[NDE] Dans cette préface restée inédite, Racine explique les raisons pour lesquelles il n’a pas publié la « Seconde Lettre de Monsieur Racine aux deux apologistes des Hérésies imaginaires », réponse aux deux lettres attribuées à Barbier d’Aucour et à Goibaud-Dubois qui répondaient elles-mêmes à son attaque contre l’auteur des Hérésies imaginaires.
Apollon qui n’a rien à ménager, ne répondra qu’en présentant le portrait du Héros.
L'auteur à qui je réponds est un de ces sages réformateurs, mais comme il est encore apprenti dans le métier, il n’ose pas condamner ouvertement ce que nos prédécesseurs ont toujours permis. […] On a beau lui dire que, puisqu’il ne doit pas répondre à la candeur publique, il devrait laisser à nos évêques et à nos prélats le soin de sanctifier nos mœurs, il soutient que c’est le devoir d’un chrétien de corriger tous ceux qui manquent, et sans considérer qu’il n’est pas plus blâmable de souffrir les impiétés qu’on pourrait empêcher que d’ambitionner à passer pour le réformateur de la vie humaine, il vient de composer un livre où il se déclare le plus ferme appui et le meilleur soutien de la vertu. […] Il s’est si bien imaginé que c’est une charité des plus chrétiennes de diffamer un homme pour l’obliger à vivre saintement, que si cette manière de corriger les hommes pouvait avoir un jour l’approbation des docteurs et qu’il fût permis de juger de la bonté d’une âme par le nombre des auteurs que sa plume aurait décriés, je réponds, de l’humeur dont je le connais, qu’on n’attendrait point après sa mort pour le canoniser.