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77. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

On peut le voir encore par les piéces qui furent composées & & représentées dans ce malheureux tems. […] Dans le même tems on célébroit à Berlin, par des opéras, la prise de Dresde. […] Moliere avance qu’elle fut conçue, composée, apprise, exécutée en quinze jours ; on peut dire de cette fanfaronade, ce que lui-même fait dire au Misantrope : voyons, Monsieur, le tems ne fait rien à l’affaire , les plaisirs publics cachent souvent les desastres particuliers. […] Un trait singulier, les prologues de l’opéra vanterent beaucoup dans le tems, l’embassade du Doge de Genes, pour faire des excuses au Roi, au nom de la République, forcé à cette humiliante démarche, par les Galliotes à bombe, & une escadre nombreuse, qui avoit déjà brûlé la moitié de la Ville, prise au dépourvu, par M. du Quesne, & ménaçoit l’autre ; Voltaire rapporte aussi cet événement dans son tems, mais en historien sans exagération. […] La philosophie du tems, sa fidele compagne, y a fait aussi de grands progrès ; en dépit de tous les Evêques, des Moines & des Prêtres.

78. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

Voyez comme il flatte l’Académied, dans le temps même qu’il persécute la Sorbonne. […] Est-ce que vous êtes maintenant plus saints que vous n’étiez en ce temps-là ? […] Mais en ce temps-là Desmarets n’avait pas écrit contre vous. […] Cependant on vous a vus de tout temps louer ou blâmer le même homme selon que vous étiez contents ou mal satisfaits de lui. […] Nous nous en servirons en temps et lieu.

79. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXX. Profanation du dimanche : étrange explication du précepte de la sanctification des fêtes. » pp. 109-116

La discipline est constante sur ce sujet jusqu’aux derniers temps, et le Concile de Reims sur la fin du siècle passéai, au titre des fêtes, après avoir nommé au chapitre III certains jeux qu’on ne doit permettre tout au plus qu’après l’office : met ensuite, au chapitre VI, dans un rang entièrement séparé, « celui du théâtre qui souille l’honnêteté et la sainteté de l’église », comme absolument défendu dans les saints jours. […] ak , pour une des conditions des divertissements innocents, « que le temps en soit convenable » : pourquoi, si ce n’est pour nous faire entendre qu’il y en a qu’il faut exclure des saints jours, quand ils seraient permis d’ailleurs ? Au reste on ne doit pas demander des passages exprès de ce saint docteur, ou des autres, contre cet indigne partage qu’on fait des jours saints : ils n’avaient garde de reprendre dans leur temps ce qui était inouï, ni de prévoir une profanation du dimanche, qui est si nouvelle que nos pères l’ont vu commencer. […] Après tout, que sert aux comédiens et à ceux qui les écoutent, qu’on leur laisse libre le temps de l’office ?

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