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56. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Ce sera cette femme Chrétienne, qui renfermée dans l’enceinte de son domestique, éleve ses enfans dans la crainte de Dieu, laisse au Seigneur le soin de leur destinée, les aime tous d’une égale tendresse, ne leur marque d’autre place que celle où Dieu les appellera, ne s’abandonne point aux modes de luxe & de vanité, ne se trouve point dans les cercles de railleries & de médisances, ne s’assied point dans la Chaire du mensonge, ne paroît gueres qu’au Temple, & n’y va que pour y prier & y adorer, qui ne suit point les usages, les coûtumes, les maximes du monde, & qui par son rang & ses exemples donne du credit à la vertu. […] Souffrés, mes Freres, que je finisse mon Discours par ces paroles : au sortir de ce Temple vous allés rentrer dans le monde figuré par l’infidelle Babilone : vous y allés voir ces Dieux d’or & d’argent, postés dans les places publiques, devant qui presque tout le monde est prêt de fléchir le genoüil : vous y allés trouver les Idoles vivantes de luxe & de vanité, ces hommes & ces femmes revêtus d’habits riches & pretieux qui brillent par la pompe de leur train, & la magnificence de leur équipage, devant qui tout le monde rampe & se prosterne : vous y allés trouver ces marques d’orgueil dont tous les riches & les grands se parent ; pour inspirer du respect & de la crainte aux petits : ces plaisirs que tout le monde se permet, ces richesses que tout le monde adore, ces voluptés aprés lesquelles tout le monde soupire, ces honneurs & ces dignités que tout le monde brigue, ces usages que tout le monde embrasse ; prenés bien garde de vous laisser entraîner à ces exemples de mondains : ne vous laissés par aller au torrent de la multitude ; & si vous voulés être du petit nombre de ces Israëlites fidelles, dites comme eux dans vôtre cœur : oüi, mon Dieu, il n’y a que vous qu’il faille adorer, te oportet adorari Domine .

57. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Ses prêtres gémissent dans leurs temples déserts ; ils se frappent la poitrine… Rassurez-vous, âmes compatissantes… ils frappent légèrement. […] Ce sont des temples élevés à la morale, depuis que l’architecture, la peinture, la sculpture, et tous les arts, se sont, à l’envi, empressés de les décorer. […] Et encore aujourd’hui, quatre ans après 1830, tous nos artistes, hommes et femmes, tenant de près ou de loin à nos théâtres, ont été repoussés des églises romaines sous la juridiction d’un archevêque ; et pour adresser à Dieu leurs vœux en faveur d’un de nos premiers lyriques2, dont ils accompagnaient la triste et mortelle dépouille, ils n’ont pu trouver de temple que celui des Invalides. […] Chrétiens réunis dans ce temple, écoutez, c’est la parole de Dieu !

58. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Septième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 282-286

.… Du Théâtre, elle s’est fait un Temple, que chaque Spectateur craint de profaner ; on n’entend plus l’aigre sifflement de l’envie, & l’incommode trépignement de la cabale : le Public, sur son compte, pense comme moi, & craint de rien perdre de ce qu’elle dit.

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