Si j’entre dans un trop long détail au sujet de la musique, on me le pardonnera facilement, dans un siècle où cet art fait le principal ornement de plusieurs de nos Théâtres. […] Un nommé le Maire, Musicien du dernier Siècle, ajouta le Si. […] Toutes les Nations de l’Europe & tous les siècles concoururent à la rendre parfaite. […] Je vais rapporter ici son secret & celui que nous apprennent de célèbres descendans d’Hypocrate, persuadé que les Musiciens du siècle en feront usage, & qu’ils m’en auront obligation. […] Si cet Ecrivain s’est trompé, s’il lui est échappé une espèce de blasphème musical, c’est à son siècle qu’on doit s’en prendre.
Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. […] premier théâtre Français a subsisté en ce lieu, à n’y représenter que des pièces de piété ou de morale, sous ce titre commun de Moralités, pendant près d’un siècle et demi.
Mais il y a longtemps, vous le savez, que le siècle d’Astrée n’existe plus que dans les fables, si même il a jamais existé ailleurs. […] Demandez à nos Prédicateurs les plus fameux combien ils font de conversions par an ; ils vous répondront qu’on en fait une ou deux par siècle, encore faut-il que le siècle soit bon ; sur cette réponse leur défendrez-vous de prêcher, et à nous de les entendre ? […] Aussi je ne crois pas que ce chef-d’œuvre de Molière (supérieur peut-être de quelques années à son siècle) dût craindre aujourd’hui le sort équivoque qu’il eut à sa naissance ; notre parterre, plus fin et plus éclairé qu’il ne l’était il y a soixante ans, n’aurait plus besoin du Médecin malgré lui pour aller au Misanthrope. […] J’avoue que ce talent de peindre l’amour au naturel, talent propre à un temps d’ignorance, où la nature seule donnait des leçons, peut s’être affaibli dans notre siècle, et que les femmes, devenues à notre exemple plus coquettes que passionnées, sauront bientôt aimer aussi peu que nous et le dire aussi mal ; mais sera-ce la faute de la nature ? […] Si les siècles éclairés ne sont pas moins corrompus que les autres, c’est que la lumière y est trop inégalement répandue ; qu’elle est resserrée et concentrée dans un trop petit nombre d’esprits ; que les rayons qui s’en échappent dans le peuple ont assez de force pour découvrir aux âmes communes l’attrait et les avantages du vice, et non pour leur en faire voir les dangers et l’horreur : le grand défaut de ce siècle philosophe est de ne l’être pas encore assez.