Le Musulman seul a voulu maintenir la Religion. […] Ils sont jaloux dans ces assemblées du droit d’arrêter tout par un mot, liberum voto, & dans ces mêmes assemblées ils admettent trois ministres étrangers, leurs ennemis, qui non-seulement y ont voix délibérative, mais qui seuls y exercent le liberum voto, seuls y font la loi, & menacent de tout exterminer si on leur résiste. […] La Pologne devroit gémir, la guerre n’avoit été entreprise que pour conserver la Religion & la liberté, conformément à la garantie que la Porte avoit promise, ainsi que bien d’autres princes, mais qu’elle a été la seule à exécuter. […] Les dietes polonoises, les parlemens anglois sont-ils les seuls qui doivent gémir de la vérité de ce tableau ? […] Mais cette étrange & incroyable révolution a été plus frappante en Pologne : la Société y étoit plus accréditée & plus riche ; elle y avoit des maisons & des sujets sans nombre, & enseignoit seule toute la jeunesse.
Mais personne ne s'est mieux expliqué sur ce sujet que Cicéron dans son Oraison pour le Comédien Roscius ; il plaidait contre Fannius« Ipsum caput et supercilia penitus abrasa. », qui sans doute était un Mime ou Joueur de bouffonneries ; car lors que Cicéron le dépeint, pour montrer que de sa seule personne on pouvait comprendre la différence qu'il y avait entre lui et Roscius, il dit qu'il avait la tête et les sourcils rasés , et qu'il n'avait pas un seul cheveu d'homme de bien, ce qui était propre aux Mimes ; au lieu qu'il fait de Roscius un fort honnête homme au sentiment de tout le monde, par la confession même de Saturius son Avocat. […] applique proprement le mot d'Histrion aux Mimes, qui par leur danses représentaient les Fables des faux Dieux, en disant, « qu'un seul contrefait tantôt Vénus par ses mollesses, et tantôt Cybèle par les tremblements de son corps. ».
Ces histoires intéressantes sont lues avec avidité, et c’est la seule partie de ces feuilles que parcourt la moitié des lecteurs ; les pièces imprimées suivent de près les annonces, et se répandent rapidement ; elles volent de la capitale aux Alpes et aux Pyrénées, traversent les mers, font voile au Canada et aux îles du vent, et vont payer à Pondichéry les étoffes des Indes. […] Il y a cinquante ans que le seul soupçon d’une fortune si éclatante eût été pris pour une injure ; on rendait encore justice au métier de Comédien, on le méprisait ; aujourd’hui c’est un état brillant dans le monde : un Acteur est un homme de conséquence, ses talents sont précieux, ses fonctions glorieuses, son ton imposant, son air avantageux ; on est trop heureux de l’avoir, on se l’arrache. […] La religion ne fait que reprendre ce qui lui appartient ; ce que les Païens, les Poètes, les Comédiens ont de bon est un larcin fait à l’Eglise, seule dépositaire de la vérité.