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44. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « La tradition de l'Eglise sur la comédie et les spectacles. Les conciles » pp. 53-68

Et ce qui marque encore plus clairement que les canons qui sont contre les Spectacles en général comprennent aussi la Comédie, c'est qu'il y a des canons qui la condamnent en particulier, l'Eglise ayant soin d'expliquer en de certains temps plus expressément les choses qu'elle se contente d'ordonner aux Chrétiens seulement en général en d'autres rencontres. […] Mais comme en ce temps-là il y avait encore un très grand nombre de Païens sur lesquels l'Eglise n'avait point de juridiction, et que d'ailleurs l'attachement du peuple à ces spectacles était si grand, qu'il avait été presque impossible, même aux Empereurs de les abolir. […] La première, de demander que par le respect qui était dû à la véritable Religion, qui était aussi dès ce temps-là la religion des Empereurs, les spectacles cessassent absolument lorsque l'Eglise était occupée à honorer Dieu, pendant les grandes solennités. […] Il faut demander aux très-pieux Empereurs Théodose et Valentinien, qu'ils défendent les Spectacles des Théâtres, et des autres Jeux les Dimanches et les autres Fêtes que la Religion Chrétienne solennise; principalement, parce que comme pendant l'Octave de Pâques, le Peuple se trouve au Cirque, au lieu d'aller à l'Eglise, si la représentation des Spectacles qu'on a accoutumé de donner au Peuple, se rencontre en ces saints Jours, on doit remettre ces Jeux à un autre temps. […] Nous défendons aux Peuples dans toutes les Villes de notre Empire les divertissements des Théâtres, et du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de notre Sauveur Jésus-Christ, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, et de la Pentecôte, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons célestes figurent la nouvelle lumière qu'on reçoit au Baptême; Comme aussi les jours qu'on célèbre, avec grande raison la mémoire du martyre des Apôtres, qui sont les Maîtres de tous les Chrétiens; afin que les fidèles occupent tout leur cœur et tout leur esprit au service de Dieu, et que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impiété des Juifs, ou l'erreur et la folie des Païens, ils reconnaissent que le temps des prières est bien différent du temps du divertissement, et des plaisirs, et afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les représenter à notre honneur, par la vénération et le respect qu'il doit à la Majesté Impériale, sans avoir même égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offenser en faisant paraître moins d'affection envers nous, qu'il n'avait accoutumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout-puissant la soumission, et le service qui est dû à sa grandeur.

45. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Que les Pères ne les condamnent que parce que de leur temps il s’y commettait des idolâtries ou des impuretés grossières. 4.  […] En troisième lieu, il faut prendre garde qu’il n’y ait rien qui ne convienne à la personne, au temps, et au lieu, et qui ne soit encore bien réglé quant aux autres circonstances. […] Chacun sait que ce Saint a paru dans notre France dans un temps de trouble, où les circonstances ne laissaient guère d’attention à policer les plaisirs. […] Chacun sait que ce Saint embrassa la vie solitaire du désert aussitôt aprés son Baptême ; qu’il y vécu quelque temps avec S. […] Ceux qui les aiment ne s’y adonnent que pour quelque temps ; et c’est plutôt dans les hommes une fantaisie passagère qu’un plaisir constant.

46. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Que de jours perdus, disent-ils, qu’on est peu économe du temps ! […] Sans doute que le temps donné au culte d’un Dieu à qui nous devons tout, est un temps perdu, et que l’ordre qu’il a donné dès le commencement du monde, et tant de fois renouvelé, ne doit être compté pour rien. […] Mais s’il est vrai que le repos des fêtes est trop long pour le peuple, faut-il dans les spectacles lui offrir l’amorce dangereuse d’un nouvel amusement qui lui fait encore perdre son temps ? Je fais un autre calcul économique du temps. […] En effet ce ne fut que dans le temps où le théâtre fut le plus en vogue, que le célibat fut le plus commun.

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