Augustin mérite une attention particulière, à bien des titres.
Plusieurs troupes de différents Comédiens s’étant établis au Marais et ailleurs, Louis XIV. par un simple Brevet les remit tous en 1680. en une seule troupe : et c’est là l’unique titre de l’établissement des Comédiens d’aujourd’hui, qui n’a pas été suivi de Lettres Patentes ; parce qu’ils ne font aucun corps dans l’Etat ; d’où ils peuvent être chassés, comme le furent par saint Louis, ceux qui se trouvèrent alors dans le Royaume, où ils ne sont tolérés encore à présent que par des raisons de pure politique, comme d’autres maux y sont soufferts, aussi bien qu’à Rome même et ailleurs.
Je pourrais imputer ces préjugés aux déclamations des Prêtres, si je ne les trouvais établis chez les Romains avant la naissance du Christianisme, et, non seulement courants vaguement dans l’esprit du peuple, mais autorisés par des lois expresses qui déclaraient les Acteurs infâmes, leur ôtaient le titre et les droits de Citoyens Romains, et mettaient les Actrices au rang des prostituées. […] Concevez combien ce titre sonne dans un pays assez heureux pour n’en point avoir ; et qui sait combien de courtauds croiront se mettre à la mode, en imitant les marquis du siècle dernier ? […] Je voudrais que tous les ans, au dernier bal, la jeune personne qui, durant les précédents, se serait comportée le plus honnêtement, le plus modestement, et aurait plu davantage à tout le monde au jugement du Parquet, fût honorée d’une couronne par la main du Seigneur-Commis 64, et du titre de Reine du bal qu’elle porterait toute l’année. […] J'observe que les Anciens tiraient volontiers leurs titres d’honneur des droits de la Nature, et que nous ne tirons les nôtres que des droits du rang. […] [NDE] Digeste de Justinien, Livre III, Titre II « De ceux qui sont notés d’infamie », 2, § 5, in Corpus de droit civil, ca. 530 : « Le préteur ajoute : "celui qui montera sur un théâtre, sera infâme".