Vous savez encore quelle influence ont les mœurs des Rois sur les mœurs des Sujets ; que l’esprit, que les goûts des Princes deviennent ceux de leur siècle ; et vous sentez, comme moi, toute l’importance de purger en eux des passions funestes à tant de milliers d’hommes.
Charles, dans son prémier Concile de Milan, exhorte les Princes & les Magistrats, Principes & Magistratus &c. […] C’Est dans ces mandemens, & dans ces instructions, que les Princes de l’Eglise, & les Dépositaires de ses loix en exposent publiquement toute la force & toute l’étendue.
Mais proprement la Tragédie est une représentation grave et sérieuse d’une action funeste qui s’est passée entre des personnes que leur grand mérite relève au-dessus du commun des hommes ; et le plus souvent c’est entre des Princes et des Rois. […] Que ce soit là le sentiment de ce saint Prélat, la preuve en est claire ; car dans le même endroit où il parle en général de la Comédie, il veut qu’on avertisse les Princes et les Magistrats, afin qu’ils chassent les Comédiens de leurs terres et de l’étendue de leur Juridiction Ibid. tit. de histrionibus et mimis. […] » . « Nous avons, dit-il, jugé à propos qu’il était bon de remontrer aux Princes, et d’avertir les Magistrats qu’il fallait chasser hors de leurs terres les Comédiens, les Farceurs, les Bateleurs, et tous ces hommes perdus qui sont de ce genre.