A ces causes, et attendu la circonstance particulière de l’Avent, de la Mission que nous faisons faire dans cette Ville, et des Prières publiques qui s’y font actuellement pour demander à Dieu la Paix, cette Paix que lui seul peut donner et que nous ne saurions lui demander avec trop d’ardeur ; quoique nous ne puissions ne pas condamner en tout temps la Comédie : Nous défendons particulièrement à tous les Fidèles de notre Diocese d’y aller pendant ce saint temps, consacré par lui-même et par tous les exercices publics de Piété que nous y faisons faire pour des sujets si importants, et ce sous peine d’Excommunication : Nous ordonnons à nos Confesseurs de traiter dans le Tribunal conformément aux Règles marquées par l’Eglise ceux qui contreviendront à notre présente Ordonnance, et particulièrement les personnes de l’autre sexe que la pudeur devrait en détourner avec plus de soin.
Les parties du corps que la pudeur vous fait cacher, pourquoi les présentez-vous à nud, & les laissez-vous sous les yeux de vos enfans ? […] Je présume que malgré leur licence, ils ménagent assez la foiblesse & la pudeur de cet âge, pour ne pas lui faire la confidence & l’explication de ce beau theme qui lui est inconnu, si l’on a eu quelque soin de son éducation, & quelque zele pour son innocence. […] Une vertu plus délicate, une pudeur plus timide, un caractere plus foible doit donner plus d’alarmes à tous ceux qui s’intéressent pour leur salut. […] Au lieu de discours vertueux, elle tient des propos libres, & à Celin son amant, à qui elle dit les plus tendres douceurs, & à son propre pere, à qui elle explique les sentimens qu’il ignoroit, en fille sans pudeur : Ah Colin ! […] Le Bailli, qui en est témoin, a-t-il si grand tort de juger indigne de la rose une fille qui oublie toutes les loix de la pudeur ?
Ramire distingue dans la Comédie son essence, & ses accidens : dans son essence, rien d’absolument vicieux ; tout peut y être conforme aux régles de la plus exacte honnêteté, & il n’est pas impossible que la composition & la représentation d’une Comédie, n’ayent rien qui blesse la pudeur Chrétienne & la morale Evangélique. […] En effet ces Docteurs n’ont jamais permis que des spectacles, où la pudeur & la décence Chrétienne ne peuvent rien appercevoir qui les alarme : ils ont anathématisé tout Théâtre, toute assemblée, qui pourroit donner la plus légère atteinte aux bonnes mœurs.