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2. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

On ne peut sans doute le refuser aux enfants des Comédiens, on ne le refuse pas à ceux des hérétiques et des plus grands scélérats, ils ne sont pas comptables du crime de leurs pères ; mais il n’y a point de Curé qui l’accordât à un adulte Comédien, à moins que, comme S. […] 4.° On leur refuse le mariage. […] Quelques jours après il s’en repent, désavoue la qualité de père, et refuse celle de tuteur. […] 6.° On refuse aux Comédiens même la sépulture ecclésiastique. […] Personne n’ignore qu’on la refusa au célèbre Molière, ce Héros du théâtre, ce qui occasionna ce mot insensé de sa femme, qui peint à la fois l’orgueil et l’impiété de cette engeance perverse : « Se peut-il qu’on refuse la sépulture à un homme à qui on doit des autels ? 

3. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Un comédien meurt ; le curé de la paroisse qu’il habitait refuse de recevoir dans son église la dépouille mortelle de cette brebis égarée ; le peuple s’ameute ; la gendarmerie s’avance ; on prend des pierres d’une part ; on tire le sabre de l’autre.... mais le sabre a toujours raison dans un état bien policé, de sorte qu’en définitif le char funèbre, repoussé de la maison du seigneur se dirige, au travers des murmures et des jurements, vers le cimetière, pour rendre à la terre un peu de cette poussière anathématisée. […] C’est sur cette législation protectrice des bonnes mœurs à une époque reculée et dirigée de concert par l’Etat et par l’Eglise contre des excès répréhensibles, que se fondent les membres du clergé actuel pour refuser la sépulture chrétienne aux comédiens morts sans avoir abjuré. Beaucoup très certainement ignorent que telle est la base des principes qui leur ont été transmis et qui règlent leur conduite ; mais enfin il ne peut y en avoir d’autre, et c’est réellement parce que Charlemagne a proscrit quelques bateleurs du huitième siècle, qu’au dix-neuvième nous refusons d’invoquer la miséricorde divine, dans nos temple, en faveur de ceux qui ont consacré leur vie à charmer nos loisirs, en nous faisant entendre de beaux vers et de grandes leçons ! […] M. le baron Hénin ne démontre pas moins victorieusement (et c’est là le point capital, relativement à l’administration) que, dans les principes de l’Eglise gallicane, l’excommunication, fût-elle réelle, n’étant pas consacrée par la loi civile et personnellement dénoncée, un ecclésiastique se rend coupable d’un véritable délit lorsqu’il refuse les prières publiques à un comédien. […] En effet, on refuse d’admettre le corps de l’illustre auteur de Tartuffe ; mais en même temps on inhume, dans nos églises mêmes, Turlupin, Gautier-Gargouille, Gros-Guillaume, et plusieurs autres : en 1689, à l’époque où les comédiens français vinrent s’établir dans la rue des Fossés-Saint-Germain, nous voyons les capucins, cordeliers et Augustins de ce quartier leur adresser d’humbles suppliques pour avoir part au prélèvement qu’ils faisaient sur leur recette en faveur des indigents.

4. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Aristobule s’excuse sur ce que c’est une coutume si générale parmi les gens de qualité, qu’il ne peut refuser à ses amis de les y accompagner, sans leur paraître ridicule et sans leur être un sujet de risée, ou de mépris. […] Ce Curé a-t-il pu en conscience la lui refuser en public, malgré le scandale qu’il prévoyait bien devoir en arriver ? […] La première, si le Curé a pu les lui refuser, le voyant prêt de mourir. La seconde, si étant mort en cet état, le Curé peut sans péché refuser à son corps la sépulture Ecclésiastique ; principalement, s’il a donné d’ailleurs des marques qu’il était repentant de ses péchés ? […] D’où il s’ensuit qu’on doit donc la refuser aux Comédiens, qui meurent sans donner des marques d’une sincère pénitence, puisqu’ils exercent publiquement une Profession criminelle.

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