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47. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

Cependant dans ces premiers Poèmes dramatiques, ainsi que dans ces derniers, l’Auteur se proposait pour but principal de plaire à ses Spectateurs : car soit qu’il voulut les corriger, soit qu’il voulut simplement les amuser, il est certain qu’il ne pouvait réussir ni dans l’un ni dans l’autre de ces projets, qu’en faisant sur leurs esprits une impression, qui leur rendit aimables ou ses leçons ou ses jeux ; si quelques Poètes n’ont pû arriver à ce but ce n’est point la faute du Théâtre, mais uniquement de l’Auteur ou de l’Acteur, comme on va tâcher de le faire sentir. […] Le Spectacle du Théâtre est le seul qui embrasse et qui excite toutes les affections et toutes les passions du cœur humain ; il y a telle représentation qui inspire la joie, la tristesse, la colère, l’amour, les larmes et les rires ; et tous ces mouvements s’emparent bien souvent dans un seul jour du cœur des Spectateurs, jusqu’à leur faire sentir toutes ces différentes impressions à la fois.

48. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Un sourire qui nous échappe en écoutant une pièce comique, ou dans l’éloquente tragédie, des pleurs que nous sentons couler de nos yeux, suffisent pour nous faire sentir une vérité, que l’auteur d’un traité de morale nous auroit longuement démontrée. […] Il est bien vrai qu’une Pièce peut être représentée à Paris & à la Cour, quand il est avéré qu’elle ne contrarie aucune opinion particulière d’aucun des arbitres ; mais on doit sentir, en récompense, que rien n’est moins possible, quand la Pièce n’est pas tout-à-fait insignifiante. […] Est-ce bien sous le règne d’un Prince équitable, d’un Prince qui a senti lui-même le besoin de limiter son pouvoir, qu’on peut trouver de l’indécence à faire justice d’un Tyran, deux siècles après sa mort ? […] Vous sentirez combien la liberté du Théâtre est à desirer pour l’utilité publique. […] Mais ne sentez-vous pas les inconvéniens d’une liberté sans limites ?

49. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

parce que l’un travaille dans le fond d’un cabinet, & que l’autre joue en public, les finesses dont l’un assaisonnera son jeu, ne seront point à l’autre, qui les a senties & exprimées, soit en détail, soit dans le caractère général de sa piéce & de ses personnages ? […] L’amour propre fait sentir aux plus méchants la nécessité de paroître vertueux. Si l’on ne disoit que ce qu’on sent, y auroit-il dans le monde tant de fausses caresses, tant de trahisons, de politesses forcées, tant de vaines promesses ?

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