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226. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Quoique ses ennemis aient apporté, pour lui ôter la gloire qui ne lui peut être refusée sans injustice, elle n’a pas laissé de subsister avantageusement depuis ses premiers commencements, elle a passéo de siècle en siècle, comme de triomphe en triomphe, et a toujours régné dans les plus belles bouches et les plus illustres maisons ; elle a fait le divertissement des plus grands Princes, et l’occupation des langues les plus délicates. […] C’est pourquoi d’abord qu’il commençait le Jeu, il mettait bas la majesté et la parole de Roi ; ainsi avec un peu de joie il adoucissait l’amertume des affaires fâcheuses, qui viennent à la foule dans la Cour des plus grands Princes : Le Jeu finissait du même air qu’il avait commencé : on ne le continuait point au-delà d’une juste réjouissance. […] Ils croient que d’un joueur, il se fait aisément un larron : Tous désirent l’argent, et n’attendent que l’occasion : Cette avidité ne s’arrête pas dans les personnes du commun, elle passe quelquefois jusqu’aux Princes et aux Empereurs ; le jeu les rend avares, et bien qu’ils possèdent tout, ils n’en ont pas assez ; S’ils gagnent, ils voudraient qu’on les payât deux fois ; s’ils perdent, il semble qu’on leur arrache. […] Tous les Historiens se plaignent que la Chasse a été fatale à un grand nombre de Princes souverains qui y ont laissé la vie, et dont les Etats ont pleuré la perte. […] Aussi la savante Politique n’a jamais bien approuvé, que les jeunes Princes qui doivent monter sur le trône fussent grands Chasseurs ; de peur qu’ils n’y perdissent la tendresse qu’ils doivent avoir pour leurs sujets, et n’y prissent trop d’amour pour la guerre, dont la Chasse est l’apprentissage.

227. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Il se trouve des personnages, tels que les Rois, les Princes, l’Ambitieux, le Glorieux, qui peuvent tout oser : la magnificence est nécessaire à ceux de ce genre, comme la livrée de l’indigence l’est à l’Enfant-Prodigue, à Philippe Humbert, à Nanine, à l’Avocat-Patelin ; la simplicité & la vileté de l’étoffe aux Paysans, &c. […] C’est ce qui fait qu’on ne peut lire sans indignation, quel usage fesaient les Romains des jeunes Princes Asiatiques, qui leur étaient remis en ôtage : ils ne négligeaient rien pour les corrompre & les efféminer, en les rabaissant à l’humiliant emploi d’amuser la populace de Rome sur le Théâtre : ils les traitaient comme des Esclaves, afin de leur en inspirer la vileté & les sentimens. […] Si les Grands, si les Princes ne naissaient que pour eux-mêmes, on aurait raison de leur épargner toute réflexion desagréable ; mais ils sont faits pour la société, & cette société ne doit rien négliger pour se les rendre utiles.

228. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Monseigneur de La Motte répondit au roi « qu’à la vérité il aimait les pauvres, mais pas cependant jusqu’à la folie. » Vers 1760, Monseigneur Caisotti, évêque d’Ostie en Italie, engagea tous les curés et les prédicateurs de son diocèse à le seconder à prémunir leurs paroissiens et leurs compatriotes contre les spectacles. « C’est là, dit l’évêque de Namur en 1815, c’est là que règne seul l’ennemi de Dieu, le prince des ténèbres ; ces lieux, la vive école des passions, où les auteurs, les acteurs, les spectateurs conspirent tous à les exciter, où l’on ne les représente dans tous leurs charmes ou dans toute leur force que pour les rendre moins odieuses ; que dis-je !

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