les Satyriques, quelques maisons rustiques, avec des arbres, des rochers, & les autres choses, qu’on voit d’ordinaire à la campagne. […] L’entrée du milieu était toujours celle du principal Acteur : ainsi dans la Scène Tragique, c’était ordinairement la porte d’un Palais : celles qui étaient à droite ou à gauche, étaient destinées à ceux qui jouaient les seconds Rôles ; & les deux autres, qui étaient sur les aîles, servaient, l’une à ceux qui arrivaient de la campagne, & l’autre à ceux qui venaient du Port ou de la Place publique.

6. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

Mais quelque raison que l’on puisse donner de l’intérêt qu’on prend aux Poèmes tragiques, le Philosophe s’étonnera toujours que l’on chérisse des Ouvrages qui nous remplissent de douleur, qui nous arrachent des cris & des larmes : car enfin il ne paraît pas naturel de trouver des délices à s’affliger. […] L’Abbé du Bos21 croit qu’on aime les Spectacles tragiques, quelque déchirement qu’ils fassent éprouver à l’âme sensible, parce que le cœur est énnemi du repos, qui le fait tomber dans l’indolence, dans une langueur insipide : afin de s’occupe, il se remplit de passions, tristes ou enjouées, peu lui importe, pourvu qu’elles le retirent du désœuvrement. […] Le Drame tragique qui ne nous désespère point par une catastrophe affligeante, n’est pas regardé comme une véritable Tragédie. […] Sénéque le tragique.

7. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Les caracteres de l’action, des personnages, du denouement peuvent être diversifiés à l’infini sans cesser d’être tragiques. […] Tout cela ne forme que des sous-divisions dans le genre ; mais n’est pas moins dans le genre du Tragique. […] Arnaud veuille que le sombre, le terrible, l’horrible, le diabolique soient des sujets tragiques, à la bonne heure ; mais que ce soient les seuls, on en rira : aura-t-on grand tort ? […] Arnaud seroient très-analogues au caractère des spectateurs, & passeroient, d’une voix unanime, pour le tragique par excellence, le seul vrai tragique : le plaisir en tout genre est relatif au goût & au caractere ; musique gaie ou triste ; alimens doux ou amers ; odeurs bonnes ou mauvaises ; spectacles cruels ou humains ; lectures frivoles ou férieuses ; vie solitaire ou repandue ; société grave ou dissipée, &c. chacun a ses ennemis & ses partisans : on ne juge des choses que par la sensation : cette sensation de pend de la configuration des organes. […] Telle la tragedie de Fayel très-tragique certainement ; mais qui par les fureurs & par les barbaries d’un Energumene, soutenu depuis le commencement jusqu’à la fin, n’en est que plus desagréable, & si fort tragique, qu’elle est insoutenable, à la représentation, & à la lecture.

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