Aussi les Auteurs ne peuvent-ils de sang froid considérer leurs Comédies avec des yeux éclairés de la lumière de l’Evangile, qu’ils n’en gémissent.
Aussi dès que l’ennemi de la pudeur approche, le sang s’élève contre lui, s’oppose au premier choc, et supplée au raisonnement et à la réflexion. […] La modestie les instruit par une soudaine répugnance au mal : c’est une sorte de leçon toujours prête et toujours efficace : l’agitation du sang, le mouvement des esprits et l’alarme causée par là dans tous les sens sont de merveilleux secours contre le crime ; tout cela sert à avertir la raison, et à aller au-devant de la surprise.
Est-ce par vous que ce fougueux Rodrigue, & ce Vieillard insensé, arrachent à Melpomene son poignard, pour en armer des mains trop promptes à venger des querelles particulieres, & à faire rejaillir sur le sein de leur Patrie un sang qui lui est d’autant plus cher, qu’elle en connoît tout le prix ? […] On frémit à l’idée seule de l’Arene des Romains, non plus ensanglantée par des Athletes qui combattoient corps à corps, comme dans son institution ; mais ruisselante du sang de deux troupes de Gladiateurs acharnés qui s’entre-égorgent. Cesars, connus par votre barbarie, voilà le prix que vous mettiez au sang humain !