Histoire des Jeux de Théâtre et des autres divertissements Comiques soufferts ou condamnés depuis la démolition des Temples au cinquième siècle jusqu’au temps de Justinien.
Le grand Voltaire qui a fait si bien agir & parler les Rois qui a si bien parlé lui même des Rois & de Dieu, doit seul avoir part aux honneurs royaux, & même aux honneurs divins ; c’est le Dieu du théatre, il faut bien le placer dans son temple & sur ses autels. […] Le fameux Pigalle espére par cet ouvrage de donner un nouveau lustre à son ciseau, il partagera l’immortalité de Voltaire, ces deux grands artistes s’immortaliseront mutuellement, & se donneront la main pour entrer ensemble dans le temple de mémoire ; le sculpteur fera vivre le poëte, & le nom de Voltaire fera passer celui de Pigalle à la postérité la plus réculée. […] Clairon est donc devenue le temple de la gloire, c’est à elle à donner des lauriers, puisqu’elle en est toute couverte ; je ne pourrai pas la rémercier dignement, je suis un peu entouré de ciprés ; on ne peut pas plus mal prendre son tems pour être malade ; je vais pourtant me secouer, & écrire au grand Prêtre & à la grande Pretresse. […] La dédicace de la statue ne s’est point faite dans la maison de la Clairon ; comment est-elle devenue le temple de la gloire ? […] Le triomphe de la mort qui réduira ce grand Hercule à une poignée de cendres, sera bien plus réel que la prétendue gloire, dont, par les mains de la Clairon, les lauriers du génie, & les lys de la virginité l’ont couvert : cette même Prêtresse, dont la maison est le temple de la gloire, & la patrie des talens, ne sera pas plus épargnée : Memento homo, quia pulvis es, & in pulverem reverteris.
Les anciens faisoient vendre à Cythere, des suaires à la porte du Temple de Venus, quelle leçon ! […] Ainsi dit l’Apôtre, le corps est le Temple du Saint-Esprit, une Hostie vivante, sainte, raisonnable. Jamais le fard & les parures mondaines n’ont servi à parer cette Hostie à orner ce Temple, & n’ont pu plaire au Dieu de toute sainteté. Portez-les aux Temples des faux Dieux, chargez-en les victimes qu’on y brûle, sur leurs Autels : elles ne peuvent manquer de leur plaire, d’établir, d’avancer, de répandre leur culte, en même tems qu’elles détruisent celui du vrai Dieu. […] Des visages fardés, des gorges découvertes méritent bien plus d’être chassées du Temple, à coups de fouet, que des marchands de colombes pour le Sacrifice ; ils ne vendent rien moins que des colombes & ce n’est pas pour le Sacrifice qu’on étale cette infâme marchandise, & qu’on fait ce marché honteux.