Il est inutile d’entrer ici dans le détail des preuves ; mais j’en conclus qu’à plus forte raison la comédie leur est défendue : plus indécente et plus dangereuse que tous ces exercices, elle en réunit plusieurs, en ajoute d’autres, et les surpasse tous. […] Si on ne sent pas l’indécence de ces ouvrages par de telles plumes, c’est une des plus fortes preuves du danger du théâtre. […] Comme la plupart connaissent peu les anciens canons, ils ne les citent ni en objection ni en preuve ; on ne fait mention que des Décrétales.
L’un est la preuve de l’autre. […] Les grandes idées nous affectent avant toutes choses ; nous en avons une preuve dans nos jeunes Poétes ; à peine savent-ils le méchanisme des vers, qu’ils entrent hardiment dans la carriere tragique.
C’est une principe universellement receu de l’Ecole, que, quand quelque chose de sa nature porte au peché, l’on ne peut pas en user librement, sans pecher ; cela parle de soy, sans autre preuve, à un esprit, qui a seulement un petit rayon d’intelligence : Remontez maintenant à ce que je viens de dire de la comedie, dont toutes les circonstances n’ont rien, qui de soy-même ne donne quelque penchant au peché. […] Mais la preuve de ce que je dis se fortifie beaucoup, par la nature de plusieurs pieces de theatre, qui font aujourd’huy le plus agreable divertissement des auditeurs ; car souvent, où elles sont toutes bouffonnes, ou elles peuvent passer pour impies, étant une chose trop connuë, qu’on en a vû, qui tournoient toute la devotion, & la pieté en ridicule.