Je puis donc conclure d’après ces réflexions, que nos Auteurs comiques en général se sont plutôt attachés à plaire qu’à instruire ; qu’ils ont plutôt tourné les vices en ridicule, qu’ils n’en ont inspiré de l’horreur, & par conséquent qu’ils n’ont point atteint le but que se propose la Comédie. […] Je sens que je prouverois trop contre la Comédie, si je développois ces réflexions ; je laisse donc au Lecteur la liberté de les pousser jusqu’où elles peuvent aller : d’ailleurs mon sentiment n’étant point de bannir la Comédie d’une République, mais seulement de la rendre utile aux Mœurs, quand j’aurois démontré que telle ou telle Comédie est une école du vice, il ne s’ensuivroit autre chose, sinon que telle ou telle Comédie ne devroit point être représentée.
A ce sujet le judicieux Auteur du Journal de Politique & de Littérature, fit cette réflexion. […] A-t-on jamais vu l’Horloger porter son chef-d’œuvre de méchanisme, au Serrurier grossier, autrement dit, Faiseur de Tourne-broches : c’est la force de la vérité qui m’arrache cette réflexion.
La réflexion semble naturelle et judicieuse. […] Après toutes ces réflexions, il serait superflu de s’étendre davantage, pour montrer que l’Eglise fait éclater sa prudence et sa charité en excommuniant les Comédiens, et en tolérant ceux qui vont aux spectacles.