Ce fut pourtant moins le Roi que sa mere qui donna dans ces excès. […] Elle avoit dans Diane de Poitiers, Duchesse de Valentinois, dont le Roi fut toujours épris & toujours gouverné, une rivale redoutable qui ne l’auroit pas épargnée, non plus que le Connétable de Montmorenci, homme puissant & sévere, qui même jetta dans l’esprit du Roi quelque soupçon sur sa conduite, qu’on ne jugea pas à propos d’approfondir. […] Heureusement les Suisses vinrent à leur secours, mirent en sureté le Roi, la Reine & les Vestales. […] Vis-à-vis du Roi est une femme avec une tête d’Anubis, Divinité des Egiptiens, & des pieds d’une oie, à laquelle ce Roi semble adresser la parole, & montrer quelque chose. […] Le Roi son Beau-pere, le Roi son Mari, les Rois ses Enfans furent tous des Catholiques zelés ; malgré les troubles & les guerres civiles cette religion fut toujours dominante en France, & la religion de l’Etat.
Toutes les Danseuses en Perse sont des femmes publiques, celles de la troupe du Roi sont les plus débauchées, et imitent parfaitement celles de Paris. […] Il fut suivi de quantité de bals, ballets, mascarades, dont on ne cessait d’amuser le Roi et la Cour, et où les Italiens jouaient un grand rôle. […] Mazarin fit jouer le mariage du Roi avec l’Infante sous les noms de Lysis (la France), et d’Hespérie (l’Espagne). […] Il en avait un autre, c’était de dissiper le jeune Roi par des amusements de son âge, pour le tenir en tutelle et gouverner seul. […] Elle envoya l’Abbé de Beaumont, Précepteur du Roi, consulter la Sorbonne.
Les Rois sont très-fort les maîtres de lever la Macule qui deshonore les Comédiens, & de leur accorder tout autant de priviléges que leur ambition le désire : en attendant cette étrange métamorphose, qui couvriroit de honte la Monarchie Françoise, il faut s’en rapporter aux Loix existantes. […] Quelques-uns ont imité la politique des Rois de Juda, qui proscrivant le culte des fausses Divinités, toléroient néanmoins les sacrifices que l’on offroit au vrai Dieu sur le sommet des montagnes, tout irréguliers qu’ils étoient, selon la loi de Moïse, Verumtamen excelsa non abstulit , dans la persuasion qu’il faut souffrir un moindre mal pour éviter un plus considérable. […] Catherine de Médicis, mere de trois Rois, si célébre dans nos annales, soit qu’on l’envisage du bon ou du mauvais côté, ajouta les Spectacles aux divertissemens de la Cour ; elle fit venir d’Italie une troupe de Comédiens, sous le Régne d’Henri III. […] Le Parlement les rebuta comme personnes que les bonnes mœurs, les Canons, les Peres de l’Eglise & nos Rois même avoient toujours réputé infames, & leur défendit de jouer, ni de ne plus obtenir de semblables Lettres ; & néanmoins dès que la Cour fut de retour de Poitiers, le Roi voulut qu’ils rouvrissent leur théâtre.