La vue des conspirateurs qui paraissent sur le théâtre avec honneur, qui y sont applaudis et récompensés, diminue l’horreur qu’on a pour la révolte, la fait même regarder comme un devoir sacré, et enhardit à réaliser ce qu’on ne voit qu’en peinture.
Nos Livres sacrés ont condamné tous les Spectacles, en condamnant l'idolâtrie qui les a produits ; car quelle pompe de cette sorte est sans Idole, quels Jeux sans Sacrifices, quels Combats sans la mémoire de quelque mort auquel ils sont consacrés ? […] « Tu quittes ce Calice adorable, et la Fontaine du Sacré Sang, pour courir aux lieux que le Diable occupe : Ce n'est pas à nous à rire des choses mauvaises avec emportement, et de nous laisser prendre aux délicatesses des Sens, et à celles qui se font voir dans les Théâtres : Cela ne convient pas à ceux qui sont appelés au Royaume éternel, et qui ne portent que des armes spirituelles ; mais seulement à ceux qui combattent sous les Enseignes du Diable ; car c'est lui qui réduit en art les ris et les Jeux, pour attirer à son service les Soldats de Jésus-Christ.
C’est vous, dis-je, Assemblée glorieuse, qui pouvez polir la rouille que l’ignorance ou la malice a fait naître en leur cerveau ; tout ainsi qu’en la ville de Tarse en Cilicie, il n’y a que l’eau de la rivière de Cidne qui puisse éclaircir, dérouiller, repolir le couteau sacré à Apollon, toutes les autres le lavent sans effet ; Faites de même de celle que vous puisez en Hélicon, comme vous en arrosez les esprits qui en sont dignes : Vous pouvez adoucir ceux qui nous piquent par la pointe d’une langue aussi tranchante qu’un rafoir affilé : L’office de la raison vous invite à leur montrer sa vérité : mais peut-être en sont-ils dégoutés : Les ânes n’aiment pas les violettes, leur pastures sont de chardons : nous leur laisserons porter la Déesse Isis sans leur donner aucun lieu en votre Théâtre, puisque vous avez enlevé sur tous une gloire qui ne laisse à aucun espérance de vous égaler : leur envie ne saurait apporter de tache à la splendeur de votre mérite. […] La prudence guide vos discours, et la sagesse qui reluit en vos actions, a satisfait nos désirs, et surmonté les espérances que la gloire du passé nous faisait attendre à l’avenir, de cette rare Isabelle, honneur de son sexe, regret des siècles passés, gloire du présent, envie des futurs, ornement de la terre, Merveille du ciel, miracle de nature, Temple sacré : qui ouvrant ses lèvres de roses nous fait voir les images de l’âme, la douce prison des nôtres, les liens de nos esprits, où elle inspire les passions qu’elle désire : Mais quels sont ses désirs ?