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59. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Le premier est, que toutes les personnes qui frequentent ces sortes de spectacles, ne peuvent avoir d’ordinaire aucun sentiment de pieté ; car ces bons sentimens, dont une ame peut être touchée ne viennent, que des saintes pensées, dont auparavant elle a été remplie ; & encore le cœur a-t’il bien de la peine à goûter les choses divines, quelque plenitude de connoissance, qui ait pû préceder ; c’est sa dureté naturelle, c’est son fond de corruption, c’est son opposition à la pieté qui fait tout cela. […] mon Dieu, Madame, laissons là, je vous prie, cette partie si delicate de l’Eglise, sans la toucher rudement : Ces gens portent alors avec eux leur condamnation, sans que nous soyons obligez de parler ; nous ne devons avoir, que le silence, & le gemissement, respectant toûjours leur caractere ; nous n’avons qu’à baisser les yeux de honte, pour celle, qu’ils ne prennent pas, comme pour nous persuader, que nos yeux ne voyent pas, ce qu’ils voyent en effet ; & je m’assûre, que vous même, ayant l’esprit un peu Chrêtien, vous ne tirerez pas avantage d’un exemple, qui passe le scandale ordinaire, pour aller plus librement à la comedie.

60. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Les malheurs des scélérats sont peu propres à nous toucher ; ils sont un juste supplice, dont l’imitation ne saurait exciter en nous ni terreur ni compassion véritable (à raison de l’indignation qui a précédé, & du sentiment d’estime de nous-même, bien ou mal fondé, qui nous dit que nous ne leur ressemblons pas, & qu’ils nous sont étrangers ; ce qui éteint la compassion). […] Sans compter qu’étant hommes comme nous, ils nous touchent par le lien de l’humanité, le degré d’élévation où ils sont, donne plus déclat à leur chute.

61. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XIII. S’il est nécessaire qu’une Pièce de Théâtre plaise autant à la lecture qu’à la représentation. » pp. 359-363

Mettez ensemble deux hommes également malheureux, dont l’un sache s’éxprimer avec élégance ; on s’intéressera plutôt à celui qui touche, qui ébranle l’ame par la force de ses discours, qu’à celui qui s’éxprime grossièrement ou sans délicatesse.

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