Plusieurs Evêques lui dirent que les comédies qui ne représentaient que des choses saintes, ne pouvaient être un mal ; que les Courtisans avaient besoin de ces occupations pour en éviter de plus mauvaises ; que la dévotion des Rois devait être différente de celle des particuliers, et qu’ils pouvaient autoriser ces divertissements.
Ce Pere qui nomme un Acteur de la Comédie Italienne, qui vivoit comme un Saint, & ne montoit jamais sur le Théâtre sans avoir mis un cilice sur sa chair, austérité à laquelle l’engageoit sa Femme, qui exerçant là même profession, vivoit dans la même sévérité de mœurs, nous apprend aussi que cette Comédienne deux ans avant sa mort, se retira du Théâtre, & exhorta son Mari à l’imiter, ce qu’il ne fit pas. Le Pere Saverio nous apprend encore que le fameux Solis, lorsqu’il embrassa l’Etat Ecclésiastiques, voulut anéantir les Comédies qu’il avoit composées, quoique sages & décentes, Tuttoche savie e decenti, & resistant aux prieres & même aux ordres de ses Supérieurs, ne voulut jamais fournir au Théâtre des Autos Sacramentales dont on avoit un grand besoin depuis la mort de Calderon, & quoique ces Piéces soient toutes saintes, tuttoche religiosissime è sacre.
Les lois selon vous n’ont nul accès au Théâtre, et moi, je dis au contraire que sans le pouvoir des lois nous serions encore spectateurs de ces profanations où l’indécence et l’impureté s’unissaient aux matières les plus saintes et les plus sublimes. […] Le Public prend aujourd’hui tant de plaisir à l’y voir que ce serait lui faire une injure grossière que de lui remettre sous les yeux les absurdités saintes et les impudicités que des spectateurs imbéciles admiraient jadis de si bonne foi.