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46. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Un Prêtre grave présidait sur le théâtre, et se promenait dans les coulisses pour arrêter toute sorte de dissipation ; aucun laïque, même les domestiques de la maison, n’y était admis. […] Il imitait en cela les Prêtres et Religieux du pays, les Talapoins, auxquels dit M. la Loubère (Tom. […] Leurs Prêtres et leurs Prêtresses, les Vestales, qui étaient les Religieuses de leur temps, avaient à côté des Magistrats des places distinguées aux spectacles : pourquoi donc exclure le Clergé des nôtres, qui sont plus châtiés que les anciens ? […] Les jeux publics étaient alors des exercices de religion : est-il étonnant que les Prêtres et les Prêtresses y assistassent ?

47. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Dieu l’avait expressément ordonné ; le Grand Prêtre avait seul droit d’entrer dans le Saint des Saints une fois l’année ; l’Arche d’alliance était toujours couverte, il en coûta la vie à cinquante mille Bethsabites pour avoir osé la regarder ; lors de la publication de la loi il fut défendu, sous peine de mort, d’approcher du mont Sinaï. […] Les Prêtres et Prêtresses de Bacchus et de Vénus ne sont pas moins surpris de trouver dans leurs temples les Lévites et le grand Prêtre du vrai Dieu. […] Faut-il qu’un homme si bigarré de sacré et de profane fût Prêtre et Religieux ! […] Les Comédiens ont quelquefois enfreint la défense de porter des habits ecclésiastiques et religieux, en faisant paraître des Abbés déguisés et des Prêtres juifs ou Païens habillés à peu près comme les nôtres. […] Cet Abbé, tout Prêtre qu’il était, homme de condition et de probité, paraît partout sans religion et sans connaissance de la religion.

48. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

» Nous répondrons à notre Docteur : mais qu’il nous dise, s’il lui plaît, auparavant, où il a vu des Rois et des Princes, des Prêtres et des Religieux, et enfin des personnes les plus sages jouer la Comédie. […] Il avoue que son jugement ne doit pas passer pour décisif : et il avoue de même qu’étant Prêtre et que devant l’exemple aux Fidèles, il n’a jamais été à la Comédie et qu’il en a fait scrupule. Il nous faut profiter de tout : il y a donc enfin au moins un Prêtre dans l’Eglise de Dieu qui fait scrupule d’aller à la Comédie, et qui s’en abstient pour donner l’exemple aux Fidèles ; exemple apparemment qu’il veut être suivi : mais ce qui est de merveilleux, c’est que ce Prêtre est le Docteur même, qui faisait il n’y a qu’un moment aller impunément les Evêques et le Pape à la Comédie, et qui emploie encore ailleurs cet argument pour montrer qu’elle n’a rien que d’honnête : qu’il prenne la peine, s’il lui plaît, de s’accorder là-dessus avec lui-même. […] Car, comme disait saint Bernard, les bagatelles dans la bouche d’un Séculier, ne sont que des bagatelles ; mais dans celle d’un Prêtre ou d’un Religieux, ce sont des blasphèmes. […] Le Docteur a prouvé plus haut l’innocence des Comédies d’aujourd’hui, parce que les Religieux, les Prêtres, les Abbés et les Evêques, ne font point de scrupule d’y assister : et présentement il en prouve la bienséance, parce que les Religieux, les Prêtres, les Abbés et les Evêques n’y assistent pas ; et que même, selon lui, ils ne peuvent y assister sans commettre un péché mortel : de manière que le voilà lui-même devenu le scrupuleux, et érigé en Directeur des Evêques.

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