/ 649
428. (1675) Traité de la comédie « XIV.  » pp. 294-295

« Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions, Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.

429. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Il est plus rare encore que les mariages qui s’y font, soient jamais heureux ; ce n’est pas là que se rendent les gens sages : & quel est l’homme sage qui n’aime mieux épouser une fille modeste, retenue, pieuse, qu’une danseuse, fût-elle aussi légère que la Camargo, aussi voluptueuse que la Sallé ? […] Eh qui sont ces gens déguisés, ramassés au hasard, que le plaisir attire, qui en font des rendez-vous, qui y forment les plus criminelles intrigues, qui sont-ils ? […] La disposition avec laquelle on s’y rend, y suffiroit seule ; c’est un esprit de dissipation livré au plaisir, qui ne cherche qu’à le goûter & le faire goûter aux autres ; toutes les portes du cœur sont ouvertes pour le recevoir, toutes les pensées, tous les désirs vont au-devant de lui pour le trouver ; le cœur tout entier le saisit pour en jouir. […] Les heures entieres, les jours & les nuits s’y passent ; les affaires vaquent, les études souffrent, tout en est dérangé ; la fatigue est extrême, les dépenses énormes, & pour ceux qui donnent le bal, & pour ceux qui s’y rendent. […] Quel service y rend-on à l’Etat, à sa patrie, à sa famille ?

430. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Au lieu de les ridiculiser et de les faire détester, on les loue, les honore, les admire, on leur rend un culte suprême, on les propose à l’imitation publique, si bien et si grossièrement qu’on loue les Rois, les héros, les gens de mérite, en les comparant à ces Dieux. […] Palissot, a pourtant été applaudie ; mais je crois que le fond d’orgueil et de mépris du genre humain, dans le caractère et dans le système qui rend les esprits forts aussi odieux que ridicules, a formé un intérêt personnel, a piqué la curiosité, et gagné les suffrages à une pièce remplie de grandes beautés. […] Serait-ce respecter le lieu saint, que d’y donner des rendez-vous criminels ? […] Il est bien des sortes de tableaux : la prose est moins vive que la poésie ; l’harmonie, la mesure, la hardiesse des images, des figures et des inventions rapproche plus de la nature ; la peinture, plus frappante que la poésie l’est moins que la sculpture, qui rend la figure au naturel. […] fût-elle couverte d’un voile de Carmélite, jamais la mollesse ne représentera la mortification ; la vanité ne rendra point l’humilité ; la débauche produit-elle la chasteté ?

/ 649