/ 301
190. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Mais il est bon de détruire entièrement cette raison, et pour en venir aisément à bout, voyons les autorités de l’Ecriture Sainte, qui semblent défendre la Comédie et semblables spectacles, et tâchons de les expliquer, non pas à nôtre fantaisie, mais par les paroles des plus grands Docteurs. […] J’avoue qu’il se peut trouver des personnes qui sont touchées de semblables choses, eh bien, qu’elles n’y retournent pas. […] semblable, dit un Père de l’Eglise, à un arc qui pour être trop bandé se rompt, au lieu qu’après avoir été un peu relâché il frappe avec plus de force : ce qui a donné lieu à ce Proverbe, « Apollon ne tient pas toujours son arc bandé. » Aristote en rend la raison, lorsqu’il dit qu’il est impossible que l’homme subsiste dans un travail continuel, et qu’il est nécessaire que le repos, les plaisirs et les jeux succèdent à ses soins, à ses travaux et à ses veilles ; ce qui a fait dire à un Ancien« Opsimus laborum medicum », Pyndar.

191. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Il faut garder selon la lettre toutes ces choses, et semblables : Ajoute, que entre les Païens, à certaines fêtes de Mars, les femmes portaient l’équipage des hommes ; et aux fêtes de Vénus, les hommes portaient les hardes des femmes, la quenouille, le fuseau, et autres telles choses : Est aussi à noter, que le terme Hébreu, dont use Moïse est plus général, que ne porte ce mot de vêtement ; dont appert, que la défense est encore plus rigoureuse, que nous ne la prenons, la restreignant seulement aux vêtements ; au lieu que Dieu nous déclare, qu’il abhorre généralement toute confusion, jusques à la moindre, qui se commet, quand un sexe s’attribue quelque chose qu’il a ordonné à l’autre. […] Je réponds ; puisque les habitudes sont toujours semblables aux actions, et exercices, qui les engendrent, comme disent très bien les Philosophes, et comme nature même par l’expérience nous enseigne ; Ceux qui s’exercent souvent à jouer Comédies, et Tragédies ; ne peuvent espérer autre faculté, habitude, ou dextérité, par le fréquent usage de tels exercices sinon qu’ils deviendront un jour habiles bateleurs, et Comédiens aussi adroits, que ceux qui viennent d’Italie. […]  » Ils considèrent aussi, combien sont dangereuses les moindre ouvertures qu’on fait au péché ; Toute corruption étant semblable à la fièvre hectique, qui du commencement est malaisée à connaître, aisée à guérir ; au progrès trop facile à connaître, impossible à guérir : tellement qu’il nous advient, enfin, comme dit quelque Ancien, que nous ne pouvons plus supporter, ni les vices, ni les remèdes ; voire on se moque des remèdes, quand ce qui était vice est devenu coutume.

192. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

La Scéne au contraire (semblable à la peinture qui entend le ton des couleurs & l’heureux mêlange du clair & de l’obscur) fait dans la même action le contraste interessant du vice & de la vertu. […] O Esther, Oeuvres divines, dont l’unique ou le plus digne éloge est de vous demander, Messieurs, si le problême que j’ai proposé auroit lieu, supposé qu’on en composât d’égales ou du moins de semblables. […] Corneille, semblable à l’Oiseau de Jupiter, qui s’élance dans les nuës, & paroît se jouer au milieu des éclairs & des tonerres, avoit fait retentir la Scéne des frequens éclats de ce bruit majestueux qui frappe tous les esprits : Raciue, comme le tendre Oiseau de Cypris, voltigeant autour des myrtes & des roses fit répéter aux Echos ses gémissemens & ses soupirs. […] si à ces maximes, & à tant d’autres semblables d’une Ecole voluptueuse, les Spectateurs réclamoient avec l’autorité qui leur convient, les Auteurs auroient-ils le front detourner & de retourner en mille manieres leurs éternelles fadeurs ?

/ 301