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144. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Le Musulman seul a voulu maintenir la Religion. […] Ils sont jaloux dans ces assemblées du droit d’arrêter tout par un mot, liberum voto, & dans ces mêmes assemblées ils admettent trois ministres étrangers, leurs ennemis, qui non-seulement y ont voix délibérative, mais qui seuls y exercent le liberum voto, seuls y font la loi, & menacent de tout exterminer si on leur résiste. […] La Pologne devroit gémir, la guerre n’avoit été entreprise que pour conserver la Religion & la liberté, conformément à la garantie que la Porte avoit promise, ainsi que bien d’autres princes, mais qu’elle a été la seule à exécuter. […] Les dietes polonoises, les parlemens anglois sont-ils les seuls qui doivent gémir de la vérité de ce tableau ? […] Mais cette étrange & incroyable révolution a été plus frappante en Pologne : la Société y étoit plus accréditée & plus riche ; elle y avoit des maisons & des sujets sans nombre, & enseignoit seule toute la jeunesse.

145. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VII. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques étaient distingués des Histrions et Bateleurs des Jeux Scéniques. » pp. 145-164

Mais personne ne s'est mieux expliqué sur ce sujet que Cicéron dans son Oraison pour le Comédien Roscius ; il plaidait contre Fannius« Ipsum caput et supercilia penitus abrasa. », qui sans doute était un Mime ou Joueur de bouffonneries ; car lors que Cicéron le dépeint, pour montrer que de sa seule personne on pouvait comprendre la différence qu'il y avait entre lui et Roscius, il dit qu'il avait la tête et les sourcils rasés , et qu'il n'avait pas un seul cheveu d'homme de bien, ce qui était propre aux Mimes ; au lieu qu'il fait de Roscius un fort honnête homme au sentiment de tout le monde, par la confession même de Saturius son Avocat. […] applique proprement le mot d'Histrion aux Mimes, qui par leur danses représentaient les Fables des faux Dieux, en disant, « qu'un seul contrefait tantôt Vénus par ses mollesses, et tantôt Cybèle par les tremblements de son corps. ».

146. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Ces histoires intéressantes sont lues avec avidité, et c’est la seule partie de ces feuilles que parcourt la moitié des lecteurs ; les pièces imprimées suivent de près les annonces, et se répandent rapidement ; elles volent de la capitale aux Alpes et aux Pyrénées, traversent les mers, font voile au Canada et aux îles du vent, et vont payer à Pondichéry les étoffes des Indes. […] Il y a cinquante ans que le seul soupçon d’une fortune si éclatante eût été pris pour une injure ; on rendait encore justice au métier de Comédien, on le méprisait ; aujourd’hui c’est un état brillant dans le monde : un Acteur est un homme de conséquence, ses talents sont précieux, ses fonctions glorieuses, son ton imposant, son air avantageux ; on est trop heureux de l’avoir, on se l’arrache. […] La religion ne fait que reprendre ce qui lui appartient ; ce que les Païens, les Poètes, les Comédiens ont de bon est un larcin fait à l’Eglise, seule dépositaire de la vérité.

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