Racine, dans la Préface de cette Tragédie, nous dit : « Que ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une Tragédie ; qu’il suffit que l’action en soit grande, que les Acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse, majestueuse qui fait tout le plaisir de la Tragédie. » Je ne crois pas que l’on puisse disconvenir de la vérité de ce principe ; mais, soit dit avec tout le respect dont je suis pénétré pour ce grand homme, ne pourrait-on pas demander si, dans sa Tragédie, on trouve tout ce qu’il juge lui-même être nécessaire dans une Pièce où il n’y a ni mort, ni sang répandu ? […] Il me paraît donc que, si c’est là ce qui fait la grandeur de la Tragédie de Bérénice, il y a bien à rabattre du principe que l’Auteur établit dans sa Préface. […] Lorsqu’Elisabeth dit, qu’elle a donné lieu au Comte de ne rien craindre et sujet de ne point se gêner, le Poète a suivi parfaitement la nature, et selon ce principe, il établit une maxime très capable de séduire et de corrompre le cœur des Spectateurs ; mais l’austère vertu dont la Reine fait parade ensuite lorsqu’elle dit, que pour toute récompense de son amour le Comte doit être content de la voir, de soupirer, de la plaindre de se plaindre, cette austère vertu, dis-je, n’est capable que d’égayer l’Auditeur en le faisant rire d’une maxime que le penchant de la nature ne nous inspire pas : ainsi cette belle vertu est étalée sur la Scène en pure perte. […] J’ai exactement tenu parole, et si mes Lecteurs en doutaient, il me serait aisé de les détromper, et de leur faire voir qu’il y a nombre de Pièces qui pêchent par des défauts d’imagination et de conduite, que je me suis bien gardé de relever : suivant ce principe, je dirai librement ce que je pense sur l’Astrate de M.
Le Jurisconsulte Brandebourgeois va plus loin ; il étabit dans tout le chapitre 3, Liv. 2. un principe dont l’autorisation legale est un scandale, que par la copulation charnelle (expression allemande) jointe aux promesses, le mariage est accompli & consommé sans annonce ni bénédiction . […] Peut-on regarder comme accompli ce qui est nul dans son principe ? […] Le stellionat dans le contrat de mariage, comme dans les autres contrats, roule sur des principes fort simples ; à droit égal de créancier à créancier, d’acheteur à acheteur, de marié à marié, de fiancé à fiancée, le premier doit avoir la préférence : Qui prior est tempore potior est jure. […] Un Roi Pape, une Reine Papesse en Angleterre, pourroient dans leurs principes exercer cette autorité, puisqu’ils se disent Chefs de l’Eglise ; cependant ils ne l’ont pas fait. […] Il ne croyoit pas qu’il en fourniroit une grande preuve, & qu’il joueroit la comédie sur le théatre de Berlin & de Postdam, où il réunissoit ces trois grands principes d’irréligion.
Sans principe il veut nous instruire. […] Si le Comédien a quelque idée de ce principe, s’il exige qu’on s’y conforme souvent, il fera faire bien de sotises. […] Un Poëte occupé des principes de son art, ressemble à un grand Général, entouré de soldats timides, qui retiennent sans cesse les nobles transports de son courage.