On prétend que les plus anciens commentateurs ne l’employèrent dans le sens que nous lui donnons, qu’afin de mieux désigner les endroits sur lesquels ils fesaient des remarques. […] Il prétendait que l’èxposition, l’intrigue & le dénouement seraient alors mieux rendus, puisque chaque Acte du Poème leur serait entièrement consacré. […] Je ne sçais par quelle singularité nous prétendons qu’une Tragédie n’ait jamais moins de cinq Actes. […] Puisqu’il est démontré qu’ils sont déjà trop longs en trois, à plus forte raîson seraient-ils insoutenables si l’on prétendait les augmenter.
Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. […] Pour moi, je l’ai vu cent fois déplorer ces égarements : mais aujourd’hui on autorise ce qui a fait la matière de sa pénitence et de ses justes regrets, quand il a songé sérieusement à son salut, et si le théâtre Français est aussi honnête que le prétend la dissertation, il faudra encore approuver que ces sentiments dont la nature corrompue est si dangereusement flattée, soient animés d’un chant qui ne respire que la mollesse.
y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie. […] Ils se relevèrent quelque temps après sous une autre forme dont il ne s’agit pas ici ; mais comme l’on ne voit pas que Saint Thomas en ait fait aucune mention, l’on peut croire qu’ils n’étaient pas beaucoup en vigueur de son temps, où l’on ne voit guère que des récits ridicules d’histoires pieuses, ou en tout cas certains jongleurs, joculatores, qui divertissaient le peuple, et qu’on prétend à la fin que Saint Louis abolit, par la peine qu’il y a toujours à contenir de telles gens dans les règles de l’honnêteté.