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60. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Enfin on donna les Moissonneurs : tout Paris courut s’attendrir à son Spectacle favori, & pour la première fois, la pudeur timide put lever les yeux sur le Théâtre Italien. […] Représentez-nous des femmes sans modestie, sans vertu, sans pudeur, dont les regards hardis font baisser la vue aux hommes ; qui ne rougissent de rien, ne voient de mal à rien, méconnaissent ou méprisent tous les devoirs de leur sexe : ces originaux-là sont chez vous, il vous est permis de vous en emparer : mais laissez nos Paysans ; ou du-moins ne prenez que ceux de Passy, de Chaillot, de Versailles & de Nanterre, que vous avez corrompus.

61. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques. « Or, convient-il à un disciple de Jésus-Christ d’aller autoriser par sa présence des hommes scandaleux ; d’aller contempler avec curiosité des femmes sans pudeur, trop semblables à ces sirènes dont parle Isaïe9, qui ne charment que pour la mort ; des femmes qui, par des attitudes étudiées et des gestes expressifs répandent de tous côtés le poison de la volupté ?

62. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

Enfin passer les derniers jours de sa vie dans la disgrace avec un courage intrepide & une humilité profonde, & sans que personne ose parler pour luy, devenir dans une assemblée mondaine la victime d’une impudique irritée, & la récompense d’une danseuse, qui a perdu toute pudeur. […] Mais ils disent, que la pudeur suffit pour nous apprendre nostre devoir, si l’Ecriture ne s’en explique pas assez clairement : qu’elle se tait quelquefois à dessein sur des matiéres dont on ne parle point sans rougir, que l’on cache même avec soin, afin qu’elles soient toujours ignorées, & que dans ces rencontres son silence nous en dit bien plus que ne nous en diroient ses loix, verecundiam passa, plus interdixit, quia tacuit. […] Mais on ne voyoit dans l’un ny dans l’autre, ny ces intrigues amoureuses, ny ces artifices diaboliques, que l’Enfer a inventez de nos jours pour tendre des pieges plus assûrez à la pudeur, puisque même par pudeur & par une loy d’Auguste, les femmes Payennes n’assistoient point aux combats des Athletes. […] Les Dames péchent, en faisant croire par leurs maniéres libres & par leur immodestie, qu’elles disputent avec les Comediennes, à qui aura moins de pudeur.

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