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73. (1576) De la Censure. pp. 611-613

 » Si on dit que les Grecs, et Romains permettaient les jeux : je réponds que c'était pour une superstition qu'ils avaient à leurs Dieux. mais les plus sages les ont toujours blâmés. car combien que la Tragédie a je ne sais quoi de plus Héroïque, et qui moins effémine les cœurs des hommes, si est-ce toutesfois que Solon ayant vu jouer une tragédie de Thespis, le trouva fort mauvais : de quoi s'excusant Thespis disait, que ce n'était que jeu, Non, dit Solon, mais le jeu tourne en chose sérieuse, beaucoup plus eût-il blâmé les comédies, qui étaient encore inconnues. et maintenant on met toujours à la fin des tragédies, (comme une poison ès viandes) la farce, ou comédie.

74. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

De la Tragédie. […] Que de vérités cette Tragédie ne met-elle pas au jour ! […] « […] quel jugement porterons-nous d’une Tragédie où, bien que les criminels soient punis, ils nous sont représentés sous un aspect si favorable que tout l’intérêt est pour eux ? […] Je ne me suis pas contenté de vous prouver que la Tragédie n’était rien moins que dangereuse, je crois vous avoir prouvé qu’elle est encore utile à la correction des mœurs. […] Le monstre qui sert de héros à chacune de ces deux Pièces achève paisiblement les forfaits, en jouit, et l’un des deux le dit en propres termes au dernier vers de la Tragédie : "Et je jouis enfin du prix de mes forfaits."

75. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Veut-on dire que la tragédie détruise en entier les passions ? […] Les comédies font plus des trois quarts des spectacles, il y en a vingt pour une tragédie, et toujours même, comme un correctif au sérieux de la vertu et un préservatif contre l'effet de ses leçons, la farce suit la tragédie : Athalie sera effacée par Scapin. […] Dans ses Mémoires sur la Mothe-Houdart, il rapporte ce trait pris du discours de ce Poète sur la tragédie de Romulus donnée en 1722. « Les tragédies ne peuvent pas être d'un grand fruit pour les mœurs, quoique la partie du théâtre la plus sévère. […] Je plains les Auteurs et les Acteurs des tragédies pleines d'horreur qui font agir et parler des gens qu'on ne peut écouter ni voir sans souffrir. […] L'ambition, partout autorisée et canonisée, est dans toutes les tragédies la vertu des belles ames.

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