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30. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Dans ce nouveau Palais de noble architecture Nous jouirons tous de la liberté pure. […] Tous les deux conviennent que l’Opéra n’est qu’une leçon de volupté, dont les ames les plus pures ne peuvent se défendre. […] d’un côté le déïsme, le matérialisme, une morale corrompue ; de l’autre la morale la plus pure, la religion la plus parfaite, la conduite la plus édifiante. […]         Ton ame juste & pure Méprise des enfers la frivole imposture. […] De là le mot favori repeté en vingt endroits, qui dans le fonds est un galimathias, & dans son sens le pur matérialisme : l’Homme qui est mort n’a qu’été .

31. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Malgré la galanterie de toutes parts répandue à pleines mains, ce n’est pas un cœur tendre comme Racine, c’est une imagination licencieuse comme Bocace & la Fontaine dans ses Contes, qui s’égaie sur le corps humain dans l’état de pure nature, & en diversifie les jours & les attitudes, toujours avec agrément, un ton de politesse & un air de décence. […] Ses pieces roulent presque toutes sur un serrail, sur la naissance des passions dans des statues qui s’animent, comme celle de Pymalion, ou dans les premiers hommes qui au commencement du monde revenoient dans l’état de pure nature. […] Cet état de pure nature est pour le vice ce qu’est dans la religion le systéme faux & chimérique des Philosophes qui font naître l’homme isolé comme une bête dans les forêts, & cherchent comment il a pu par degrés se civiliser. […] Voilà la pure, la brutale nature au-dessous de l’amour des animaux. […] Il y rêva beaucoup sans succès : Je me rebutai, Madame s’impatientoit, se fâchoit, prétendoit que ce n’étoit de ma part que pure paresse.

32. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Dans les premiers siecles de l’Eglise on ne representoit rien que de criminel sur les theatres du paganisme ; on n’y representoit rien qui ne fust capable de corrompre la plus pure integrité, rien qui ne peust inspirer le mépris des peres & des meres, former les enfans & les domestiques au larcin & à l’impudicité ; allumer, ou nourrir la haine, la vengeance, la cruauté, entretenir l’idolâtrie, l’impieté, les autres crimes, par le récit des débauches, des violences, & des autres vices des Dieux. […] Ce seroit une merveille bien surprenante, si la plus pure innocence sortoit, sans blessure, d’une meslée si effroyable ; les Peres n’ont pû le croire. […] Les Superieurs ecclesiastiques & seculiers qui n’ont pas plus de sentiment, plus d’action, plus de parole, pour les interests de Dieu & pour l’innocence des peuples, qu’un pur neant : les Magistrats qui n’ont pas plus de consideration pour la gloire de Dieu & pour le salut des peuples, que si des choses de cette importance estoient de purs neants, ne sont pas plus estimez de Dieu que s’ils estoient de purs neants ; il aura aussi peu de sentiment, aussi peu d’égard pour eux, que pour de purs neants ; il leur rendra avec justice les mépris qu’ils ont eu si injustement & pour luy, & pour le salut des peuples. […] L’Auteur est peut-estre vivant, reconnu de toute la terre pour Saint, pour orthodoxe ; ses ouvrages precedens ne respirent, & ne sont capables d’inspirer que la plus saine doctrine, & que la plus pure pieté. […] Dieu est trop pur, Dieu aime trop la chasteté, & toutes les vertus, pour ne se pas separer d’avec une ame, qui ne considere ny les ordres, ny la satisfaction de son divin Espoux, puisqu’elle ne craint ny de luy desobeïr, ny d’estre répudiée.

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