Ces Comédiens ayant été avertis par les Confesseurs qu’ils ne devaient pas jouer cette Comédie, l’absolution même ayant été refusée à une des femmes qui monte avec eux sur le Théâtre, ils s’en sont plaints à leurs Maîtres, et ils en ont fait des railleries publiques. […] On demande donc si on doit leur refuser l’absolution à tous jusqu’à ce qu’ils se corrigent, et promettent non seulement de faire leurs efforts pour ne la plus jouer, mais jusqu’à ce qu’ils l’aient obtenu de leurs Maîtres : mais s’ils promettaient seulement de leur en parler, et de faire tout ce qui dépend d’eux pour s’en abstenir, leur pourrait-on donner l’absolution ? […] Ainsi les Confesseurs qui se souvenant qu’ils sont les dispensateurs des Mystères de Dieu, ont refusé l’absolution, ont très bien fait, puisqu’ils ont suivi les règles de l’Eglise, qui n’admet point à la participation de ses Sacrements les gens de cette Profession, comme on le voit dans le corps du Droit Canon, chap.
Toutes deux passèrent leur vie dans un célibat de libertinage ; mais celle-là ayant refusé de se marier, celle-ci dans un long veuvage après avoir eu plusieurs enfans, & entr’autre une fille mariée à Henri IV, qui ne fut rien moins qu’une vestale. […] Dieu se se joua de tous ces projets ; Elisabeth survécut à Marie, monta sur le trône, refusa la main de Philippe, & détruisit la religion catholique. […] C’étoit un bâtard, il est vrai, mais Elisabeth ne prit pas ce prétexte pour le refuser, & il lui eût peu convenu d’avoir de la délicatesse sur cet article, elle le refusa pourtant ; le père, le fils & le frère se brisèrent à cet écueil. […] Elle en a refusé jusqu’à vingt-quatre ; ce seroit une pièce bien ennuyeuse si l’on faisoit paroître sur la scène ces vingt-quatre amans, les uns sérieux & tragiques, les autres comiques & divertissant ; plusieurs ne seroient que pour le remplissage, & joueroient un fort petit rôle, mais traités séparément par une main habile, on en feroit plusieurs pièces. […] Ces guerres fournissent bien des scènes, des secours refusés d’obord, & ensuite accordés, des généraux de troupes sont envoyés & sont rappelés ; un désintéressement affecté, & des villes retenues en otage, un Souverain reconnu & renvoyé, un mariage arrêté & rompu, une bague donnée & redemandée, des articles signés & abandonnés.
Je n’ai rien eu à démêler avec eux, Dieu-merci ; ce n’est donc point par vengeance secrette que je les attaque, c’est à cause du tort que leur domination fait à l’Art Dramatique : quoiqu’à bien considérer, pourquoi craindre les décrets d’un aréopage qui a refusé Mérope, qu’on a obligé de recevoir la Métromanie ? […] Mais le tripot Comique existe, il s’est arrogé le droit d’accepter ou de refuser les Piéces, cela suffit pour le combattre. […] Néanmoins le tripot Comique a le droit, quoique mal acquis, d’accepter ou de refuser les Drames ; & l’Homme de Lettres ressemble à un Vassal de Fief qui va faire foi & hommage à son Seigneur suzerain.