une émotion passagère et vaine, qui ne dure pas plus que l’illusion qui l’a produite ; un reste de sentiment naturel, étouffé bientôt par les passions ; une pitié stérile qui se repaît de quelques larmes, et n’a jamais produit le moindre acte d’humanité. […] Le savoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste vertu, tu restes toujours sans honneurs ! […] Enfin, que peuvent faire de mieux ceux qui vont vous entendre, que d’armer leur cœur contre des impressions funestes à leur repos, et d’oublier si parfaitement ce qu’ils viennent d’apprendre, qu’il ne leur en reste aucun souvenir en rentrant dans le sein de leur famille ?
Qu’est ce au reste, que faire un pas vers la postérité ? […] Pour bien aprétier cette libéralité si vantée, il faut se souvenir que le profit d’une représentation n’est autre chose que ce qui reste de ner, tous frais faits, & tous les acteurs payés ; leurs gages sont toujours les mêmes, ils ne donnent rien du leur, ils abandonnent seulement un profit de hasard, plus ou moins considérable, selon qu’il y a du monde, & qui peut être nul si la piéce ne réussit pas ; voilà ce qu’ils disent leur avoir fait tant d’honneur, à l’égard de la niéce de Corneille, & ce qu’ils donnent à l’Hôtel-Dieu, quand on les oblige de donner ce profit. […] La mode en est passée, il en reste quelque vestige dans ce qu’on appelle divertissement, qu’on entremêle en entr’acte dans les piéces ; mais il a été défendu par les capitulaires de Charlemagne, sous de très grandes peines, & par les Ordonnances des Rois, d’employer aucun habit ecclésiastique ni réligieux ; ce seroit prophaner les choses saintes, & le jouer de la Réligion. […] Ces couronnes théatrales, qui n’avoient été jusqu’ici accordées qu’aux fameux guerriers, sont un reste de l’ancienne Chevalerie, & des Tournois ; où le Chevalier vainqueur recevoit la couronne par le jugement des arbitres, & de la main de sa maîtresse. […] Un moment d’ivresse lui a enlevé ce que l’ivresse lui avoit procuré ; il est vrai que c’est là tout ce que par sa naissance & son mérite, elle pouvoit prétendre, & même fort au dessus ; mais avec vingt mille livres de rente, elle eût trouvé un parti qui n’auroit pas dédaigné les restes du public.
, D’auantage en ces Kalendes ils prenoient des formes monstrueuses, les aucuns se vestent de peaux d’animaux, les autres mettans sur leurs chefs les restes des bestes, monstroient qu’ils auoient la figure & le sens des bestes & estoient vrayement insensez Et S. […] les Clercs de son temps qui en certaines festes de l’an masquez & trauestiz en soldats, en moines ou animaux, entroient dans la nef des Eglises, il en reste encores des vestiges en plusieurs endroicts qui veulẽt trop naïfuement representer la natiuité du fils de Dieu par le bœuf & l’asne. […] celuy se trompe bien fort qui en faict ce iugement, celuy est tyrã qui prend l’habit d’vn tyran, celuy qui se faict Dieu se reuolte contre Dieu, celuy n’a pas voulu porter l’image de Dieu qui porte celle d’vn Idole, qui vouldra gaudir auec le Diable ne pourra s’esiouyr en Iesus Christ, nul ne se iouë seurement avec vn serpent, nul ne se iouë impuneement auec le Diable, s’il nous reste tant soit peu de pieté, si nous auons esgard à nostre humanité, si nous auons soing du salut de nostre prochain, retirons ceux qui courent ainsi à toute course à perdition, qui sont rauiz á la mort, sont emportez aux enfers & sont precipitez à la gehenne : Que le pere donc retire son enfant, le maistre son seruiteur, le parent son parent, le citoyen son concitoyen, l’homme l’homme, & tous les Chrestiens, qui se transforment en bestes, iumens, pecores, demons, & celuy, qui les deliurera rẽportera le loyer, qui le mesprisera commettra offense, biẽ-heureux est celuy qui se garde de ne faire chose que bien a point, & qui est soigneux du salut d’autruy. […] vn prestre nommé Epachius des plus notables familles de Riom sortoit souuent de l’Eglise la veille de Noel pour boire mesmes apres minuict, peu de temps apres, comme il disoit la messe solemnelle, außitost qu’il eut mis en sa bouche le precieux sacrement & l’eut baillé aux autres se print à hannir comme vn cheual tomba par terre, & escumant reietta ce qu’il auoit pris, fut emporté par ses seruiteurs hors l’Eglise & le reste de ses iours vesquit epileptique : Le mesme recite vne autre exemple aduenu à Lyon. […] Au reste ie vous coniure de n’interpreter sinistrement ce mien traicté que i’ay mis en lumiere soubs les auspices de ce nouveau Soleil & de ces sainctes festes de Noel, que seuls de toute la France vous prophanez par vos masquarades infames : ceste contree ainsi que l’Egypte fertile en tout enfante des monstres, i’entens ces monstres des masquarades, si est-ce pourtant qu’elle ne produict des basteleurs, les astres dominans n’en influent sur son climat, & n’en void-on de son creu rouler parmy la France : Chassons de nous ces bastelleries qui nous pourroiẽt desrober le tiltre d’honneur que nos deuanciers ont acquis & transmis iusques à nous : Les saincts Peres appellent les masquarades, mommeries, bastelleries, monstres, prodiges, prodiges dis-ie, car de mesme que Plin. l.